Illusions et Tempêtes
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I (10) - Ils ont crackés.

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Message par Yasha Lokesh Mer 3 Aoû - 15:09

Après avoir écopé de quelques humiliations à l'entraînement, puis de s'être heurté à un djinn studieux résolu à ne pas se laisser distraire, le tigre s'en est allé arpenter les salles communes du domaine. Là, pas l'ombre d'une oreille attentive pour recueillir la bile de ses humeurs massacrantes. Même Yasir et ses sbires, qui ne bavent que plus copieusement dans son dos depuis les derniers évènements manquent à l'appel. Quant à Sybille, elle fait la gueule, pour changer.
Décidemment de bien mauvais poil, le bengali va trouver Insomnia pour lui extorquer de quoi triper un peu en solo. Des substances honnies, dans le castel. Comme si les grands maîtres illusionnistes n'en avaient pas plein leurs tiroirs, quand d'aventures leurs muses leur posent un lapin. Yasha rebrousse chemin. La lippe de traviole et les poings fourrés dans les poches de son treillis, il oblique vers le quartier des apprentis, traînant sa sale gueule émaciée à la lisière des torchères. Les quelques silhouettes qu'il croise feignent de ne pas le remarquer, malgré le boucan de ses grolles préhistoriques sur le marbre. C'est qu'à force de tremper dans des histoires interlopes, il deviendrait risqué pour ces damoiseaux d'être aperçu en sa compagnie. Beaucoup s'accordent à dire qu'il va finir décapité incessamment, à force d'user la patience du beau monde. Bref, trouver quelqu'un pour lui tenir le crachoir relève désormais de l'exploit. Et cette fichue néonate lui doit bien ça. Qu'est ce qu'elle devient d'ailleurs ? Pas de nouvelles bonnes nouvelles dit t-on. Un adage pas franchement à la mode dans ce trou. Ici, pas de nouvelles, c'est que t'es crevé comme un chien.
Le crépuscule est bien installé lorsque le braconnier se pointe devant l'huis de la rousse, boudant le heurtoir discret pour tambouriner comme un charretier.

« Eho sale morue de mes deux ! T'as intérêt à ouvrir fissa sinon j'défonce la porte ! »
Puis, se rappelant qu'il vient en ami et qu'il peut se départir de ses menaces habituelles, il ajoute :
« J'ai des bières, connasse ! »
Et pas que.
Yasha Lokesh
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Message par Diane Mansiac Dim 7 Aoû - 19:09

Le temps n’a plus prise depuis qu’elle a posé le pied sur ces terres de brumes et d’enchantements. C’est devenu encore plus vrai, encore plus intense depuis que ses lèvres ont goûté celles de Carigän, depuis que son ventre ne boue plus que pour le sien. Les visages qu’elle croise, les voix qu’elle entend n’ont plus d’importance, puisque ne sont pas les siens. Peut-être, peut-être aussi se lance-t-elle dans cette liaison à cœur perdu pour ne plus voir l’encre moqueuse qui pare encore sa peau. Les mensonges et les manipulations qui dorment sous le regard clos d’un loup qu’elle aimait et dont maintenant le dessin est honni.

L’heure des fées s’est envolée, pourtant, aussi vite qu’elle s’est installée. Il la délaisse. Plusieurs nuits déjà qu’il la prive de sa présence et l’absence d’un mot la prevenant d’une occupation accrue, le néant d’un message pour lui indiquer que son temps appartient au Roi et plus à l’amant colore ses émotions d’une variation d’un bleu tristesse à un orange qui se noircit vers le rouge. Qu’il ne puisse être à ses côtés à chaque seconde d’éveil, Diane le comprend, l’accepte et pourrait s’en accommoder. Elle est jalouse, jalouse de ce qui le retient loin d’elle. Mais… s' il s’est lassé, si maintenant qu’il connaît les courbes de son plaisir et les crocs de son désir, il papillonne vers une autre, sans un regard en arrière, cela, elle ne pouvait le tolérer.

Alors son humeur oscille. Entre la compréhension, le manque et l’irritation de son attitude cavalière. Malgré tout, elle espère, la flamme vive. Elle espère encore sa présence cette nuit. La liane a choisi une tenue au ton bleu minuit, dont le corset lacé -elle a demandé de l’aide - est orné de broderies rappelant une fresque marine. Les pans de la robe s’évasent à chaque pas, fendue audacieusement jusqu’en haut de ses cuisses. Le cuivre de ses mèches est sans entrave. sinon les minuscules cristaux de glace qui captent la lumière, voie lactée éphémère. Dès qu’ils fondent, elle les transcende à nouveau. l’ennui l'entraîne à travailler ce nouveau don émergent. Maquillée, bien sûr. Diane est… all dolled up. Pour…

Le nez se fronce au timbre criard qui l’interpelle à travers la porte. Non. Ce n’était pas pour lui, bien que le tigre du bengale aimerait sans doute jaser. Quoique. Est ce que Carigän la considère comme…. Elle claque la langue au palais. Non qu’elle ait envie de prendre un amant, mais… quelles seraient les conséquences si? -Tu devrais cogner la porte encore plus fort, je crois que toute l’aile à pas encore entendue, répond-t-elle avec un ton de poissonnière.

pieds nus, elle franchit les quelques mètres qui la séparent de l’huis et finit par ouvrir à celui qui, malgré tout, est probablement devenu son allié et plus proche ami dans ce panier de crabe que sont les terres illusionnistes. Elle ouvre en grand, s’amusant de le voir presque battre des bras pour retrouver son équilibre. -File les bières. -le sourire dement l'âpreté. Diane se recule et lui laisse passage, dans la suite de pièces qui constituent ses quartiers privés. -c’est chiant les bières. Tu m'emmènes chasser? J’en ai marre du sang en bouteille! Je m’ennuie!
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Message par Yasha Lokesh Dim 7 Aoû - 21:08

Grand habitué des portes closes et des rebuffades, Yasha est parti pour une nouvelle charge lorsque la porte se dérobe, et que fort de son élan, il déboule cahin caha dans la chambre de Diane, les bières qu'il trimbale à sa suite choquant comme des quilles. Sa détente de tigre ne lui fait pas défaut et il se réceptionne dans une flexion de jarrets qui force le respect. Fait volte face à la rouquine somptueusement vêtue. Bien campé dans ses grolles, il en ravale un moment ses éructations intempestives pour la reluquer de pieds en cape, l'oeillade coulissante, la babine entrouverte sur un rictus éclaté.
« Mazette ! Tout ça pour moi ? Fallait pas. »
L'effet de surprise estompé, il ne lui épargne ni le sifflement racoleur ni le ricanement craspec.
« T'attendez qui? Cari-chéri ? Hin hin... chaudasse. J'le savais. »
Et sur ses mots il avise le living, dépose les bières sur la table basse et se laisse sombrer dans les profondeurs du canapé. Les bras osseux déployés le long du dossier et une jambe repliée, portant ses semelles dégueulasses à hauteur des coussins, il a l'air d'un de ces rois véreux de la brousse.
« Chasser? Ouais... on va chasser le dragon surtout. Perso, c'est plus la dinguerie qui me guette que la soif ! Je vomis à la raie de tous ces moujiks ! »
Il palpe mécaniquement les poches profondes de son treillis et dégaine une poche plastifiée de tabac à rouler. Bien pour commencer.
« Moi, si j'passe les portes, c'pour prendre le large tout court. Depuis que le royal avorton est rentré, tout le monde est à cran. T'as ramené un sacré bordel, sérieux. Même le djinn me dit que j'devrais pas traîner avec toi, c'est dire. Tu vas ternir mon image de marque, hinhin. » Il roule péniblement une clope qu'il a chargée comme un pétard. « Et toi, quoi de neuf? Tu t'es faite tringler? Raconte. N'est un peu potes maintenant. »
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Message par Diane Mansiac Lun 8 Aoû - 9:34

Un équilibre digne d’un acrobate. Ou bien d’un alcoolique, les deux options se valent lorsqu’il s’agit du rocambolesque yasha Lokesh. Déjà, en moins de trois secondes, elle se demande si elle n’a pas fait une erreur en l’invitant à entrer. Doute qui se précise lorsqu’il ouvre la bouche. -Tu es sur que c’est pas Tartuffe, ton prénom?, réplique-t-elle sans perdre un battement de cœur -mort- Leurs mises ne pourraient pas être plus radicalement différentes et elle prend conscience du gouffre à ses taquineries sauvages. -Tu me fatigues déjà, le Tigre. Comment Sybille fait pour te supporter exactement? Je devrais peut-être lui faire porter des cadeaux de remerciements pour le boulot qu’elle se coltine avec toi!

Les prunelles océanes s’arrondissent et s'écarquillent en le voyant s’installer sans autre forme de procès sur son canapé. Non pas que ses fesses soient un problème, mais par contre les ignobles pompes qu’il porte, nettement plus. C’est une diversion parfaite à ses remarques concernant le Monarque du Brouillard à laquelle elle fait une sourde oreille parlante. D’un revers du tranchant de la main, elle lui assène un coup sec sur les chevilles, le forçant à les descendre au sol. La jeune vampire ne boude pas les avantages de sa condition nocturne et encore moins celle de sa force effilée. -Tu as été élevé dans une porcherie ou quoi? Si tu veux mettre les pieds sur le canapé, tu te déchausses!

Diane s’incurve sur la table basse et saisit deux canettes. Finalement, elle a en a besoin. Elle lui balance une bière, il a intérêt à la rattraper ou elle fous dehors, et ouvre l’opercule de la sienne. Un grand sourire innocent ourle ses lèvres alors qu’elle le dévisage de haut en bas. -Merci mais si ton dragon est le nom que tu donnes au ver de terre qui pionce entre tes cuisses, je passe.

A l’aube de leur amitié, ces passes d’armes verbales les auraient conduits à en venir aux mains, ou du moins à en rêver. Maintenant, c’est devenu leur manière de communiquer, aussi épuisante soit elle par moment. Les roulés sont un affront au monde moderne mais elle ne fait aucun commentaire alors que son paquet de blonde n’est jamais très loin de ses mains. Les gestes de la rousse se suspendent alors qu’elle allait avaler une nouvelle gorgée d’alcool à bulles. Est ce qu’il ignore que Veragän a comme passe temps favori de hanter les cerveaux des illusionnistes, au hasard des ombres qui le guide? Elle alpague fermement son regard. -Je sais que tu n’es pas aussi débile que ça, yash’. Tu as conscience que la moindre offense, insulte ou simple critique à l’égard du Prince, tu te retrouves avec la langue arrachée? Et ça, ce serait clément. -Non. Ce n’est pas elle qui ira le balancer, mais ils sont pléthores qui n’hésiteraient pas une seconde. -Veragän… ne s’arrête pas à une porte ou un mur. Garde tes pensées.

La flamme le rejoint sur le canapé, décochant un sourire plus sincère. -On ne va pas chasser, alors? Dommage. j’aurais pu mettre un treillis troué et un débardeur dégueulasse et on aurait été raccord! -Elle vole la clope artisanale et l’allume avec une déception surjouée en laissant filer la fumée entre ses lèvres entre ouvertes.. -Même pas la plus petite trace de majiuana, quelle tristesse. -A vrai dire, elle n’a aucune idée de l’effet que peuvent avoir les drogues mortelles sur son organisme, sachant que l’ivresse est hors de portée. Elle n’a pas eu le temps de s’amuser à ce genre d’études ces années d’apprentissage de la Nuit. -Non que ca doive encore fonctionner.

Il ne lâche pas le sujet de Carigän. Ramenant au premier plan sa nature de commère. Diane devine que si elle dit rien, il est capable de revenir en boucle sur le sujet. -C’est… compliqué avec Carigän. -sans blague. Comme si il pouvait en être autrement. -Mais comme j’aimerais que ma langue reste bien à sa place, je vais éviter de trop déblatérer. J’en ai besoin… de ma langue. -Elle assortit ses paroles du clin d'œil le plus salace qu’elle puisse imaginer, pure théâtre. Néanmoins, elle voile ses émotions et ses doutes alors qu’elle l’interroge, le ton d’une nonchalance pure. -Tu as eu une cession avec lui, ces dernières nuits?
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Message par Yasha Lokesh Mar 9 Aoû - 11:39

Les lazzis de la rouquine lui sont devenus aussi confortables que le crachotis d'un vieux poste radio à transistor, ceux qu'on allume pour combler les silences moribonds. L'évocation de Sibylle lui tire un drôle de soupir, une sorte de reniflement encrassé qui signe la perplexité. Comment Syb fait pour l'encaisser ? Vaste question sur laquelle il s'attarde parfois, lorsqu'il charge un peu trop sur la gnôle.

- Ché pas. J'pense qu'elle doit sacrément s'emmerder.

Lâche t-il sans conviction, s'installant tel un pacha au milieu des coussins. Une acclimatation guère du goût de la Néonate qui dégage ses semelles souillées d'une chiquenaude, lui arrachant la vague contestation d'un piètre grognement. Il attrape la bière au vol en véritable compétiteur et la dégoupille aussi sec, sans lâcher des yeux l'anglaise qui le tarabuste. Exulte de son rire enroué alors qu'elle se fend de la plus basse réplique qui soit – s'attaquant à sa virilité – ressuscitant de vrais bavardages de cambuse.

- Tu veux la voir ? T'en perdrais ton latin de sale bourgeoise, lâche t-il, toujours impétueux lorsqu'il s'agit de ses attributs, engloutissant au passage une rasade à la binouze bon marché qui entretient son haleine de chacal. Les mises en gardes de la rouquine ne le perturbent pas des masses, absorbé qu'il est dans la confection de sa clope, qu'il scelle d'un coup de langue expert.

- Ah ouais ? Faut pas offenser le ptit père ? Mais comme il peut aller se faire mettre. Tu crois franchement qu'il m'fout les pétoches ? Déjà que je me braque son frère qu'est complètement bipolaire. On peut dire que j'suis allé à bonne école pour ce qui est de côtoyer du dégénéré. Pis allez... autant Cari je le chauffe pas trop parce qu'il démarre au quart de tour, mais l'autre là... il a l'air fini à la pisse non ? L'a pas une limace au fond de la cafetière ?

Et la clope fraîchement empaquetée se volatilise entre les doigts aériens de Diane, ce qui fait grincher de rire le braconnier qui se remet aussitôt à l'ouvrage. Veragän est le cadet de ses soucis, mais les prunelles glauques de l'échalas retrouvent de leur lueur lorsque la Néonate évoque de la dope sur le ton de la plaisanterie. Bien moins coincée du cul qu'il n'y paraît, décidemment. Le méchant sourire en coin qui campait sur sa tronche finit par éclater. Les allusions graveleuses de sa jeune comparse l'achèvent. Un éclat de rire solaire lui échappe, s'envole de son gosier mal famé.

- La salope ! T'as bien compris comment tournait cette maudite planète de mes couilles ! Ah putain... qu'il lâche, finissant de fagoter sa deuxième clope. Il dégaine un zippo qu'il brandit entre eux, au-dessus des bières. Viens là connasse, qu'il baragouine, la clope coincée entre les lippes. Une jolie flamme à la naissance bleutée vient embraser de concert les deux roulés, sans perturber le fil de la conversation. Ouais, je l'ai vu l'avant veille, ton gonze. Il m'a filé quelques directives bizarres et m'a laissé quartier libre pour la semaine. L'avait pas l'air dans son assiette, presque sympa. On dirait bien que tu lui as lessivé les entrailles, putain de succube. Des ronds de boucane dignes des fumeurs d'opium s'extirpent de ses lèvres fânées, alors qu'il tord un instant sa nuque en direction du plafond. Il aurait besoin d'un p'tit remontant. Dommage qu'il soit pas là, j'aurais pu partager.

Sourire de crocodile.
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Message par Diane Mansiac Sam 20 Aoû - 17:10

La bohémienne a un courage que la rouquine ne possède pas. C’est une faiblesse que la jeune vampire s’avoue totalement. Elle ne pourrait avoir ce genre de relation avec l’ancien braconnier! Il doit être absolument… Diane en frissonne presque malgré le demi-sourire qui ourle ses lèvres devant le comportement outrancier de son invité. Il apporte des bières, et rien que pour cela, il reste. Pas seulement. Étrangement, il est devenu son frère dans l’adversité commune traversée. Non qu’elle le lui dira. Il se foutrait de sa gueule. Mais cela ne change rien pour Diane. Quelques soient les emmerdes qu’il se prendra dans la tronche -et vu son caractère, il va être servi- elle sera à ses côtés pour l’épauler.

Plutôt que d’entrer plus encore dans ces provocations graveleuses où il aura sans mal le dessus, la rousse préfère faire la sourde oreille. Elle atteindra ses limites dans la pudeur bien avant lui et n’a pas envie de le défier sur ce terrain. Une pirouette discrète du poignet, sa volonté se focalise sur les perles d’eau gelée dans sa chevelure pour s'assurer qu’elles ne fondent pas. Elle a conscience qu’elle n’aura pas l’énergie pour le faire toute la nuit, pas encore. Mais tant pis, elle s’astreint à s'entraîner, seule, sans trop savoir comment s’améliorer. Cela ne l’effraie pas. Cela fait dix ans qu’elle apprend la Nuit seule.

Assise épaule contre épaule, alors qu’ils prennent chacun leur canettes, elle tente de lui faire comprendre l’importance de se tenir loin du Cadet. Elle ne peut contenir l’orage dans ses prunelles bleues à la manière nonchalante dont il accueille l’avertissement. Il ne devrait pas. Il se met dans un danger que son mentor n’adouciera pas. Pas cette fois. Elle n’a même pas le temps d’en rajouter une couche qu’il enchaîne directement sur Carigän, pourtant quelques degrés ont chuté dans l’atmosphère confortable du salon.

Il répond à sa question et c’est un sentiment désagréable qui bourdonne tout contre son ventre. Il a vu Carigän alors que celui-ci la délaisse. Une pointe de jalousie qui n’a rien de raisonnable qui se mâtine d’une pointe de malaise devant la description qu’il fait de son amant. Pensive alors que la flamme embrase le tabac qu’elle a dérobé. Quartier libre et une sale gueule. Dur d’avoir une idée précise de ce que cela signifie tant la vision du Tigre n’est pas objective. Le manque du Monarque, déjà, dont elle devrait se méfier. L’envie de le soutenir. le besoin. Le retour de son frère ne doit pas être facile. Elle aspire une taffe. Relâche la fumée.

Avec la vivacité d’une vipère, elle chope le menton mal rasé de son compère entre ses doigts et l’oblige à tourner la tête vers elle. Force une confrontation visuelle. Elle met dans sa prise suffisamment d’acier pour qu’un  mortel puisse craindre que sa mâchoire n’éclate comme une pomme trop mûre. -Tu DOIS prendre Veragän Funera sérieusement. Tu ne comprends pas. Il vit dans ses illusions. Il ne crée pas des illusions de temps à autre, il les projette en permanence. Il n’a aucune limite. Aucun interdit. s’il décide d’envahir tes perceptions, tu vas être submergé. -Elle le relâche, une moue agacée aux lèvres, sans prendre garde à une familiarité trop grande face au cadet de la famille. -Veragän te bouffe en amuse-gueule et aura encore faim. Et il sait très bien quand on lui manque de respect. Il n’aime pas cela. Pas cela du tout.

Sa tête se renverse en arrière contre le sofa alors que des visions trop précises d’un passé encore trop proche remontent à la surface. -J’étais mortelle quand je l’ai croisée, et je ne suis pas une illusionniste, donc je n’ai absolument aucune défense. Même maintenant, le seul avantage que j’ai, c’est que je sais reconnaître le tissage, l’ambiance qu’il dégage. Pas assez pour lui échapper. Juste pour le reconnaître. -un regard qu’elle coule en coin vers son profil couturé, le ton est plus bas, plus mesuré. Une pointe de peur qu’elle ne peut pas lui cacher. -Un de ces quatre, je sais qu’il viendra me chercher. Carigän s’est interposé la nuit dernière. A pris mon parti. Contre lui. Ce n’est pas une insulte qu’il va oublier. Alors fait moi le plaisir de ne pas attirer son attention. Je crois que tu as pas envie de connaître le monde de Veragän. Ni de te retrouver une seconde fois avec un Funera en crise. -un sourire de requin- Part du principe qu’il est toujours en crise. Et télépathe. Je sais pas si je te l’avais dit….

La bière n’est plus qu’un lointain souvenir  et elle ne pourrait dire à quel moment elle l’a bu. Bordel, elle n'avait pas l’intention de devenir aussi sérieuse, si vite! Prenant garde à sa robe, elle se redresse sur un coussin pour lui faire pleinement face. Diane s’arque pour attraper une seconde boisson. -Je suis partante pour un remontant, moi! Je te l’échange contre une histoire. Un conte d’horreur. L’une des toiles de Veragän contre de quoi nous amuser.
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Message par Yasha Lokesh Lun 22 Aoû - 16:30

Il se tient là, au coté de Diane, les yeux plongé dans l'orifice d'aluminium qui laisse passer une effluve de houblon fermenté, quand soudain une main preste vient lui happer le menton comme s'il n'était qu'une péronnelle timorée. Sauf qu'au lieu de tomber sur un petit minois aux joues empourprées, voilà que se dessine un vilain mascaron paré de rictus en biais. Ses sourcils ligneux se froncent. Des remous d'incompréhension roulent dans ses prunelles d'acier trempé tandis qu'un élan de gravité vient plomber l'Anglaise. De ce qu'il en sait, ce n'est pas vraiment une chochotte. Ils ont traversé bien des dégueulasseries tous les deux. Aussi il rumine ses mises en gardes comme un sombrero remâche une chique acide, quelque peu décontenancé.

- How, t'emballe pas... dit t-il, mal à l'aise devant l'alarmisme qui s'éprend des mots de Diane. Les avertissements ont contaminé l'atmosphère qui s'est instantanément corsée. Une nouvelle gorgée est de mise. Mouais enfin, faut pas te faire de bile pour moi hein. Tout ceux qui ont croisé Veragän pensent comme moi, et pire. L'a l'air complètement hors sol. Il va avoir du pain sur la planche s'il lui prend l'envie de tâcler tous ceux qui se paient sa tronche. T'sais, y'a plein de merdeux qu'disent que les Funéras sont une lignée de dégondés qui va tomber en ruines. Qu'après le père Carigän, ce sera terminado. Alors j'pense bien qu'avant de venir me grignoter le bout des orteils, va avoir d'autres chats à fouetter, le malingre.

Le bengali balaye ainsi les terreurs promises sans pour autant se fermer au récit de Diane. Si elle a quelques astuces sous le capot pour lui permettre d'esquiver quelque farce de la part du siphonné, il est évidemment preneur. Il l'écoute attentivement, et à mesure que l'horreur s'esquisse, la bière semble bien médiocre à éponger une telle ambiance. Décidément, cette bourgeoise est bien moins midinette qu'elle n'y paraît, avec sa petite robe et ses strass dans les tifs. Pour avoir les apparences d'une parvenue finie, elle a l'air d'avoir essuyé pas mal de déconfitures. Et son inquiétude pour lui serait presque touchante s'il ne dorlotait pas une fierté de coq très mal placée. Il se rebiffe tièdement.

- Y'a pas grand chose à grailler dans ma caboche pour ce corbac de mes deux. Mais soit, j'veux bien que tu m'racontes, on sait jamais. Que je sois prêt si ce fils te pute vient me chercher des culasses ! Et Yasha de fourrager l'air de rien au fond des poches profondes de son treillis pour en extirper, d'un fatras composé des fils d'écouteurs, de feuille à rouler, de miettes de tabac, de papelards fânés, de sa ganja, un sachet accueillant des petits cactus rabougris et séchés, qu'il dépose sur la table basse. Et comme je suis un pote en or massif et que je veux qu'on passe une bonne soirée, voilà mieux qu'un remontant ! C'est du peyolt de contrebande, du vrai, pas de la merde synthétique. T'connais ? Décollage dans le cosmos assuré avec une descente ronflante, le pied total. Y'a rien de mieux pour dissiper les cauchemars de ces rats d'illu... un vrai remède de grand-mère.

Mais en attendant la récréation, ou l'exorcisme, le voilà qui se rencogne dans le canapé, tirant longuement sur sa clope.

- Allez, raconte.
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Message par Diane Mansiac Ven 2 Sep - 9:37

Elle vient de prendre un risque, la petite anglaise qui n’est pas à sa place dans ce monde de masques, de couteau dans le dos et de phrases assassines délivrées avec du sucre sur la langue - peut être qu’elle est là où elle doit être finalement. Le Bengali aurait été dans son droit de l’épingler au mur d’une droite sévère. Cependant, dans le regard pers, l’attention et la surprise devant sa véhémence. Elle ne pourrait l’en blâmer. La Flamme arrive dans la Forteresse des Illusions comme une Cassandre, deux fois maudite. Ce n’est pas le regard d'Apollon pourtant qu’elle a attiré, non, ce sont les faveurs de Carigän, Monarque Absolu. C’est une lame à double tranchant qui pourrait la déchiqueter profondément, Diane le sait déjà. Elle est trop investie auprès d’un caïnite de plus de sept cent ans dont l’humeur est aussi indomptable que l’eau vive et qui a déjà prouvé qu’il n’avait guère de scrupule à verser son sang. Une pointe d’effroi toute personnelle en réalisant qu’elle se sent presque responsable aussi pour Veragän. Folie, folie, folie. Elle devrait quitter la Russie. Reprendre la route. Et quoi? Retourner dans les pas d’un sire abject qui ne cesse de la manipuler, de l’abandonner? Plutôt finir sous la rage de Carigän, au moins celle ci sera d’une cruelle sincérité.

Diane relâche la mâchoire de Yasha, ses épaules retrouvant le moelleux de son sofa. Retrouve l’ombre d’un sourire, elle balaie l’air de la courbe de son poignet. -Je m’en fous des autres, ils ne sont pas prêts pour Veragän Funera, et ce n’est pas mon problème. Je préférerais éviter que tu sois un dommage collatéral. J’aime bien ta tronche en un seul morceau. Je crois pas qu’elle puisse supporter plus de cicatrices, ne peut elle s'empêcher d’ajouter. Juste pour le plaisir. Être avec le Bengali adoucie l'absence de Carigän. Un peu.

Jusqu’à ce qu’il en rajoute une couche. Qui réveille un phoenix de rage. Il se consume aussi vite qu’il est apparu dans ses prunelles. Le doute, est ce que c’est sa Bête qui vient de grogner de faim? Ou de soif de carnage? Lignée de dégondés. Elle n’aime pas cela, la petite vampire, elle n’aime pas cette manière insouciante et insultante. soif du sang du Tigre qui s’assèche avant d’avoir vécu. Ces histoires du Clan ne la concernent pas! Elle n’a pas à réagir. Elle lève un sourcil dubitatif quand il prétend ne pas être un amusement conséquent pour le Petit Prince. Elle a un doute qu’elle ne creuse pas. -J’espère que tu as raison, parce qu’il a tendance à aller droit sur tes failles et taper un grand coup dedans.

Il est disposé à l’écouter et une partie de la tension de Diane relâche la courbe de ses épaules. Avant qu’elle ne réalise qu’elle va devoir lui donner quelques éléments de son passé. Des détails pas franchement reluisants. Il détourne ses pensées de cette question en mentionnant ce qu’il a caché dans sa manche. Les prunelles océanes s’arrondissent. -Ça fonctionne sur les vampires, ça?? -Les lèvres pulpeuses se font happer par une canine pendant qu’elle réfléchit à ce qu’elle sait sur ce cactus hallucinogène. Avant que les pièces ne s'emboîtent. Un rire sec. -C’est pas de ça qu'est extrait la mescaline? Jamais pris pur, je ne sais même pas comment. -Non, elle n'a joué que très peu avec les drogues dans sa vie mortelle et encore moins depuis qu’elle a rejoint la Nuit. -J’ai pris une seule fois de la Mescaline et ça… a mal tourné. -Oh le bel euphémisme. -tu sais quoi, on va se mettre dans l’ambiance. Je te laisse préparer et on discute après la première prise? Par contre, une nuit prochaine, je veux une histoire à toi.

Bien sûr qu’elle angoisse un peu. Les secrets, les informations sont une monnaie prisée entre caïnites. se dévoiler à nue sans rien savoir du passé du bengali est inconfortable. -J’ai envie de savoir aussi d'où tu viens, Tigrou!
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Message par Yasha Lokesh Mar 1 Nov - 16:06

Décidemment, le cadet des Funéra a l'air d'une véritable bombe à retardement. Il aurait mieux fait de rester à moisir dans son lointain château. Quelle idée de l'avoir rappatrié ici, au beau milieu de cette foutue fourmilière qui n'avait certainement pas besoin d'un coup de pied en prime. Yasha soupire tout l'air rance de ses poumons encrassés. Un sourire blasé vient fracturer sa vilaine bouche, rappelant celui que des gamins malhabiles taillent dans des coloquintes difformes pour les fêtes des morts.

« Quelle idée de l'avoir ramené. J'te félicite pas ! » Lâche t-il, je m'en foutiste comme pas permis. Ce n'est pas comme s'il avait esquivé la mort mille fois et qu'il vivait à crédit, avec un usurier lunatique dans les pattes. Certes, Diane fait bien de le prévenir, mais bon, cela se saurait, si Yasha nourrissait l'espoir de sortir à peu près vivace de ce foutu bastion. Que ce soit un frère, ou l'autre, ou encore une bande de disciples camés qui s'occupent de son cas, cela ne changera rien à son pronostic. En espérant qu'il déniche une réplique bien croustillante et passablement dégueulasse à leur asséner en guise de dernier râle, tel est son projet le plus réaliste. « Bref ! Le bateau coule, c'pas un scoop. Autant s'offrir du bon temps. »

Sur la table, les petits cactus déballés semblent des furoncles verdâtres qu'on aurait prélevé sur le nez d'un immense coureur de bois. Le braconnier dégaine son opinel dont la lame a connu des jours meilleurs et fraie dans la chair gélatineuse du cactus, les détaillant en dès gourmands dignes d'une soirée cocktail. Si le peyolt fonctionne sur les vampires, pardi ?

« Mais grave que ça marche. En tout cas, de ce que j'ai constaté. J'en gobe plus que quand j'étais mortel, pour les mêmes effets c'est vrai. Les indiens, ils t'en bouffent un quart et ils décollent, nous... va falloir s'en faire plusieurs. » Explique t-il, fort de sa longue expérience de toxicomane. « J'crois que ça reste assez mystérieux, mais de ce que j'ai pigé, les plantes ont plus d'effets sur les vampires que les merdasses sorties des éprouvettes. On m'a expliqué... je me rappelle plus trop, mais c'est lié à l'esprit de la plante. C'est un truc de perché. »

Et le voilà qui ouvre le bal, piochant un petit cube fraîchement découpé comme s'il s'agissait d'une tomate-cerise. Diane lui fait montre de ses connaissances, révélant qu'elle a déjà consommé de la mescaline. Le Bengali qui n'en attendait pas moins de cette bourgeoise dévergondée, bien plus renseignée qu'il n'y paraît, lâche un éclat moqueur. « Té, ça m'étonne même pas que tu connaisses ! Les bourgeois, c'est les pires. » Dit-il tout en lampant une gorgée à sa binouse. Ses sens commencent à peine à s'évaser, comme si les ombrages de la chambre s'approfondissaient. Pour l'heure, c'est une sensation tendre, agréable, une berceuse sensitive. L'univers autour de lui se dilate, gentiment. « J't'en prie, connasse. Sers-toi ! » Dit t-il, happant quelques cubes supplémentaires tandis qu'elle s'intéresse à son histoire. Enfin, histoire. Peut t-on nommer histoire ce bric à brac d'anecdotes sans continuité ni cohérence aucune ? Cette grande errance sans queue ni tête, régie par la diabolique loi de Murphy ? Yasha, surpris qu'on s'intéresse à sa pomme, hausse les épaules avec désinvolture, tout en s'alanguissant plus loin dans les profondeurs du canapé. « Ah ouais, ma vie t'intéresse ? Genre, c'est pas marqué sur ma gueule ? J'suis sûre que t'arriverais à deviner plein de trucs, sans te fouler de trop. » Se rengorge t-il un instant, sans pour autant perdre de vue le cap de la conversation. « Mais à toi l'honneur ! J'voudrais pas te voler la vedette. »
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Message par Diane Mansiac Dim 13 Nov - 14:49

Est ce que Diane a vraiment l’intention d’ouvrir ce panier de crabes vérolés endormis dans un coin de son esprit? Elle n’a rien oublié, la jeune vampire s’est contentée d’avancer, d’embrasser la Nuit sans chercher à se confronter directement aux Cauchemars qui hantaient son humanité. Et ses dix ans d’errances nocturnes lui ont certifié une évidence. Elle aurait perdu. L'Éternité lui offre le luxe de l’attente. Celle de devenir plus forte ou indifférente. Elle ignore encore quelle sera sa voie.

Un sourire sardonique ourle un coin de ses lèvres rehaussées de rouge à lèvres. Un miroir de celui du boucanier. En plus séduisant, cela va sans dire. -Sur le moment, ça m'a paru être une idée de génie, enfin… de survie. -Dans ses prunelles, l’éclat du souvenir plus récent de sa première confrontation au Roi. Yasha n’en saura rien, c’est mieux pour sa propre sécurité.-J’suis sûre que c’était chiant à mourir avant que je débarque. Je mets un peu d'animation dans tes nuits moribondes et c’est comme ça que tu me remercies? Ingrat!

Sous l’échange de chicaneries, une Diane attentive aux gestes aguerris de son compagnon. Une grimace fugitive s'inscrit sur les traits harmonieux en contemplant les végétaux putréfiants qu'il vient de déposer fièrement sur la table. Manger quelque chose de solide pour la première fois depuis sa Renaissance, et ce serait ce truc là? C’est pas appétissant. Comme leur propriétaire en fait. Tout comme le Tigre, elle est prête à passer outre la première impression. Des petits dés réguliers naissent sous les doigts couturés alors qu’il délivre un cours rapide en chimie vampirique. Tellement d’informations qu’elle ignore encore. Qu’elle aurait dû apprendre de son Sire. De son Mentor. Au creux de son ventre, une torsion brutale de colère devant l’ampleur de la trahison. Ingulf aurait dû rester Mort. -Je sais reconnaître l'expérience d’un Maestro dans ce domaine. L’esprit de la plante? Humhum. -Une anglaise très moyennement convaincue. Elle attendra, circonspecte, qu’il gobe quelques morceaux d’une verdure à la teinte toxique alors qu’elle hausse les épaules à sa remarque. -Tu verrais ce que les flics des stup’ ramenaient et testaient… -Lui avait- elle déjà dit qu’elle était un ancien inspecteur de Scotland Yard? Diane ne sait plus, sans que cela n’ait de réelle importance, c’est si loin de sa nouvelle réalité. Sans compter qu’elle a goûté à la mescaline dans un contexte bien différent.

Un temps d’hésitation, malgré tout. Un murmure de prudence, De Rapelle toi. Finalement la Flamme tend la main vers les cubes psychotropes et en saisit cinq. Le premier qu’elle grignote du bout des dents. Retrouvant la sensation exquise de mâcher. de croquer. d’avaler. Si différent de planter ses canines et de boire. Un soupir rond lui traverse la gorge aux contacts des saveurs qui se diffusent contre ses papilles endormies. Diane se glisse contre Yasha, dans une promiscuité féline. Passe une épaule sous son bras droit pour que son bras traverse son torse en diagonale, sans entraver ses prochaines pioches sur la table basse. Elle replie ses jambes sur le canapé. blottie contre son buste osseux. -Pourquoi est-ce que vous ne chassez jamais? -lache-t-elle sans à propos, les sens s’ouvrant à de nouvelles couleurs.

Il diffuse la question concernant ses origines par une pirouette dont elle reconnaît les accents. -Tu as pris quelques coups, ouais. Lokesh, c’était le nom de ton Sire? C’était aussi un illusionniste?

Possible, très possible que la petite néonate gagne du temps sur sa promesse. Celui d'en manger son troisième cube et d’en récupérer quelques autres. Elle devrait lui demander quelle est la limite, à quel moment elle risque de basculer de l’autre côté du terrier d’Alice. Ses sens s’affinent encore et Diane a l’impression de se connecter à l’Univers. Arrogance. Bien sûr,elle tourne ses rayons de lune vers Carigän. Submergée, avec violence par le manque de Lui. Un manque qui l’affole et qu’elle refuse. S’ancre au Tigre pour ne pas se perdre dans cet Ailleurs. Déjà elle s'apaise, retrouve une sensation languide. Le timbre râpeux de Yasha. Diane incline la tête en arrière contre son épaule et la chambre tourne avec elle. Le regard vert marécage, si semblable aux mondes de Veragän, qui pourtant diffuse une impression de solide sécurité.

-Je sais plus ce que je t’ai dit sur moi, alors je la fais courte. J’étais flic à Londres, j'enquêtais sur un trafic d'êtres humains. Au lieu de tomber sur un cartel, je suis tombée dans les griffes des rabatteurs humains pour le compte d’un Royaume vampirique. Pas comme ici. C’était différent. -Fière de sa diction encore parfaite. De ses idées alignées.-Carigän… est différent. -elle croit, elle espère, le connaît encore si peu. Mais a obesrvé sa Cour. Le peu qu’elle a pu s’y frotter. -Veragän était différent des autres caïnites. -C’est plus difficile qu’elle ne le pensait, de trouver un fil logique et de lui dérouler la pelote. Trop d’éléments liés. Des failles et des abandons qu’elle n’avait pas vu, aveugle dans sa perspicacité. -Pour les mortels, les… esclaves, un seul mot d’ordre. Survie et obéissance. J’étais douée pour l’un, beaucoup moins pour l’autre, profitant de l’indulgence de.. -Sa mâchoire grince presque. Etait-ce vraiment de l’indulgence ou un piège savamment tissé dans lequel elle s’est enlisée si vite. Il est devenu le centre de son monde. presque. Pendant si longtemps. -de mon futur Sire. J’ai croisé une première fois la route de Veragän et il m’a guidé au cœur d’un de ses mondes. A créé pour moi une toile horrifique dont je commence à peine à saisir le sens. -un vertige qui la fait presque gémir. Diane se redresse et se saisit délicatement d’un nouveau cube. Elle se tait, émerveillée par la douceur et le spongieux de la texture. Le presse entre ses ongles. S’absorde dans ses reliefs. Avant qu’elle ne se souvienne. Elle revient contre le Bengali, tout contre. Se presse de tout son corps contre lui.

-On passe quelques mois. Plusieurs traumas. Sigvald a quitté l’Angleterre, Je reprend le lendemain un rythme diurne en attendant son retour. Je suis plus libre et plus en sécurité que la majorité des autres mortels. Plus enchaînée. On est le lendemain de son départ. Physiquement, j’ai pas une trace, ou si peu. Rien de visible. -Son dos ne garde aucune cicatrices. Rien. C’est encore un vol. -Mentalement, je suis une loque. Je me pose dans un salon réservé aux vampires, mais on est en journée. A l'intérieur, James, un survivant aussi. Lui, il est pas mieux que moi. Avec quelques avantages. Notamment, de l’alcool. -Diane ne ferme pas les yeux. Surtout pas. Ne peut revoir le visage séduisant de son compagnon d’infortune. Il doit être mort. -On détruit une bouteille, puis deux. On oublie. Pendant quelques heures, on oublie. Il m’offre de la mescaline. J’accepte. -Elle rit. bien sûr qu’elle a accepté. -Ça va? c’est pas trop chiant? tu m'arrêtes si ça te saoules. Le début du trip était cool. Tout en douceur, tout en couleur. comme là, en moins… Ouvert. On commençait à être bien parti et on a oublié le Coucher du Soleil. Oublié le réveil des Avaleurs de Nuit. Erreur à la con.

Autour d’elle, d’eux, la pièce semble s'être ouverte, les murs se sont éloignés et elle ne parvient plus à voir à l’autre bout. Son nez frémit, frétille. Sent de l’humidité, des plantes, de la chaleur. Semble percevoir des présences animales qui rodent et qui planent. Un monde exotique et si Vert. -C’est Veragän Funera qui nous a trouvé. Je l’ai reconnu. Est ce que notre première rencontre a créé un pont entre nous? Était- ce le hasard? je ne sais pas. Mais il était là. Je savais qu’il était dangereux. Si Dangereux. Mais la drogue, oh la merveilleuse mescaline était une pute dans nos veines. Nos langues ont fourché, bourlingué et Veragän n’était pas amusé.

La rousse se redresse, s’installe presque à califourchon sur lui, les fentes de sa robe Minuit dévoilent le crémeux de ses cuisses sans qu’elle n’y attache d’importance. -Donne-moi un de tes secrets, un de tes secrets à garder et à taire pour que je puisse continuer ce conte funeste…
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Message par Yasha Lokesh Mar 14 Mar - 13:26

Les contours de la chambre vont et viennent dans des langueurs de sérénade. Les mots ont des goûts, ont des formes alors qu'ils s'émancipent de ses lèvres cratérisées. Leurs discussions ont des élans badins et des accents graves. La confection de ses amuse-gueules et les explications qu'il articule à grand-peine ne semblent pas convaincre une anglaise des plus dubitatives. Ses airs douteux font d'ailleurs le divertissement du Bengali. Il tique lorsque Diane évoque la brigade des stups. A la voir ainsi affublée dans son bleu de nuit, jamais il n'aurait subodoré une telle provenance. Ses paupières papillottent sous l'effet de la perplexité.

« Naaan, putain d'argousin ! J'hallucine. J'aurais perdu ma main à parier... et même mon bras entier, bordel à cul. » Se moque t-il doucement, avant d'être assailli par une fulgurance. « Remarque, avec ta petite gueule d'ange, tu d'vais être capable d'embobiner n'importe qui, d'soutirer toutes les infos que tu voulais. Putain de lèpre ! J'devrais me méfier. Ani a raison. » Se marre t-il, et ses éclats prennent des échos nouveaux, plus amples, vastes, généreux, bien différents du rire concassé qu'il peut verser à l'accoutumé au travers de sa mâchoire nerveuse.

Diane s'approche de lui tandis que s'éloigne l'image de la petite héritière huppée qu'il s'était forgée. Elle s'installe contre son flanc sans façon, prend ses aises, le réduisant au rang de polochon. « Fais gaffe à pas écraser ma jolie queue, tu seras mignonne. » Indique t-il, tout en tapotant une protubérance enflant sous son treillis. La présence féminine et l'effet doucement euphorisant de l'accorte plante lui déclenchent une trique qu'il arbore comme une médaille olympique. Sans doute aurait t-il aventuré quelque tentative de rapprochement si son dangereux mentor n'avait pas circonscrit le territoire. A défaut, ses doigts avides de sensations effilent quelques unes de ses mèches dont la rousseur paraît luminescente dans la torpeur tamisée. Il s'appesantit longuement sur quelques curieuses étoiles de glace qui s'y sont lovées.

« Hein ? La chasse ? Parce qu'on est dans le trou du cul du monde, chérie. Et que comme dans toutes les royautés, la chasse, c'est le privilège de ces petits seigneurs de mes deux. Mais notre bon roi te dira qu'il veut pas dépeupler les campagnes de ses moujiks terreux. Pis bah... c'est pas comme si le premier bled se trouvait pas à perpette. » Relate le braconnier, le cerveau scindé en plusieurs territoires de réflexion totalement indépendants. Il rafle un nouveau quartier de cactus, passant son bras par dessus bord, sa peau survolant les océans de la robe bleu nuit. « J'le connais pas, mon Sire. Il devait être bien torché quand il m'a transformé. Il a décanillé fissa quand il a vu la gueule de la petite sirène croisée en rêve. Mais ouais, ça devait être un illu. Cette malédiction tombe pas du ciel. » Un éclat de rire sec comme un aboiement.

Les souvenirs qui émergent se mélangent aux bribes qu'elle livre. Au point que Yasha a l'impression que leurs histoires se ressemblent un peu, que tout n'est toujours qu'une histoire de prédation dans les rapports humains. Il l'écoute attentivement, et ses talents de narratrice lui donnent l'impression de baigner dans un film. Il fait mine de lui taper l'épaule alors qu'elle s'enquiert de son attention. « Allez, continue ! » Lâche t-il, enfant capricieux. Pendu à ses lèvres, il veut la suite de cette histoire qui s'est installée dans sa bouche carmine. Et lorsque Diane s'interrompt, Yasha se redresse des tréfonds du canapé, la curiosité piquée au vif. « T'es vache. » Quel lien unit la néonate et le spectre ? De quel cauchemar s'est t-elle tirée, cette emmerdeuse dont il découvre les facettes nuit après nuit, sous le prisme d'une amitié en forme de sauvetage bancal ?

Elle le chevauche tout à coup et ils se retrouvent proches, à ne pouvoir que se fixer éperdument, leurs yeux transformés en précipices. Les mains du braconnier s'égarent sur ses cuisses lactescentes, douces comme le ventre d'une antilope. Les frontières de son corps se troublent, veulent se diluer. Il l'observe comme si elle était une énigme vivante, comme si leur proximité relevait d'un décor naturel, rassurant. « Hein ? Un secret ? » Répète t-il sur un ton confus, les sourcils en discorde. « Mais j'ai pas d'secret... Non. J'crois pas. » Des plis introvertis marquent son front alors que ses méninges se tordent, visitent la galerie grotesque de ses mémoires. Est-ce qu'il existe quelque chose qu'il aurait voulu cacher ? Enfouir ? Fuir peut-être ? De quoi pourrait t-il avoir honte, lui qui arbore ses défaillances comme des blessures héroïques ? « Je me suis jamais caché de rien. Ni d'avoir déserté les rangs... comme un lâche. Ni d'avoir rompu toutes mes promesses. Ni d'avoir violé des femmes et buté des gosses. Ni de m'être saoulé comme un âne pendant que le monde cramait. Non, j'ai pas de secrets. » Dit t-il dans un râle presque paisible. Tant de dénuement s'accorde tout à fait à la proximité de leurs corps drogués. Il plante ses doigts qui savent être des griffes dans les cuisses qui enserrent son bassin. Une lueur trouble accuse ses prunelles au bleu exsangue. Un instant de flottement s'esquisse, et un sourire indésirable vient squatter l'une de ses commissures. « Mais peut-être que je regrette. Ptête bien que chui pas entièrement satisfait de tout ça... Tu crois qu'on peut considérer ça comme un secret ? » Un sourire comme une corde raide pour y pendre du linge sale. L'impression que son esprit transpire. Ses mains qui s'accrochent plus encore, qui remontent le long de sa peau, qui évoluent sur elle en éclaireuses. Alentour, des bruissements de jungle jaillissent des ombres domestiques, des ululements d'oiseaux fantasques, des fouissements d'humus. Leurs souvenirs dansent tout autour, à la ronde, se prennent la main et s'emballent dans une chorégraphie animiste. Dehors, la nuit est claire, ou alors est ce lui qui divague ? La nuit est blafarde, immense, aussi grande et belle qu'une seconde chance, qu'un piège. « J'aimerais vraiment connaître la fin de ton histoire. » Et la tronche de tes fantômes à toi. De ces fantômes qu'il entrevoit dans les prunelles de la chasseresse qui le surplombe, qui se tient là, qui se dessine comme une écorce ondoyante, comme le cœur battant de l'enfer vert. Et si c'était ça, que Veragän Funéra avait perçu ? Le peyolt n'est t-il pas connu pour ouvrir le champ des perceptions ?
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