Illusions et Tempêtes
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V Bis - Des Rives [Fini]

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 V Bis - Des Rives [Fini] Empty V Bis - Des Rives [Fini]

Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:22

Elle a compris la leçon. Oui, Diane a tout à fait enregistré les paroles prononcées par le Fils de Caïn dans les jardins. Pour l’heure, elle est lasse. Lasse de sa froideur et lasse de s’aplatir et de mettre ses ressentis à nus devant Carigän. Lasse de sa violence physique à son égard. Devenir une femme battue n’est pas dans son projet pour les années à venir ! Il n’écoute pas. Ne veut pas entendre. Elle ne parlera plus. Problème réglé, non

Elle partage son temps entre la Chasse et ses appartements. La Sylphide n’est pratiquement plus entre les murs du castel que pour sa mort quotidienne, inévitable. Elle ne veut plus penser, ne veut plus songer. Alors elle ouvre les portes de la cage de Sa Bête. Chaque nuit la voit revenir ses vêtements tachés du sang d’un autre. Parfois du sien. Quelle importance ? La seule précaution qu’elle prend, c’est d’éviter de semer les cadavres dans son chemin, cela ferait désordre. Orgie de sexe animal, barbare, sans autre signification que l’assouvissement de son plaisir immédiat. Avec des amants de passage qu’elle dépouille de leurs souvenirs aussi bien que de leurs vies. Là, elle est vigilante. Voyageurs égarés, mortel sans famille, adolescents écartelés. Elle ne se refuse rien. Mais ne s’approche pas des Apprentis. Non, cela ferait désordre de « baiser avec l’un de ses apprentis ».

La rousse évite, la rousse se faufile. La rousse se dérobe. Renarde dans un terrier qui n’est pas tout à fait le sien sans lui être complètement étranger. Moins que jamais elle ne se mêle à la vie du Clan. Diane est une Ile dont les eaux se tiennent à distance de tous. Seul Antov échappe à cet état de fait. Pouvant les apercevoir dans l’encadrure d’une porte, l’embrasure d’une fenêtre. Jamais plus que quelques brèves minutes. Tête inclinée, attentive à ses dires, sourire flottant à ses lèvres. Elle ne croise plus la haute silhouette du Prince des Brumes. Ne le regarde plus. Diane pousse le vice plus loin. Il entre dans une pièce, elle en sort. Il s’engage dans un couloir, elle tourne les talons. Une virvolte de flammes dont seule la nuque se laisse parfois deviner, la finesse de ses chevilles à ses échappatoires
Diane Mansiac
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 V Bis - Des Rives [Fini] Empty Re: V Bis - Des Rives [Fini]

Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:23

Tu me repousses. tu ne veux pas de moi.
Anticoeur dit :
Oh. Je te fais confiance pour combler cette déception. Tu as l'air d'avoir des ressources... très explorées.
Tiff dit :
tu voudrais que je me laisse dépérir?
Anticoeur dit :
Je préfèrerai.
Tiff dit :
Pourquoi?
Anticoeur dit :
Parce que.
Tiff dit :
Ce n est pas une reponse.
Anticoeur dit :
Ca me fait une belle jambe !
Tiff dit :
donc que tu as une objection à ce que je baise antov?
Anticoeur dit :
Pas l'ombre.
Je vous prête même une confortable chambre.
A moins qu'une écurie suffise à vos élans de bête ?
Tiff dit :
Oh mes quartiers feront l affaire, ne te donne pas tant de mal!
Anticoeur dit :
Parfait.
Tu verras, nombre de mes disciples brûlent de te connaître. Tu ne vas pas t'ennuyer.
Tiff dit :
... Pardon? et cela signifie quoi?
Anticoeur dit :
Cela signifie que tu es charnelle créature.
Non ?
Tiff dit :
A ton image...
Anticoeur dit :
Oui.
Mais moi j'ai les moyens de l'être dans le luxe. Et j'ai le pouvoir. Cela change nos statuts.
Tiff dit :
Je ne vois pas ce que vient faire ton pouvoir dans le sujet
Anticoeur dit :
Voyons, le pouvoir... c'est l'essence même de ce qui nous sépare.
Tiff dit :
Non. Ce qui nous sépare, c'es toi.
Anticoeur dit :
Non.
Tiff dit :
ouvre les yeux carigan. tu es le seul qui importe.
Anticoeur dit :
Personne n'a a supporter l'insupportable. Et l'homme qui ploie sous des sentiments idiots n'est plus un homme. C'est une loque, une chose qu'on utilise, et je ne suis pas ça.
Non!
Tu mens.
Tiff dit :
Non. Je ne mens pas.
Anticoeur dit :
Je suis le seul qui importe maintenant. Demain tu papillonneras dans les bras d'un autre.
Tiff dit :
c'est faux.
Il n y a pas de demain loin de toi. Je suis revenue pour toi. Uniquement pour toi,
.
Anticoeur dit :
C'est vrai. Il t'attend.
Tiff dit :
Personne ne m attend.
Anticoeur dit :
Ne me prend pas pour un idiot
Alors heureusement que je suis là pour te tenir compagnie !
Tiff dit :
C'est si dur que cela d accepter la vérité?
Anticoeur dit :
Justement, je m'en défend parce que je l'ai accepté.
Tiff dit :
... cesse. cesse de te defendre...
Anticoeur dit :
Oh, je devrais me laisser piétiner et traîner dans la boue comme un indigent ?
NON.
Je me suis battu pour être à ma place.
J'y reste.
Tiff dit :
Je ne te menace pas.
Anticoeur dit :
Ce n'est pas une néonate qui me tuera.
Tiff dit :
.... Te tuer? Carigän.... je me tuerais d'abord.
Anticoeur dit :
Tu as déjà commencé à me tuer.
Tout doucement.
Tiff dit :
Non... -un pas vers lui- Non.
Anticoeur dit :
N'approche pas.
Tiff dit :
Je te fais peur?
Anticoeur dit :
Pas un pas de plus.
*Silence*
Tiff dit :
Tu va encore me frapper? Je peux supporter tes coups. Je peux supporter ton Ire... -un pas de plus-
Anticoeur dit :
Tu recules. Toute de suite.*deux secondes* Cela n'est vraiment qu'un jeu pour toi ?
Tiff dit :
C'est tout sauf un jeu. Je me flane sans tes bras autour de ma taille.
fâne)
Anticoeur dit :
Et bien fâne.
Tiff dit :
Ce n'est pas un jeu. Je ne suis pas un jouet. -brisant la distance entre eux-
Anticoeur dit :
*L'empoigne par la gorge et la repousse.* On ne discute pas les ordres d'un roi.
Tiff dit :
Tu n es pas Mon roi puisque tu ne veux pas de moi.
Anticoeur dit :
Tu ne comprends rien, Mansiac.
Tiff dit :
Elle se cabre. - ne m apelle pas comme ca.
Anticoeur dit :
Et pourquoi ?
C'est bien ton nom, il me semble.
Mansiac. Mansiac. Mansiac.
Tiff dit :
Parce que Diane Mansiac est morte. Il ne reste plus que Diane.
Ce n est plus mon nom.
Anticoeur dit :
Non, ton passé est toujours là. Il ensert ton cou.
Tiff dit :
Son regard trahit combien le coup porte. tentant une insouciante dérobade. -j attend que tu m offres de quoi le remplacer.
Anticoeur dit :
*Il cligne des paupières, se dégage de sa froideur, croit avoir mal entendu.* C'est une plaisanterie j'espère ?
Tu es bel et bien une Catin.
Je ne serais pas celui qui comblera les caprices de madame.
Jusqu'à ce que plus fort ne t'emporte.
Tiff dit :
Il déforme tout. Salit tout.
tu ne comprend rien.
Anticoeur dit :
Terrible !
Tiff dit :
Il n'y a pas de "plus fort". Je ne désir qu'un.
Anticoeur dit :
Des mots...
Tiff dit :
Diane porte les mains à son cou. Defait la délicate attache de l'argent. Ses mains tremblent. Le collier tombe à ses pieds.
Des actes.
*Son regard tombe sur le collier à terre, en silence. Carigän n'esquisse pas mouvement.*
Qui était-ce ?
Tiff dit :
Elle se sent nue. Depouillée. Vulnérable.
-mon Sire.
Anticoeur dit :
*Il s'avance mais ne la touche pas, disparaissant dans son dos.*
Tu l'aimais ?
Tiff dit :
Elle n esquisse pas un mouvement. Les yeux droits devant elle.
-Oui.
Anticoeur dit :
*Plus un souffle dans l'atmosphère alentour. On dirait qu'il est une particule d'air, silencieux derrière elle.*
Alors... Si tu l'aimais...
*Ses lèvres, prêt de son oreille*
Pourquoi tu ne t'es pas laissée mourir ?
Tiff dit :
Il est cruel. Tellement cruel. Ses paroles sont affreuses.
-cela te plait de me torturer ainsi?
Anticoeur dit :
Pourquoi. Tu ne t'es pas laissée mourir.
*Il répète, implacable, et sa voix murmure devient plus dure.*
Tiff dit :
sa voix de brise la vrille.
-c etait à peine quelques semaines après ma renaissance. ma Bête n'a rien voulu savoir. Je découvrais un autre monde et son sang etait lié au mien. etait le mien.
Anticoeur dit :
*Un léger silence plâne, survole les vestiges.*
Mais il était parti. Sans toi. Il n'est plus et ne sera plus jamais là. Ta bête était donc la plus forte ?
Tiff dit :
-Il... Sigvald... c etait... différent.
Elle ne sait pas. Ne sait plus.
-Ces nuits sont brouillées dans ma memoire.
Diane ferme les yeux. luttant pour rester droite alors qu elle le sent si proche.
Anticoeur dit :
*Il pose ses mains sur ses épaules, non pas par étreinte, mais pour la forcer à faire front. Violence déguisée.*
- Ce n'est pas une réponse.
Murmure.
Pourquoi tu ne peux pas répondre à ma question ? Tu l'aimais. Il n'est plus à tes cotés. Pourquoi Es-Tu Encore La ?
Tiff dit :
Ses paumes qui la stabilisent. Sans douceur. Sans réconfort. Promesse de sauvagerie. Diane pourtant ne se crispe pas. Sa peau réchauffée là ou il la tient.
-C'était la mortelle qui l'aimait. La Vampire n'a pas eu le temps de l'aimer pleinement. Pas eu le temps de le découvrir. pas eu le temps d'apprendre à ses cotés.
Anticoeur dit :
- C'est que tu ne l'aimais pas vraiment.
Tranche t-il, sans merci ni pitié.
- Ou alors tu croyais l'aimer.
Il se détache d'elle, comme s'il avait obtenu la clef de son énigme.
- Ramasse ton collier et garde le. Pour Lui.
Peut-être... qu'il reviendra.
Tiff dit :
-Tu ne sais pas. Tu juges... mais tu ne sais pas. Tu n as pas idée de ce que j'ai traversé à ses cotés ni de ce qu'il m' a fait vivre et subir.
Elle tremble comme une feuille. Malade de cette conversation. Malade d'avoir seulement évoqué Sigvald. Malade de sa dureté. Si elle se baisse pour ramasser le bijou, elle s'effondre. Un frisson cinglant.
-Non. Il ne reviendra pas.
Anticoeur dit :
Il ne la retient pas qu'elle s'effondre, au contraire. Il a l'air tellement plus grand, tellement plus droit, incapable de toucher terre.
- Je n'ai pas besoin des détails. Quand on dit aimer quelqu'un, on meurt pour lui. Tu entends ? On meurt.
Il s'allume une cigarette.
- Et s'il n'était pas vraiment mort ? Et si un jour il réaparaissait ?
Tiff dit :
-As tu déjà aimé, Carigän, pour dire cela? Es tu seulement capable d'amour?
L'incertitude des sentiments de Sigvald à son égard est une plaie qui est resté longtemps ouverte. Dans laquelle il taillade avec plaisir. Renvoyant un autre reflet. Si Sigvald ne l'a pas aimé, si Lui se détourne d'elle si aisement, peut être est elle tout simplement incapable d inspirer de tes emotions.[
-Donne moi une cigarette.
Si jamais il revenait? L'hypothèse lui semble abhérente. Impossible. Elle ne parvient pas à imaginer.
-Qu est ce que tu veux savoir exactement?
Si je me précipiterais dans ses bras?
de telles)
Anticoeur dit :
- Ce n'est pas la question, je crois.
Dit-il, paisible, les yeux qui passent par la baie ouverte sur la nuit. Il tire une cigarette à son paquet, son briquet et le lui tend, sans fléchir pour sa part.
- Je ne veux rien savoir. Je veux voir. Je veux comprendre. Ce n'est pas la première fois que tu te dérobes de mes questions.
Tiff dit :
Comment peut il etre aussi calme? Aussi détaché alors qu'il la dépouille lentement. Il lui faut deux tentatives pour allumer sa cigarette. Aspirant une longue bouffée.
-C'est la première fois que j'aborde le sujet de mon Sire avec toi.
Anticoeur dit :
Ses pensées semblent voyager dans les arabesques de la fumée, non là un accès de sa folie, autre chose. Sa voix est douce comme une ondée d'été. Lente. Vague.
- Tu me dis ne plus t'appeler Mansiac. Tu me dis cette vie révolue. Parler de cette vie te met à genou, t'effondre. Donc tu mens.
Un léger geste de la main qui joue avec les volutes.
- Alors. S'il revenait ?
Tiff dit :
-Je ne mens pas. Ce sont des souvenirs grincant que tu te plais à ranimer. Des moments... pénibles.
Elle n aime pas son analyse. Elle sonne trop juste.
-S il revenait, je ne quitterais pas tes cotés.

Anticoeur dit :
- Je ne m'y plais pas. Je sais qu'il n'y a rien de plus atroce que de regarder le passé dans les yeux. Mais tu mens. Tu illusionnes. Un Illusionniste ne se laisse pas flouer.
Avec le laisser aller d'un poète maudit, il s'assoie sur le rebord de la fenêtre, sentant la nuit danser dans sa nuque.
- Es-tu aussi sûr de cela que lorsque tu lui as dit l'aimer ? Qu'est ce qui change ?
Tiff dit :
Elle ne lui ment pas! Cela fait des mois qu'elle n'avait pas pensé réellement à Sigvald. Son collier est comme un talisman. un objet familier. Mais il la force à plonger des eaux troubles. Scarfifiantes. Diane fait un pas en avant. Appuyant son poids sur la table, luttant pour se soutenir. Observant sa silhouette mirage. Blessée. Epuisée.
-Toi, Carigän. Tu changes tout.
Anticoeur dit :
La nuit est fraîche dans sa nuque. Ses mains d'ombres aux doigts d'étoiles calment son fils nocturne. A ses paroles, il relève la tête, tend un sourire à peine discernable. Et puis ...
- Des mots.
Tiff dit :
Elle secoue la tête. Ses jambes achevant de la lâcher devant son impitoyabilité.
-Qu est ce que tu veux de plus?!
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:23

Il la toise l'espace de quelques secondes, sans répondre, comme si les mots avaient glissé de sa conscience vers son inconscience. Et puis il se lève, tranquillement, se dirige vers une petite armoire, en ressort une fiasque metallique. Il la laisse tomber, éclat fracassant, la repousse du bout du pied. Le récipient glisse jusqu'à Diane.*
- Des actes. C'est du poison.
Tiff dit :
Diane sursaute au bruit strident. Tournant son regard vers le Fils de Cain. Observant sa stature impitoyable. Elle le regarde. Caresse de ses mains la fiole.
-Pour qui, Carigän. Pour toi, ou pour un souvenir?
Anticoeur dit :
- Pour qui le boirais-tu ?
Tiff dit :
Elle harponne ses prunelles de Vide.
-Pour toi. Si l'idée de ma présence t es devenu si exécrable.
Anticoeur dit :
Son visage demeure détachée, ses yeux se tournant vers le plafond, comme de lassitude.
- Et bien bois !





Diane

La Bête en elle bondit. Hurle. Déchire les murs de sa conscience. Elle ne veut PAS en finir. Pas si tot! il y a encore tellement à faire. Tellement à s'amuser. Est ce que son eternité vaille si peu à ses yeux qu'elle puisse décider de la finir pour les caprices d un Illusionniste completement barré? non Diane. Tu ne va pas faire cela. Voyons. On a encore plein de truc à dévorer! A gouter!


Diane s'assoit en tailleur. Finissant sa cigarette. Sans hate. Ecrasant le mégo sur les dalles. Jouant avec la flasque. Elle frémit. Il la rejette. Si profondement. Si completement. Si définitivement. Elle joue avec le bouchon de la fiole. L'ouvrant sans la briser. Elle ferme les yeux. Dépecée. Elle avait promis à Dojoodorj qu'elle ne serait pas brisé. Elle a eu tord.


L'indifférence de Carigän est tout simplement trop insupportable. Elle porte la fiole à ses lèvres. Se demandant quel genre de poison peut tuer un vampire. Esperant que cela ne sera pas trop douloureux. Elle est lasse la douleur. Elle boit une gorgée. Puis une seconde. Avalant le contenu.



Carigän


Le poison est un élixir de feu, de soleil, de lumière, venu des contrées européennes, fief des Alchimistes. Comment font-il, pour mettre l'astre du jour en bouteille ? Cela est le secret de leur Art. Mais il lui a certifié que cela tuait lentement. Dans d'atroces souffrances. Que la gorge devenait une fournaise, que les entrailles séchaient des vers hors de terre.


Que les flammes de la géhenne se levaient dans le ventre, et qu'elle léchaient doucement les parois du corps qu'elle s'apprêtait à crever. Comme une vieille crysalide. Des petites pinces de feu lumineux qui ronges et poussent leur prison trop petite.


Carigän ne cille pas alors qu'elle avale le contenu. Si aisément. Néanmoins, il fait quelques pas vers elle et pose en genou à terre. Pour regarder sa souffrance dans les yeux. Sa souffrance qui va éclater et la tordre d'agonie jusqu'à ce que le mal fauche.
- Tu crois que cela en valait vraiment la peine ? Murmure t-il, levant son menton de deux doigts.


Diane


Elle n'a meme plus de larmes. Elles restent dissimulées en elle. Captives. Sa nuque est cassée sur son épaule, ses mèches rousses en voilages devant ses prunelles. Elle a ramené ses genoux, les entourant de ses bras, jouant avec la fiole maintenant vide. Sans souffrance? Elle doute. Carigän n'agit jamais dans la douceur pour les mises à mort. Elle aurait préféré le sabre du Guerrier mongol.


Il s'approche. Elle le sent. Pourquoi faire? Contempler la petite rousse qui s'est approchée trop près de ses flammes et a cru pouvoir trouver refuge au coeur de son etreinte? Railler encore ses élans et les sentiments qu'il a fait naitre sans les partager? Un sourire si pâle. Eteint.


-Que tu en vailles la peine? Toujours.
Aussi court soit il, ce toujours. Quelque secondes ou quelques heures.
-Toujours, Carigän Funéra. Je n'ai jamais douté de cela.
Elle se crispe, se cambre sous la chaleur pimenté qui couve dans sa gorge. qui enfle dans son ventre. Une fournaise qui s'allume.


Carigän


Un genou à terre, il se repaît de ce que ses yeux lui offrent. Des petits prémisses d'enfer. De la lisière d'une agonie démoniaque. De l'aurore d'un nouveau bûcher. Dans les yeux de l'Amazone vaincue, des ombres pâles s'étreignent ... une dernière fois. Un toujours retentit dans le silence ambiant, et le reste est sans importance. Le sourire de l'Illusionniste s'absente un instant.


Laissant son visage clair, blanc, pur. Il ne parle pas. Il n'a rien à dire, tout à écouter. Sa main qui cueillait alors son menton s'élève, brisant la froideur de sa joue, repoussant quelques filaments de cuivre. Lorsque la fournaise s'allume, il l'étreint pour ne pas la voir souffrir. Il la serre, fort, le profil de son visage abandonné contre le lustre de sa crinière d'automne.


Ses yeux voyagent au loin quand ses mains d'assassin la retiennent de tout élan. Enlierrant ses hanches et son dos, prison de chair. Un filet d'air s'échappe de ses lèvres.
- On aurait peut-être été heureux.


Diane


Il la regarde. Vide d'expression. sans âme. Sans rien. Ne laissant rien transparaitre de ce qui peut l'animer sinon une certaine avidité perverse. Diane ne parvient pas à lui en vouloir. Elle a choisit librement la fiole. Il ne l'a pas forcée entre ses lèvres. Son sourire disparait. Elle se cabre sous les doigts qui maintiennent son visage droit vers lui.


Le corps animé d une pulsion qui n'est pas vraiment la sienne. Il l'embrasse étroitement entre ses bras. Ne laissant plus un coin de sa peau toucher le mur. Elle est brulante. Son épiderme trahit la chaleur inhumaine qui s'élance en elle. Un cri rauque alors qu'elle se tord, impuissante. En elle, son sang s'insurge, tente de combattre ces piques de lave.


Sa gorge devient trop rapidement un trait de feu qui se contracte. La souffrance est barbarisante. sauvage. Diane s'abandonne dans ses bras. Se réfugiant contre lui. Encore un peu. Elle parvient à saisir ses mots.


-Peut être, mon amour. Peut être.
Du peu de force qu'il lui reste, elle le repousse. Ne veut pas qu'il assiste à cela. murmure presque inintellible.
-Part, maintenant. Va t'en. Je n'ai plus rien à t'offrir.
File, mon âme.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:23

Carigän



Il sent. La fournaise. L'antichambre de l'Enfer. Se déployer tout contre lui, juste au creux de ses bras. Il sent le soleil qui explose dans le petit univers de son étreinte. Il a beau la serrer, ces flammes ne s'étouffent pas, bien trop railleuses. Un spasme foudroie Diane. Lui se fait plus rigide encore, sa peau comme une glace d'homme condamné en statue.


Elle crie. Et il tremble. Comme s'il avait froid alors qu'il tient dans ses bras un petit fragment de soleil. Ses yeux dans le lointain, ouvert comme ceux du mort qui vient de prendre une flèche dans le dos, on dirait qu'il se défie lui-même du regard.


Elle parle. Et ses mots sont autant de petites lames qui lui embrochent le coeur. Sa douceur est impie, sa tendresse est une hérésie. Sa sérénité rendrait fou n'importe quel homme, rammènerait à la cruelle raison n'importe quel fou. Il étouffe dans sa gorge un gémissement de douleur qui démantèle la courbe de ses épaules.


- Non. Tu ne pars pas.


Des mots qu'il peine à articuler tant tout son être est flux de torrent. Il sent qu'elle le repousse, et il ne lui accorde cette poussée que pour la regarder dans les yeux. Atterré. Abattu. Accablé. Comme si elle l'avait trompé.


- Non. JE NE PARS PAS.
- Je ne pars pas. Tu entends ? Je ne pars pas. Tu ne pars pas. Je ne pars pas. Tu ne pars pas. Je ne pars pas. TU NE PARS PAS !


Ses mains viennent empaumer son visage, presques dures. Mais tellement défaillantes. Impitoyables. Mais tellement vulnérables.
- Tu entends, ce que je dis ? C'est un ordre. Un ORDRE !


Il hurle. D'une voix perforante à pétrifier d'horreur tout un monde, à souffler toutes les flammes des rêves alentours. Un cri à briser le temps et l'espace, un cri qui détruit pour ne rien reconstruire. Elle lui demande son départ, mais il est toujours là. Il ne peut pas partir, avec tous les bris d'âme qui traînent autour de lui.


Ses bras la soulèvent, avec une facilité qui le dégoûterait presque tant elle est lâche. Il se redresse, avec le sentiment de se lever au beau milieu d'un champ de ruines encore fumeux d'une guerre sanguinaire. Des volutes de brumes viennent les faucher pour les souffler jusque dans ses quartiers privés.


Lorsqu'il apparaît dans la pièce nouvelle, la pièce est tamisée et une silhouette de femme se tient penchée sur une petite table d'étude, en train de trier des ingrédients disparates. Sentant la présence, la silhouette se raidit, tourne un visage vers les arrivants.


- Shazën.
- Carigän ...


Shazën est horrifiée par la scène qui se déploie sous ses yeux. Par l'expressions des visages.

- Fais quelque chose. Je t'en prie ...


Il y a quelque chose dans son ton qui la pétrifie sur place. La guérisseuse comprend instantanément que le temps presse. Elle s'approche en hâte de Diane, pose sa main hâlée juste sous sa gorge qui trépide de fièvre. D'une main, elle balaye sa table de travail, et une multitude de fioles se fracassent par terre.

La silhouette de la Sylphide est déposée sur l'espace alors nu, et déjà Shazën se précipite vers ses outils.
- C'est quoi ? Lance t'elle.
- Du poison jaune.
- Comment a t'elle pu ...


Non. La guérisseuse ne finit pas sa phrase, comprenant que les tenants et aboutissants sont d'une compléxité labyrinthique. Sa main rencontre le front de Diane, peau polaire sur peau terre de feu.


- Excuse-moi, petite fille, pour les barbaries que je vais commetre à ton égard.
Puis, Shazën levant les yeux vers son maître.
- Est ce que ... tu restes ? Tu pourrais attendre deho...
- Je restes.
- Bien, Carigän.


Elle plonge la lame dans le ventre de Diane, sans égard pour les vêtements dont elle déchire les précieuses étoffes. La plaie pratiquée est immense, comme une immense pirogue sanguinolente planté dans les eaux houleuses et blanches qui font les formes de la jeune femme. Des heures se succèdent. Dans son travail de fourmi, Shazën part préveler chaque goutte installé dans les muqueuses.


Dès lors que le liquide a foré, elle applique un onguent qui bulle, comme si deux produits toxiques se détruisaient l'un au contact de l'autre dans une bataille de souffrance. Au bout de la cinquième heure, elle termine parachève son travail de chasse solaire.


- La nature vampirique se chargera du reste...


Lâche t-elle, contemplant la plaie béante, dont elle ligature les franges pour favoriser un rétablissement le plus prompt possible. Durant toute l'opération, Carigän est resté en amont du brancard improvisé, ses deux mains froides contre les joues brûlantes de l'Amazone. Ses lèvres s'attardant parfois sur son front.
Ses yeux suivant le travail de Shazën, la pupille si tranchante qu'elle semble capable de trancher les mains de la guérisseuse.


- J'ai fini. Veux-tu que je sorte ?
- Oui.
Shazën se penche en avant et hâte quelques pas vers la porte.
- Attend, Shazën.
- Je n'ai rien vu, Carigän. Rien entendu. Rien fait. Rien remarqué. Rien pensé.
- Merci.


Un sourire fendille le visage doré de la jeune femme cobra.
Puis elle disparaît sans plus laisser de trace, laissant à la petite pièce un vide encore teinté du sang de ces secondes plongées tête dans l'horreur. Doucement, le silence revient comme un printemps doux après un hiver trop long. L'ambiance tamisée et dorée des quelques bougies éparses glissent des ombres tièdes sur les murs. Carigän ne pipe mot.



Il attend qu'elle reprenne conscience, qu'elle revive, qu'elle rescussite, qu'elle le raille, qu'elle lui dise qu'il est Louveteau. Ses lèvres s'attardent à effacer l'odieuse cicatrice qui court son corps malmené, s'arrêtant sur chaque grain de sa peau qu'il ressoude comme un artiste. Il faut que sa blancheur soit sans barrage.


Ses lèvres finissent leur oeuvre en effleurant les siennes. Puis, assis sur un vieux tabouret qui grince à son chevet, épuisé par le déferlement des évènements, par la cascade de ses émotions, il finit par rendre les armes. Dans le berceau de ses mains, il recueille celle de Diane, guettant un mouvement. Sa joue vient échouer sur le ventre de la Sylphide, sur le blanc velouté maculé de sang.


Comme s'il posait son visage sur une terre nouvelle dont on veut entendre la vie, dont on veut humer au plus près les parfums et les secrets. Et puis ses paupières tombent, fatalistes. Et il pourrait attendre des millénaires ainsi.


- Pardon.


Murmure fantôme qui franchit ses lèvres, si ténu qu'il semble s'être faufilé en cachette, loin de sa conscience.
L'onde de son visage se détend doucement. Il ne ressemble plus ni à un monstre, ni à un fou, ni à un chef, mais à un homme qui dort. Pourtant, ses sens veillent, ses sens attendent les siens.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:23


Diane



Diane est dans un océan de souffrance. Une mer de Flammes qui semble vouloir la dévorer avec une lenteur de fourmis rouges. Elle se vrille dans les bras de Carigän. Se pressant par instant contre lui pour tenter de soulager son épiderme incandescent contre sa peau si fraiche. Sans succès. Sans réalité. Sa nuque est rejetée en arrière et ses yeux se voilent sous les vagues qui se succèdent.


Il doit partir. C'est essentiel. Urgent. Important. Il ne peut pas rester là. Pourquoi ne voit il pas l'évidence? Ses pensées sont troubles. Multiples. Etoiles filantes dont elle ne parvient plus à avoir une claire vision. Elle n'est pas en colère contre Lui. Ne ressent aucun ressentiment. Elle a tout essayé. Tout tenté. Il n'a pas voulu accepter.


Son amour pour lui est une passion folle et intense. Une vie qui ne supporte pas l'absence. pas le rejet. C'est son droit. Les sentiments de la Sylphide n'engage qu'elle. Elle ne peut lui en vouloir pour ne pas les ressentir. Cela ne fait rien. Avec lui ou rien. Elle l'a compris dans la toundra. Elle l'a compris devant Dojoodorj. Pourquoi n'est il pas là pour prendre soin de son Prince?


Diane redresse la nuque. Luttant pour croiser ses orbes noires. Ses lèvres sont éclatés par le poison qui les a frolés lorsqu'elle a avalé. Un filet de sang coule le long de leur commissures, bouillant. Il doit accepter l'inévitable. C'est important. Et elle veut que ca s'arrete. Elle est dévorée de l'intérieure par des centaines de mendibules qui la dépiaute.


Elle parvient à lever une main, la posant sur son front. Terriblement désolée par la souffrance qu'elle lit dans son regard. Ne pleure pas, mon amour. Ce n'est rien. Ce sera bientot fini. Parler est une difficulté atroce. Un supplice. Sa gorge est un étau porté à vif.


-Je pars, mon adoré. Ce n'est pas grave. Cari... tu dois m'écouter. Ne restes pas contre moi.


Elle ne le repousse pas pour le plaisir ou par vengeance stupide et mesquine. Non Diane a autre chose en tête. Une seule chose qui lui importe. Une transe la secoue et sa seconde main déchire l'épaule du Prince sous son hurlement irrepressible.


-Je ne sais pas comment... mais je brule. Je Vais bruler, mon Ame. et Je refuse que tu brûles avec moi. Je refuse que les flammes t'emportent. Ton clan a besoin de toi. Veragän a besoin de toi. Tu n'as pas le droit.


Elle sent sa tête maintenue par ses paumes. Ne sent il pas des cloques qui se forment sur ses paumes tant elle est bouillante.L'Amazone tente d'arracher ses vetements, ils fument mais ses mains reposent sur Lui. Pas de possibilité. Impossible. Elle se tétanise. Tentant d'accrocher son regard alors qu'elle sent ses prunelles se voiler. Plus assez d'humidité dans son corps pour alimenter ses globes occulaires qui se dessechent et se fane. Ses paupières se closent. Définitivement. Toutes les ressources de son corps luttent
contre l'incendie. Sans effet.


-Ecoute moi pour une fois. Une dernière fois. S'il te plait. Laisse moi avant d'être consummé à ton tour. Je ne veux pas que tu me regardes, cela sera..... vilain. S'il te plait, ma nuit.


Sa peau se parchemine sous l'effet des flammes internes et elle peut en sentir les mouvances. Rapellant les mouvements perdus de l'enfant qu'elle a porté un jour.


Son epiderme va se fendiller, elle le sent. Le cri de Carigän est une souffrance suplémentaire. Il contient tant de desespoir. De non dit. Ho mon Ange Sombre, je suis désolée, désolée de tout cela. Diane ne perçoit qu'à peine le changement d'état. Simplement qu'elle repose dans ses bras. contre son torse. Maudit. Je ne veux pas que tu prennes le meme chemin que moi! Une fois dans ton eternité,[
écoutera tu une femme? Shazën? Elle aime le parallèle. La belle illusionniste qui l'a acceuillit le premier soir. Elle l'a appris plus tard. Elle tente de lever une main. D'attirer son attention alors que leur échange est un brouillard. La jeune vampire délire et divague. Entre deux frissons de brulures symphonique.


-Shaz... Shaz.... Carigän ne doit pas être là. Je ne veux pas qu'il soit blessé. J'ai promis à Dojodoorj de le protéger, tu sais. ne ris pas. C'est vrai. Ne le laisse pas à mes cotés. Toi aussi va t'en ou les flammes te mangeront aussi. Pas question. Shaz! Il t'obéira, toi, mon amour buté.


Une main fraiche. Les illusionnistes sont t'ils tous Barrés? Elle ne comprends pas le danger? Elle, elle a choisit. Pas eux! Shazën parait s'excuse. Elle ne sait pas. Ne voit pas. Entend à peine. Un rale sombre alors qu'elle prend conscience d'une surface dure sous son dos. Diane tente de se recroqueviller. balbutiante. La Néo nate s'ecorche les cordes vocales lorsque l'acier tranche ses chairs.


Ne peut meme plus pleurer sous le renouvellement des maux. Pourquoi est ce qu'il lui inflige cela? N'est ce pas suffisant de lui offrir son éternité qu'Il doive la poignarder? Carigän. Clémence. Elle perds connaissance. Pour sombrer dans un voile noir. Elle emmerge par instant. Pour retrouver son agonie. Diane ressent les mains du Prince sur sa peau.


Pourquoi les flammes n'ont elles toujours pas percées? Elle perd à nouveau le fil. Sa conscience s'évadant toujours plus profondement. plus loin. Avant de s'éteindre. Soleil qui se lève pendant la nuit. C'est l'absence de souffrance qui la ramène. Lentement. Diane réalise que sa gorge n est plus en feu. Que son ventre est calme. Une eau ouatée. Un calme trompeur. Ses paupières restent soudées.


Un poids sur son ventre. Avec l'impression que sa main pèse une tonne, elle la lève pour en explorer la cause. douceur de soie qu'elle reconnait. Lentement, elle s'habitude au contact des cheveux dans sa paume. Effleurant le front, dévoilant l'arrête du nez. touchant ses lèvres. pour être sure. Pour être certaine. Parce que Diane veut être certaine de ne rien avoir imaginé
Un souffle... si doux. Si lèger.


-Carigän....
Elle n'ose bouger un muscle. De peur de reveiller les elancements incendiaires.

-Carigän. Je t'aime.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:24

Carigän



Carigän a l'impression d'être éveillé en plein cauchemar. Un cauchemar absurde, insensé, dont les éléments s'amusent à le rouer. Un cauchemar qui court, qui se métamorphose à vive allure sans l'attendre, qui lui tourne la tête si follement que ses idées sont propulsées au loin, arrachées à leurs nasselles. Elle ne l'attend même pas pour se consumer.


Elle ne l'attend même pas pour se révolutionner en volcan, elle s'élance solitaire dans les feux terribles. Pourquoi. Pourquoi n'obéit-elle pas ? Il est Roi, indiscutable Seigneur. Ils se trouvent dans le coeur palpitant de son Royaume. Alors pourquoi discute t-elle ? Je ne pars pas. Tu ne pars pas. Pourquoi doit-il répéter ces mots qui s'entrechoquent et s'entrecassent dans sa bouche ?


Elle l'observe, et ce qu'il résout de l'énigme marine que sont ses perles de ciel, tisonne sa rage sourde. Elle l'observe comme si la victime n'était autre que lui. Alors que les flammes s'en prennent corps et âme à son corps à elle, à son esprit à elle, à ses charmes d'impétueuse ondine des feux ardents. Carigän sent sa raison le quitter en fracassant tout sur son passage.


- Tu ne pars pas. Non. Non. Non. Non. Non. Tu ne pars pas. Tu ne ... pars pas. Tu ... ne ... Pars ... Pas.


Des mots qui meurent à ses lèvres comme des oiseaux aux ailes cassées. Non, il ne l'écoute pas. Il s'obtine à répéter comme si ces mots étaient détenteurs d'une magie qui la sauverait de sa noyade lumineuse. Elle parle de mort, de sa mort, de ce qu'il laisserait.
Et ces paroles le fânent, lui écrasent l'échine, se perdent dans le reflet de ses yeux, fenêtres vandalisées par la détresse. Il ne la lâche pas.


- Personne ne va brûler. Personne. Diane ... Personne ! Pas toi. Surtout pas toi. Jamais toi ! Pourquoi tu ne m'écoutes Jamais ? Pourquoi tu n'en fais ... qu'à ta tête ...

Il cherche son regard que le poison encendre.
- DIANE ! Le feu m'a pris mon frère ! Tu crois que je vais le laisser ... te prendre TOI ? DIANE ! Regarde moi. Pas avec ces yeux là !
Ces mots qui semblent lui faire l'effet d'un souffle de vent. Même pas. Elle s'éteint à vue d'oeil. Sous ses paumes qui la forcent à le regarder, la peau se courbe, se craquèle et lui ampoule les doigts.


Douleur fantôme, l'Illusionniste demeure insensible aux messages douloureux qui court ses nerfs. Est-ce la Folie qui le rend si téméraire à l'approche du bûcher ? Est-ce la Folie qui l'ampute de son instinct de survie de manière aussi chirurgicale ? Probablement. L'écouter une dernière fois ? Non. Non.


- N o n. J'ai dit N o n.
Caprice de prince habitué à ce que l'on cède à ses faveurs.
- Tu ne mourras pas ... ma Vie. Je le refuse.


Les brumes les ont transporté en d'autres lieux, sous d'autres cieux. Alors qu'elle est à pied d'oeuvre, ses longs doigts de charmeuses gantés de sang et de lambeaux de chair, Shazën est d'une patience impossible. Diane délire, pourtant rien n'entrave l'acharnement de son travail et la précision de ses gestes.


La sirène orientale entend des choses qu'elle ne devrait pas entendre, mais rien de cela ne la surprend. Elle ne répond pas. Parfois elle lui tend un sourire rassurant, parfois elle se fait murmureuse. Chut, petite fille, chut.


Rien d'autre ne trouble sa patience, à croire qu'à vivre chez les Illusionnistes, comme on peut devenir passe-muraille à fréquenter des Elémentaires, elle, serait devenue passe-tempête. Lorsque son office est terminé, elle embrasse le front de Diane, passe une main mielleuse sur l'épaule de Carigän et disparaît après quelques mots scellés par la confiance.
Elle disparaît jusqu'à la prochaine fois, elle ne le sait que trop bien.


L'atmosphère retombe alors et les minutes ré-apprennent à respirer. La joue contre son ventre, l'Illusionniste patiente avec des traits de gamin assoupi. Une vibration froisse l'air, une onde de vie anime les courbes jusqu'alors immobiles.


Mais Carigän garde les yeux clos, comme pour mieux écouter le monde qui murmure des légendes sous sa peau. Et puis, il sent une pair de doigts légers se balader dans ses cheveux, sur son visage, ses lèvres. Elle Vit. Elle est là. Elle l'aime. Un soupir frais vient délivrer sa cage thoracique avant de partir survoler le velours de sa peau.



Son silence parle. Son silence est un monde de culpabilité, de détresse. Son silence, ce sont les explications qu'il ne fournira jamais, les explications qui n'existent pas et qui n'existeront pas. C'est la seule réponse juste dont est capable un fou, un aliéné. Une vérité qui le gifle à cet instant plus que tout autre. Une prise de conscience qui se glisse entre ses brumes pour le perforer.


Lentement, ses paupières s'ouvrent, mais il ne se redresse pas. Pas tout de suite. Il laisse courir une main sur les vallonnements de son corps constellé d'étoiles de sang sec. Doucement, son visage se relève enfin, après quelques minutes de précieux silence. Son regard plonge dans le sien, cassé, alors qu'elle demeure étendue. La lucidité est sa pire ennemie.
La plus cruelle.


Lorsqu'il se redresse, ses bras viennent la cueillir de son brancard barbare encore clairsemé d'outil. Il l'arrache à ce monde de souffrance fantômes. La silhouette fragile contre lui, Carigän s'approche de la grande fenêtre ouverte sur la nocturne, et y prend place avec elle, le dos contre le chambranle et une jambe dans le vide.


Il faut qu'il quitte le coeur de cette pièce confinée qui retentit encore des cris qu'elle a vociféré lorsqu'on lui ouvrait le ventre. Il faut que la nuit leur rappelle ce qui n'a pas l'odeur de la viande ouverte et ce qui n'est pas souffrance. Ses bras autour d'elle, ses lèvres sur son front, il finit par tirer le col de sa chemise jusqu'à le déchirer par mégarde.


Lui offrant la courbure de sa gorge. Tournant ses yeux vers les mondes qui se dessinent dans les pénombres célestes.

- Bois ... ma Reine.
Sa voix basse se mêle à la respiration de la lande herbeuse.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:24

Diane

Il ne sabre le silence qui suit ses paroles d'aucuns sons. Diane découvre qu'il n'y a aucune colère en elle. Aucun ressentiment à l'égard de Carigän. Ce qui vient de se dérouler est de son fait. Elle est simplement... apaisée. Apaisée de le découvrir à ses cotés. Apaisée de ne plus avoir mal. Apaisée de sentir sa peau sous la sienne. Apaisée de se savoir Vivante.


Elle connait la folie de ses propres passions. De ses engagements. A conscience qu'elle joue avec les éléments jusqu'à sa perte. Certes le Poison etait sien. Aucune importance. Elle a bu d'elle même. La naiade ne peut se lasser de sentir les soies de son épiderme contre le sien. Pour la première fois depuis longtemps, elle est sereine. Il est là. Ses doigts rédouvrent les collines de son buste,


de son ventre. Comme pour conjurer les flammes qui en sont nées. Lentement ses paupières se rouvrent. Une crainte lointaine à ne pas retrouver la vue qui se dénie. Ses yeux ciel rencontrent les siens. Un sourire délicat, intérieur qui n'existe que pour lui avant que Diane ne recoivent les félures qui lézardent en lui. Du mieux qu'elle peut, elle secoue la tête.


Ne désirant pas troubler ces instants par des paroles trop vives ou qui pourraient blesser. Non, mon Roi. Non. Vous n'avez rien à vous reprocher. Non. Vous êtes là. Non. Carigän, je te promet que ca ira. Elle a une confiance sans limite en lui. Son regard est lumineux. D'une limpidité d'ondine. Il ne s'agit pas d'un pardon, il n'a rien à se faire pardonner.


Ses doigts glissent sur sa nuque, lorsqu'il se penche, elle en profite pour faire pression. Pour qu'il se courbe encore un peu. Juste un peu. Pressant ses lèvres contre les siennes. un baiser à la saveur de renaissance. Pour elle en tout cas. Après avoir cru ne plus avoir accès à lui. La Sirène se niche dans ses bras, acolant sa nuque dans le creux de son épaule.


Rassurée par la présence de ses bras. Par la fermeté de son torse. D'un geste, elle achève de se débarasser des moitiés de sa chemise déchirée. Préférant sa peau nue à ce tissu délabré. Un soupire qui lui échappe alors qu'elle incline la tête pour chercher son regard. L'air de la Nuit est une bénédiction, une douce fraicheur dont elle ne saurait plus se passer.


Elle accepte la Soif qui règne en elle. Conséquence logique. Cela attendra. Plus tard. Elle est encore loin des terreurs de la Frénésie. Et sait que Carigän ne la laissera pas souffrir de ces affres cette nuit. Un frémissement qui la traverse et l'avive lorsque la Flamme comprend la signification de son geste. Elle cherche son regard. Souhaitant qu'il n'agisse pas ainsi par regret.


Par culpabilité. Ce serait insupportable. Ma Reine... Qu'entend il vraiment par là... Elle scrute son profil. Longtemps. Sa bouche se pose contre les flancs de son cou. Acceptant son offrande. Aprivoisant son derme de la langue. L'embrassant. La Néo nate noue ses bras autour de ses épaules, lui rendant son étreinte. Ses crocs se dévoilent. Caressent encore sa peau.


Elle n'agit pas ainsi pour le torturer ou se faire languir. Mais par révérence pure. Avant qu'elle ne le morde. Sincèrement. Franchement. Un soupire de volupté qui l'étreint alors qu'elle presse son buste nu contre sa chemise. Diane s'ancre à lui lorsque sa Vitae déferle en elle. Lorsqu'il partage avec lui les merveilles uniques de son Sang.


Elle l'aspire avec une délicatesse teinté d'avidité dont elle maintient fermement les rênes. Ivresse de son sang qui abreuve ses sens. Le temps disparait. Elle ignore combien de temps s'écoule avant qu'elle ne se force à rentrer ses épines de nacre. A lécher la plaie qu'elle vient d'ouvrir en lui. Un murmure délicat qui ourle ses lèvres rougies


-Repose avec moi durant le lever du soleil... Ne me quitte pas aujourd'hui.


Une demande. Elle le veut proche d'elle. S'il le désire aussi. Elle n'a pas plus de certitude sur ses sentiments qu'avant de boire. Sinon qu'il est là. Qu'il a agit. Pour elle. Que quelque chose s'est fendillé en lui. A cause d'elle. Carigän est tellement complexe qu'elle ne sait quoi en penser.


-Je suis désolée.


Elle ne sait pas pourquoi. Pour tout. Pour tous ses faux pas. Pour son impulvité. Pour sa jeunesse trop arrogante. Pour lui avoir fait du mal. Pour les tremblements de terre qu'elle provoque. Pour avoir mordu Véragän. Pour son insolence. Parce qu'elle n'est pas à la hauteur de ce qu'il est en droit d'attendre.


Les larmes qui n'ont jamais vu le jour durant leurs écharpements la submerge. Dévastant ses joues, en silence.
-Je suis désolée, mon Roi.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:24

Carigän

Il y a le silence nocturne qui assourdit leurs sens écorchés vifs. Il y a la nuit qui les enveloppe de ses soieries bleue de méthylène. Il y a la lune qui se repose dans un berceau de nuages. Et puis il y a Elle, et ses yeux étrangers du repproche, et l'arc qui ne connaît pas la flèche, celui de son sourire. La violence qui les a précédée n'est plus qu'un folklore qui prête à l'incrédulité.


Un baiser s'échange, furtif, arrachant un sourire inespéré sur son visage en ruines. Ses lèvres à la pulpe de fruit le réveille, de son sommeil de glaces éternelles et de nuit noire de crypte. La lune se réverbère sur la peau nue de Diane, la nimbant d'ombres gris de perle et de reflet laiteux, en révélant aussi la Soif terrible qui tire par endroit ses muscles, pas totalement alanguis.


S'il lui offre sa gorge, ce n'est pas pour servir la culpabilité, ni même la détresse, il n'est même pas question de réparer ses actes abominables. Non. Il le lui certifie d'un regard sans nuance, d'un sourire aux accents fiers. Son Sang pour qu'elle soit belle, pour ne jamais qu'elle fâne, pour que les derniers sédiments du massacre partent d'ici.


Son Sang parce qu'il a eu peur, et qu'il n'a jamais honte de sa Peur. En lui, la peur est presque éteinte, si rare qu'elle en devient précieuse, un joyau de couronne d'humanité qu'il aimerait à contempler plus souvent, peut-être ? Peut-être. Elle était bien là ce soir, érigée en oriflamme alors que l'Amazone se mourrait de lumière.



Bois, répète son silence. Et ses yeux disparaissent sous ses paupières lorsqu'il sent ses lèvres venir rencontrer son essence. Ses mains s'arriment dans ses reins, la pressant contre lui. Egoïste. Jaloux de la nuit qui se permet de la regarder. Les crocs qui pénètrent sa peau sont ceux d'une Reine. La Reine sauvage et farouche qu'elle sera, dans mille ans ou demain.


Dans son ventre, quelque chose se tord et s'étire, lui arrachant un souffle de volupté mêlé de lâcher prise. Ses doigts lui répondent, s'enfoncent dans sa peau. Sa tête bascule en arrière lentement, mouvement de fauve paresseux. Ses yeux s'ouvrent à peine sur la nuit qui lui paraît habillée de nouvelles nuances.


Il connaît les fragrances de son Sang maudit. Quand celui de son frère ravage les sens, le sien les dillue, les drogue presque, en polit les arêtes tranchantes, émousse les questions, les complexités de l'esprit, laisse la place aux sensations les plus nues. Cette nuit, ce monde du superflu n'existe déjà pas. Il n'y a que l'essentiel qui respire.


Un murmure le rappelle. Alors il revient. Lui dévoilant son visage dans sa quiétude la plus blanche, comme si des évènements passés il ne subsistait plus rien. Comme si. Un sourire vient s'assoir sur ses lèvres, un léger rire de gorge, à peine audible, soulève son torse d'un rien. Amusé ? Non. Attendri.


- Je ne m'imaginais pas survivre à l'aurore sans ... toi.


Et puis des excuses dégringolent de ses lèvres, dernières gouttes de venin qu'elle expulse de son corps, dont elle se défait, dont elle ne veut plus, dont ils ne veulent plus, en fait. Pas cette nuit en tout cas. Demain sera autre, mais demain n'existe pas.


- Non.

Et ces perles pourpres qui se permettent de rouler sur ses joues blanches.
- Non ...


Puisqu'elle commence à disparaître derrière ce rouge en rivière, il la retient, l'empêche de partir, refuse l'indépendance de leurs regards. Ses paumes viennent chercher ses joues, s'imprégne de ses larmes et en partage le sel. En partage le rouge, qui les tâchera alors tout deux.


- Non, pas ce soir, Diane. *Léger silence. Un sourire qui naît en retard.* Oublions. Tout. Pourquoi pas ? Tu m'as dit que ton passé était mort, qu'il n'existait plus, et tu avais peut-être raison. Alors non. Pas ce soir. Ni demain. Une aurore sans question, sans regret, sans tâche de sang. Juste le blanc de ta peau ...


*Ses mains sur ses joues, dont les doigts effeuillent les larmes. Ses mains qui glissent le long de son cou, de ses épaules, naviguant au hasard des ombres et des lumières, s'égarant sur ses seins, filant par ses côtes pour retrouver son dos. Pour qu'elle ne puisse jamais s'enfuire.*


- Oublie tout ça, ou alors défais t'en ... *Dit t'il en l'attachant à lui.* En me racontant. Parle moi ... de toi.
- Parle moi de celle qui se cache sous ce visage ... J'aimerai la connaître. Parce qu'elle m'intrigue. Parce que je ne comprends pas ce qu'elle fait ici. J'aime sa présence, mais je ne comprends pas. J'ai peur qu'elle parte.







Diane

Diane dodeline dans le berceau de son corps. Attentive uniquement au Cainite qui la tient au creux de ses bras. Le murmure permanent de sa Forteresse n'a plus de sens. Par instant, elle frissonne, croyant sentir encore l'impérieuse démangeaison avant de se rapeller que son esprit lui joue de bien triste tour. Se pressant d'avantage contre Carigän pour chasser ces sensations fantomes.


Son sang. Pour elle. Uniquement pour elle. Juste pour elle. Rien d'autre. Voilà les libelulles que la Femme-Enfant puise dans ses prunelles à l'heur' de son Don. De son présent. Elle a voulu son Essence. Dès les premiers instants. Un désir lancinant jamais satisfait auquel elle n'avait osé donné voix, ne sachant que trop combien la Vitae Cainite est sacrée.


Surtout celle du Prince des Montagnes. Surtout après avoir prophané son Frère. Non, Diane n'a jamais demandé, sachant le refus cinglant et leurs relations barbelées. Ses mains deviennent protectrices, remparts et dentelles. Il l'habille de ses paumes alors que ses Canines transpercent la barrière de son épiderme de marbre. Diane ondule vers lui, perdue dans cette sensuelle volupté qu'est le Baiser
Elle ne tombe pas. Ne se désagrège pas. La Vitae de Carigän est une mise à nue. Une percée Vérité. Il agit puissament sur les sens aiguisés de sa compagne, la dépouillant de tout faux semblant, de tout voile qui pouvaient encore être présent. Ne présentant à lui plus que l'essence même de Diane. Un soupire de sérénité. D'apaisement. d'Etre.


La Sylphide se meut à peine avant de lui murmurer quelques vocalises venues de son dépouillement. Une demande simple et cruciale alors qu'elle renait sous son sourire de musicien des étoiles. Ses lèvres s'incurvent à sa réponse, présentant presque un ronronnement du fonds de sa gorge. Une main se lève pour explorer les lacets de ses traits, les vallons de son visage.



-Alors je te garde. Pour moi. Avec moi.


Il ne saurait en être autrement. Une autre digue cède, sans douleur, des larmes qui lavent des plaies encore mal cicatrisés, suppurantes et qui commencent cette nuit leurs guérisons. Elle n'a pas honte de ses larmes, ne cherchent pas à les retenir comme une créature coquette pourrait le faire. Elles existent.


Ses prunelles se brouillent sous la mouvance écarlate. Son visage relevé vers lui par ses soins, la douceur de ses doigts qui écartent cette mer nouvelle. Leurs regards rivés l'un à l'autre. Elle ne tente pas de se dissimuler à lui. Les secrets, cette nuit, n'ont plus séance entre eux. Oublier? Elle n'est pas si douée que cela alors que son calme revient sous les vents nocturnes. Attentive à ses paroles d'or autant qu'à ses interlignes. Elle acquièsce.


-Cette nuit. Pour cette nuit et les prochaines.


Elle ne peut rien promettre de plus, ignorant encore les conséquences de leurs actes manqués. Leurs doigts se répondent et se découvrent. Nouvelle et précieuse connaissance de l'autre. Diane dévore l'épiderme de son visage pour s'évader vers les arrêtes de son épaule.



Navigant sur les courbe de son torse. Ne se redressant que pour mieux se lover contre lui. Une abîme de reflexion qui s'ouvre encore sous ses pieds. Lui parler d'elle? Quoi dire? Que dire? Comment? Parler d'elle? Diane n'est pas certaine de savoir faire... Néanmoins ses derniers mots l'electrisent. Non. Il ne peut pas. Il n'a pas le droit. Elle incline l'angle de son cou pour qu'il ne regarde plus qu'elle. Juste elle. Uniquement ses prunelles d'aurore.


-Ho Carigän.... N'as tu donc pas encore compris? Je ne partirais pas. Je ne veux pas partir. Je ne peux pas partir. La seule chose qui me verrait disparaitre de ton horizon, c'est toi. J'ai déposé mon Eternité à tes pieds, Loup. - N'est ce pas assez que tu me poses cette question là entres toutes? Je ne partirais que la Nuit où tu ne sera plus qu'indifférence envers moi. Que lorsque ma vue n'éveillera plus rien en toi qu'ennui. Que lorsque tu tronera avec, à tes côtés, une nouvelle concubine. Je ne pars pas.
Ses lèvres joignent les siennes pour un baiser de sel et de sang.


Pour savourer quelques secondes la caresse de sa bouche. Pour sceller ses paroles. Avant de revenir à ses interrogations. N'a til pas procédé à une vérification de son identité les heures suivant leur première rencontre? Peut être pas. Dojoordorj? Peut être. Elle ne peut imaginer les Illusionnistes acceuillant au sein de leur demeure une néo-nate sans s'assurer de sa personne.


Cela contreviendrait à toutes règles de prudences... Néanmoins, elle ne prétend pas cerner le Loup des Steppes, sa logique n'est pas tout à fait la sienne. Parler d'elle. Se raconter. Ne serait ce pas du premier ennui? Le corps de Diane louvoie un peu, nichant sa tête juste sous la sienne, dérobant, pour l'instant l'éclat azur de son iris.



-Je vais essayer, Carigän... Je vais essayer de t'expliquer les remous qui m'ont conduit en Russie. Jusqu'à toi. N'hésites pas à me poser des questions ou à m'interrompre si tu as l'impression que je saute des étapes. Peut être.. le plus facile... le simple... Je suis, j'étais Anglaise. Je pense que tu le sais déjà à mon accent. Londoniènne. J'ai eu une enfance chaleureuse, heureuse, entre Timoty, mon frère ainé et Sophie, ma petite soeur. Nous étions une famille sans problème. Unie. J'ai grandie entourée, aimée. Très vite, pour moi mon avenir était tracée. Je serais la plus jeune commissaire de Scotland Yard. J'ai toujours été ambitieuse. Je le suis encore, je crois. J'aimais ce monde aux frontières tracées.


Un petit rire qui lui échappe alors que ses mains se faufilent sous sa chemise. Pour l'instant, c'est facile. Sans douleur. Elle ressucite pour lui un monde qui n'est plus vraiment le sien.


-J'ai adoré être flic. J'ai detesté la Fac de droit. Mon temps libre se diffusait entre ma famille, Tim a deux enfants... Lucas et Heloise. -Un frisson lorsqu'elle évoque les deux enfants. A la dernière vision qu'elle a eu d'eux.- Peut être d'avantage maintenant. Je ne les ai pas revu et je ne le reverrais pas. et des sorties dans londres. Je n'avais pas de mec fixe. J'avais autre chose à faire! Completement autre chose à faire que de mettre en couple. Ma carrière était primordiale.

Elle secoue la tête. Amusée par ses propres fouillis.


-Si on compte mes années mortelles et vampirique j'ai 35ans. 36. J'ai un peu perdu le fil depuis ma Renaissance. J'allais atteindre mes 31ans lorsque Sigvald m'a Etreint.
Elle relève la tete pour croiser son regard.


-Tu sais que j'ignore jusqu'à ton age? Je sais que tu dois avoir plus de six cent ans... mais plus précisement que cela ...

Elle se tait quelques instants.


-Emmène moi ailleurs, s'il te plait. J'ai envie de lac ou de torrents, d'odeurs de lavande ou d'orangers. C'est à toi qui je veux parler. Pas au Prince Illusionniste, mais à mon amant. Pour une nuit ou deux. Dojoordorj peut prendre les rênes?





Carigän


Espace temps léger, composé de quelques nuits qui se tiennent par la main pour composer une petite éternité blanche, laquelle s'enclave en terre de feu, de sang, de morts. Une rupture. Une brèche. Un peu de sable doré parmi les cendres fumeuses qui embourbent l'éternité des enfants nocturnes. Il l'écoute, un sourire aux lèvres, et il l'Entend.


Les doigts de nymphe qui dérivent sur son corps contribuent à préserver limpide ces eaux dormantes qui innondent son monde intérieur. Leurs regards plongés l'un dans l'autre, le ton presque réprimandeur de Diane génère dans sa gorge un soufflet d'amusement. Lui, qui ne comprend pas ? Non.Et il n'a jamais rien compris des choses qui l'entourent, inventant sa réalité, le peignant d'aquarelle bleue.


- Je suis un Illusionniste. Je ne perds pas mon temps à comprendre, mais à Imaginer, répond t-il avec un ton de légère plaisanterie.
Non, s'il s'amuse à dépecer les caractères, à jouer avec eux, c'est pour les intégrer à ses pièces de dramaturge sanguinaire. Il ne comprend que lorsqu'il en a envie, lorsqu'il est d'âme curieuse, lorsqu'il a besoin d'éléments fiables pour mieux créer.


Une analyse purement utilitaire, toujours utilitaire. Sa colère, sa folie, son goût de la provocation et du sang, eux, ne saurait souffrir qu'on les contredise. Mais ce soir, il veut la comprendre. Juste elle. Il veut comprendre l'oeuvre d'art qu'elle est, il veut savoir de quelles eaux profondes la sirène aux écailles de cuivre et de bronze a jailli.


L'Amazone l'assure de son voeu de rester, et cette fois, l'Illusionniste a envie de la croire. Lorsqu'elle lui criait ces mots, cela n'avait pas de sens tant sa voix prenait des accents dissonnants, tant ces notes cristallines se mourraient au comptact des parois calcaire de ses gouffres, disparaissant dans des échos étouffés, déformés, amplifiés et martelés.


Oui, il a envie de la croire. Et ce baiser qui fait le sceau de la question a un goût de sang, de pacte. Il en abandonne un second sur sa petite épaule de porcelaine, en guise de réponse. A penser qu'il n'est que ses silences d'attentifs quand les mots qui éclosent à ses lèvres sont tous légions de traîtres et d'assassins d'ombres, ou de passerelles d'au-delà.


Sa Vie. Il aimerait l'entendre de ses lèvres à elle, pour observer le paysage sonore des inflexions de sa voix, les univers d'affects qui se cachent sous ses mots, recueillir au creux de sa paume la vibration qui quittera sa gorge. Il n'a que faire des informations dépossédées qu'on lui a rapporté. Elles sont comme des cages sans oiseaux, des pages sans images.


Carigän revêt son habit de patience alors que des mots s'articulent et s'enlacent dans l'air. Il est silence, tranquillité d'âme. Il redécouvre sa vie dans sa bouche, il peut mettre des couleurs sur les toiles noires et blanches qu'on lui a rammené. Ces mots affables et ces prénoms aux sonorités plaisantes lui font entendre des cris d'enfants joueurs.


Héloïse. Cela lui dit quelque chose. Il plisse un instant des yeux, comme pour mieux resserrer les mailles autour de ses souvenirs. Depuis son retour, Veragän l'a grevé de tant d'images, de sons, de ses visions d'outre tombe ... Sans doute cela vient-il de là. Il ne l'interrompt néanmoins pas. La décontraction de son verbe l'amuse, sonne presque exotique à ses oreilles plusieurs fois centenaires.


L'Amazone parle de sa forêt primaire avec un détachement qui l'intrigue, un deuil miraculeux. Pourtant, ce sont ces environs qui l'ont vu naître, grandir et transformer en femme. On a beau vivre des siècles et des siècles, les premières années ne désertent jamais le royaume des souvenirs tant elles sont la forge de l'épée. Si l'acier se raye, si l'acier casse, tout dépend de la forge.
Non, il ne commentera pas. Un récit de passé ne peut s'empêtrer de commentaires. L'évocation de son âge lui attise un nouveau sourire. Bébé vampire. Bourgeon de printemps encore fragile au gel de l'éternité.


- Si Jeune, souffle t-il avec amusement. Tu as pourtant l'Aura d'une incendiaire créature. Tu es pourtant pleine de braises incandescentes, presque indécentes pour une graine de nuit.


La pulpe de ses doigts vient longer le rivage de ses lèvres.


- Oh, je ne laisserai pas l'éternité t'éteindre. Mais je la laisserai te grandir et te propager. Tu aveugleras la Nuit. Avec moi.



Son âge à lui ? Carigän paraît s'absenter un instant pour des brumes innocentes.
Son âge, un chiffre, un nombre précis ? Non, il n'aime pas les nombres et les chiffres. D'un léger haussement d'épaules, il balaye ses tracas inutiles.


- Hm. Je ne sais plus ... mais Döjöödörj doit savoir précisémment. Sept siècles révolus, me semble t-il. Un peu plus. A l'époque où les barbares envahissaient les villages et où chaque petit Seigneur se prétendait Roi.
- A l'époque de la peur et du fat. A l'époque où les hommes se sont découverts leurs appétits d'animaux. Où les plus forts disposaient des plus faibles, jouaient avec les cartes de leurs vies sans même s'en cacher comme aujourd'hui. Maintenant, chacun disparaît derrière des raisons légitimes. Tellement pitoyable. Les plus beaux fauves ne se déguisent pas en oiseaux.


Il lève les yeux au ciel, mais ces derniers finissent toujours par revenir sur elle, magnétisés.


- Ces comportements que je ne comprends pas



Non. Le Loup du brouillard ne comprend pas le comportement des hommes, la justice postiche que les couards se sont inventés. La requête de la Naïade lui paraît étrange, mais elle souffle un vent tiède en lui.


Lui parler à lui ? Pas au Chef de clan, pas à l'Illusionniste, mais à qui d'autre ? Au semblant d'homme qui se cache dans les fondations ? Peut-être. Il l'épie au silence, comme si elle venait de jouer d'humour. Il aime son idée. Quand bien même il s'est toujours senti à l'abri derrière ses masques d'autorité, de rigueur et de cruauté, il aime l'idée de s'en défaire.
Ce serait comme descendre sans rappel dans un gouffre, retourner aux sources, comme cela lui arrive souvent en compagnie du guerrier Mongol.


- Oui, Döjöödörj peut prendre les rênes. Il le fait d'ailleurs souvent, et je sais qu'il n'aime pas ça. Mais ...
Un regard pour la nuit, pour les paysages qui s'étendent par delà les cimes des montagnes.


- Pourquoi pas.


Cet envie d'Ailleurs venu d'elle lui correspond tellement. Il ne peut refuser cet échappatoire alors que tout son être y tend. L'aurore n'est pas loin, alors la nuit prochaine ? Elle sortirait de sa torpeur et ses yeux se poseraient sur des terres accueillantes incapables de les juger. Au fond de sa tête, le Chef de Clan lui rappelle la dangerosité des fiefs rivaux.

Il aurait presque envie de le rabrouer, de les laisser guider par les volutes d'éther. Oui, le hasard des sens décidera pour lui.


- Au crépuscule. Je t'emmenerai, quelque part. Notre quelque part.


Diane Mansiac
Diane Mansiac

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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:27

Diane



Diane est surprise par la propre fluidité de ses mots. Elle s'attendait à plus de souffrance en évoquant sa famille perdue. Elle les a aimé. Profondement. De tout son être. Elle est si différente maintenant, elle a évolué sur des chemins qui sont bien trop loin d'Eux. Revenir vers eux serait les forcer à contempler l'âme d'une inconnue sur un visage familier. Pas si familier.


Sa Transformation a aiguisé l'angle de son regard et les arrêtes de son visage. Non, l'Amazone n'est plus la même. Elle ne leur causerait que souffrance, mieux vaux qu'ils la pensent Vraiment morte et qu'ils puissent avancer au rythme paisible de leurs vies respectives. C'est le dernier don qu'elle peut leur faire. Son dernier geste d'amour. Carigän est Présent.


A l'écoute des perles qui glissent de ses lèvres. Il ne se travestit dans nulle brume ou dérobade.
Il est là. L'impression d'unité qu'elle avait ressenti lorsqu'il était revenu de ses ronces, au coeur de la mansarde du Gobi l'étreint pleinement. Dénuée des épines de cette nuit là. Le lien intangible dans lequel elle avait voulu croire avec tant de force, tant de folie se révèle concret, sincère. Un petit rire se glisse à sa remarque. Oui... elle est terriblement jeune...


-Parfois... j'oublie que je n'ai que cinq ans de Nuit Nocturne. Comment t'expliquer... J'ai découvert que lorsque je le voulais, je pouvais conduire certains mortels à changer le cours de leurs actes, pour moi. Ils ont envie de me faire plaisir, de me complaire. Ce n'est pas un lavage de cerveau ou rien du style.
-Simplement, ils sont à mon écoute. Ils ont Envie que je me nourrisse d'eux. Je ne sais pas exactement d'où cela vient. Cela fonctionne aussi avec des cainites plus jeunes. Moins de cent cinquante ans. C'est un peu différent. Ils ont l'impression que j'ai dans les cinquantes, soixante dix ans de Vie Sanglante.


Pas tous le temps, et cela ne marche pas à chaque fois. Un sourire plus taquin, plus malicieux. Ses lèvres contre sa gorge d'albatre lorsqu'elle s'exprime. Pronfondément détendue.


-Ce qui n'est pas très utile sur tes terres, Carigän, puisque j'ai l'impression que tous les Fils de Cains que j'ai croisé, peu, avait au moins deux cents ans.


Son visage se redresse pour mieux savourer les papillons de ses doigts. Venant embrasser la pulpe fraiche lorsqu'ils cheminent sur sa bouche, les happant quelques instants, les mordillant, avant de les relacher. Ses paroles sont une promesse. Une assurance. Elle ne dérivera plus dans la nuit. Aveugler la nuit. Avec lui. Oui. Oui. Cent fois oui.


-Oui. J'aurais besoin que tu m'apprennes, Carigän. J'ignore tant de choses. Il me manque tant de clefs. Tu sera mon ancre.


Elle ne peut retenir une légère question et il parait y réfléchir avec sincérité. Diane ne se lasse pas de l'observer, de se repaitre de son visage unique. Elle ne peut s'empecher d'ouvrir le col de sa chemise, de défaire quelques boutons pour dévoiler son torse à la lueur de la lune. Elle n'a pas les capacités pour lire avec précision les Aura. Mais pour avoir été en contact avec nombres d'Anciens au coeur du Royaume des Michellis, il ne pouvait avoir moins de six ans. Au moins.

-Sept cents ans...


C'est une eternité qui les sépare. Un gouffre de Vie. Elle aime les temps qu'il trace tant cela correspond à Lui. Tant elle reconnait sa vision dans ses paroles.


-Les plumes ne ferraient de toi qu'un Formidable Griffon.


Sa question languit entre eux. Elle a besoin de s'échapper. De fuir avec lui le théâtre de leurs affrontements trop nombreux. De s'éloigner de son Clan et de le découvrir pleinement, juste lui. Juste Carigän. La Flamme pourrait comprendre que sa position ne lui permette pas une telle liberté à l'improviste.


Pourtant, elle peut lire dans son regard d'asphalte que sa proposition, ses propositions trouvent un écho jumeau en lui. Sa réponse le lui confirme. Son sourire. Lumineux. Libre de tous nuages. Comme elle n'a pas du souvent lui laisser contempler. Diane lève les bras et vient enlacer sa nuque, glissant ses doigts au creux de ses méches sombres, jouant contre sa peau.


-Ce sera parfait. Tellement parfait...


Elle ne s'est jamais entière avec lui que cette nuit. Elle ne se détache pas de lui. Ses volutes cuivre se mélant à ses épaules pâles, la lune offrant la seule lueur.


-Comme je te le disais, j'aimais être policier. J'ai passé un peu de temps avec Interpol  pour une mission précise où j'ai collaboré avec un flic americain. Il est rapidement devenu un de mes meilleurs ami et probablement l'un des seuls à pouvoir bosser avec moi sans devenir completement dingue. Yann était cool, on était sur la même longueur d'onde. -Et pour ne rien gâcher, ca n'a jamais fini au lit, lui et moi. Il était profondement amoureux de sa fiancée texanne.


Sa voix se tend légèrement. Parler de Yann est un peu plus difficile. Il rejoint les deux mondes et n'a jamais accepté ce qu'elle est devenu.


-Je reviendrais sur lui... si je ne prends pas les choses dans l'ordre, tu va finir completement paumée!


La jeune vampire se place face à lui. plongeant ses orbes marines dans ses Iris si sombres.


-Malgré mon sale caractère, j'ai rapidement été nommé lieutenant. Et c'est là que ca à légèrement déconné. L'une des mes enquètes portait sur un trafic de sang. Je pensais à une entourloupe médicale. Des mecs ou des nanas se réveillaient, avec l'impression d'avoir été drogués et des analyses ont révélées qu'il leur manquait pas mal d'hémoglobine. Intriguant, mais pas prioritaires... Ca l'est devenu lorsque les cadavres ont commencés à s'échouer. J'ai eu une piste un soir que je n'étais pas de service. J'ai laché mon copain du moment et j'ai décidé de jouer cavalier seul. Connerie. Connerie absolument monstrueuse. Je m'attendais à des malfrats en col banc, je suis tombée sur... autre chose. De bien pire. Du moins pour la femme que j etais à cette periode. Je n'ai pas  eu le temps de réfléchir. Je me suis fait assomée et je me suis réveillée en cellule.



Elle s'interrompt. Volant un baiser à ses lèvres. Là, ca va devenir plus... difficile.


-Je me demande... Veragän.... C'était déjà ton frère lorsque tu étais mortel ou vous l'etes devenus par le Sang de votre Sire?






Carigän

Le monde semble les avoir oubliés, sur l'assise de ce coin de fenêtre. Carigän sent ses brumes assoupies, ses flammes à l'état de braises, ses démons blessés partis panser leurs profondes plaies, laissant un climat d'après-guerre étonamment serein. Cela en a toujours été ainsi. Les plus belles victoires naîssent des flammes. Les plus belles terres sont le fruit de batailles aveugles.


Lorsque se lève l'âge d'or et si sa tête est dans les nuages, ses pieds pataugent bel et bien dans le sang. La nuit se charge d'envelopper leurs confidences et de les emporter loin des oreilles indiscrètes. Les quartiers de Shazën sont si hauts que l'on ne distingue rien des allées et venues intempestives de la ruche.


L'Amazone rends les armes pour mieux révéler ses mystères. Un don de séduction ? Cela lui colle à la peau, cela répond à sa nature d'ondine du feu que de jeter de la poudre aux yeux, que de noyer les sens de ses proies dans ses charmes d'eaux profondes. Non, cela ne l'étonne pas. Le sourire qu'il porte s'est même teinté de dérision.


Un soupir s'envole de ses poumons, alors qu'il répond, presque distraitement :


- Oh. Ne serais-je pas là la victime éplorée de tes diableries ? Peut-être mésestimes-tu ton don, et peut-être peux-tu toucher en plein coeur les plus vieilles âmes qui rôdent encore en ce monde ?


Il raille sans gravité, divaguant comme bon lui semble.


- C'est ça. Je suis une victime. Parfaitement consentante de souffrir les foudres d'un boureau aux doigts d'ange. Quand à mes illusionnistes, ne leur tournes-pas la tête trop vite, je pourrais en avoir besoin.


Oui, rares sont les néonates à marcher dans ses murs. Il y en a bien quelqu'uns, mais places enviables ne sont certainement pas les leurs. La loi du plus fort sévit dans le royaume.


Distraitement, ses doigts escaladent et désescaladent son dos à la courbe musicale. Des caresses qui ont la patience des vagues des mers du Sud. Qui apprivoisent son grain de peau et devinent la dépressions de ses reins, le vallon de ses omoplates comme la falaise vertigineuse de ses hanches. Repartant, revenant, s'égarant, retrouvant route, se fourvoyant plus loin.


- Ton ancre ... répète t-il comme pour ranger ces sons dans une boite à musique. Oui. Tu deviendras terriblement dangereuse.
Malgré sa voix douce, c'est son goût pour le carnage qui ressort, qui saille. Tout son être respire la création et la destruction, et en cette heure, il n'est que le prédateur d'un territoire aux batailles sempiternelles qui aspire au repos.


Comme ci ces instants bleus étaient une décharge de la violence opposée dont il est capable. Comme s'il était condamné à cela, à passer d'un extrême à l'autre. Vivant dans un monde ou aucun passerelle ne traverse les canyons, ou les points de ruptures sont des ombres inexplorées.


Griffon ? La métaphore lui plaît. Surtout à ses lèvres framboises. Oui,ailes d'aigles pour aller louvoyer au-dessus de nouveaux espaces vierges de leurs pas. La perspective du voyage les éloignera de cet embrouillamini de trames, leur rappelera le visage de leurs sens, trop longtemps écartelés.


- Tu n'auras qu'à me laisser faire.


Et comme ce soir, ils continueront de se découvrir sans masque. Sans même le masque de la Bête vampirique qui les unit si souvent. Elle lui raconte ses démêlés de femme justicier. Certains des mots qu'elle emploie éveille un sourire plein d'étonnement à ses commissures, tant certains lui sont étrangers, rappelant d'amusantes certitudes qu'il oublierait presque tant son monde l'absorde.
Interpol. Flic. Mec. Nana. Connerie. Des sons qui appartiennent à un autre monde. Après tout, n'est-il pas qu'un vieux fauve quasi-millénaire retranché dans sa tour aux illusions, et partant faire la chasse dans ces steppes désolées quand cela lui sied ? Oui. Carigän est amoureux de l'immensité, du vide indécent qui l'entoure, des horizons infinis des steppes, de la toundra, du désert, des montagnes, des rivières. L'univers qu'elle dépeint lui est parfaitement exotique. Un univers populeux qui ne pourra que mourir englouti en Atlantide. Il ne l'interrompot pratiquement pas. Sauf pour ...


- Ton sale caractère ? Je confirme.


... La railler, avec la complicité qui relie une femme et un homme pour qui rien n'st grave.
Il hausse un sourcil alors qu'elle plante la première partie d'une histoire sans retour. Celle la même qui l'a conduit au fameux manoir de De Michellis. Le royaume où s'était réfugié son petit Frère, paradoxalement, au plus près des feux ardents des complots claniques.



- Et là, l'Amazone allait découvrir la face cachée de la lune.
- C'est un miracle que tu en sois sortie vive. Je gage que beaucoup de caïnites n'aurait pas supporter la fougue de tes charmes. Combien as-tu de vie, petit Chat, neuf ? Combien t'en reste t-il ?


Une. Pour moi. Il garde précieusement cette réponse dans un coin de la citadelle des brumes, dans un coin de sa tête. Accueillant ses lèvres d'esprit du feu. Lui dérobant encore une miette d'elle.


A sa question, il ne semble pas se braquer. Non. Il ne semble pas se sentir titiller sur le secret qui enveloppe son passé. Pas cette nuit, pas avec elle.


- Veragän ... Veragän, s'égare t-il, et le visage du fantôme lui apparaît distinctement. Il n'a même pas cinq cent ans. Non. Nous ne sommes pas nés frères.
- Peut-être que notre ... Sire nous a certes uni par le lien du Sang, mais je ne la considère pas à l'origine de notre lien fraternel. Ou si peu. Non, c'est le temps, c'est le brouillard qui nous a conjugué l'un en fonction de l'autre. Il était bien trop fanfaron pour que je l'accepte auprès de moi. Pour que je le considère de ma famille. Non... c'est le temps, notre père. L'Illusion, notre mère.

Des images reviennent le hanter quelques brèves secondes, sans l'écorcher, juste glissant sur les noirceurs de ses yeux pour disparaître.


- Non. Il vient d'une autre époque, et pourtant, j'ai parfois la sensation que sa puissance me dépasse, me balaye. L'âge n'a rien à voir là-dedans. On peut toujours être surpris par les capacités endormies des néonates.
- Certains explosent et d'autres naviguent en eaux troubles toute leur vie. Toi, tu exploseras.

Diane

Diane ne peut retenir un éclat de rire. Un éclat de rire léger et aérien. Carigän? Victime? Eploré? Non. Impossible. Il est l'incarnation de la noblesse et du maintien. Ce tableau ne lui correspond pas du tout, et ils le savent bien. Une mèche corbeaux se retrouvent entre ses doigts et elle tire doucement dessus. Avec une tendresse infinie.


-Oseriez vous me vous moquer de moi, mon très cher?


 Elle bouge à peine sur lui. Parfaitement à l'aise au creux de ses bras. Délicate sirène alanguie. Elle tourne la tête et vient mordiller un lobe d'oreille qui passe à portée de dent. Taquine. Malice sans dard.
-Cela me serait difficile... Je ne croise pas tes Illusionnistes, tu les couves jalousement.


Oui... la perspective qu'il l'aide à déployer les ailes de ce dont elle pense être capable est rassurante. Plaisante. Profondément désirée. Elle ne pourra jamais mieux s'épanouir que sous ses doigts de sculteur d'ombre. Diane en est persuadée. Elle ne peut envisager les choses différement. La Fille de la nuit trouve etonnament facile de parler d'elle. D'ouvrir les portes de sa vie pour lui.


De dépoussiérer ses souvenirs pour lui en montrer les tableaux. Elle en craignait pourtant les aridités pour découvrir que le sortilège de cette nuit les protéges d'eux même. Ou peut être est ce l'inverse. Leur permet d'etre ceux qu'ils pourraient être. Si leurs actions n'étaient pas si pleinement tumultueuses. Orageuses à l'extrème. Elle se dépeint et retrouve un phrasé qu'elle pensait sincèrement gommé. Disparu. Polissé. Il n'en est rien. Tant pis. Elle n'a aucun gout pour la censure. Ni pour elle, ni pour lui. Diane lui tire la langue. Amusée.


-Si tu parles de mon caractère, Cari, c'est que tu as oublié le tien...


Elle ne prend pas ombrage de sa remarque. Comment le pourrait elle. Elle A vraiment un sale caractère!


Elle dévide les fils qui vont la conduire à ce qu'elle est en train de devenir. Diane a conscience qu'elle se cherche encore. Qu'elle est loin de connaitre son identité. Elle est encore Glaise à modeler. A se modeler. Elle embrasse sa peau de plume. Inclinant la nuque en guise d'acquiescement.


-Oui.. exactement. Tu sais, je n'en suis pas sortie Vivante. Pas vraiment. J'en suis sortie autre.


Elle ne peut retenir une petite moue.


-Heu.. je crois que c'était plus ma langue insolente et mes manières... abruptes qui m'ont mise en danger plus que mes charmes. Je n'étais pas très contente...


Quel doux euphémisme... Diane a été insupportable. Detestable. Insaisissable, parfois aussi. La Flamme l'interroge sur son frère. L'aura de Veragän a toujours été brouillé pour elle. Sans age. Impossible à determiner. Parfois plus âgée que Carigän, parfois plus jeune qu'elle. "La considère pas". Diane apprend à cet instant que Son Sire était une Vampire. Jusque là, elle l'ignorait.


-Véragän? Fanfaron?!


La suprise est totale au coeur de sa voix. Elle ne désire pas blesser, mais c'est une vision qu'elle ne parvient pas à concilier avec ce qu'elle connait du Fantôme. Diane connait si peu de Carigän qu'il reveille une véritable Faim de lui. Sans perversité, sans volonté de reveiller des plaies endormies. Juste pour lui. Elle essaye de se placer du point de vu que Prince des Loups.


-Je crois que je peux comprendre pourquoi ce n'était pas facile. Je prendrais très mal l'arrivée d'un autre Infant de Sigvald.


Ses grands yeux bleus. Tournés vers lui. En toute confiance.


-Tu l'aimais, ta Sire? Ou ce n'était pas comme cela, entre vous?


Elle a du mal à imaginer un autre lieu qui puisse mener au Baiser. Ne disposant pas assez d'expérience. La flamme le laisse refléchir à sa question, sans le brusquer, en profitant pour reprendre le fil de son histoire.


-J'exploserais... Avec toi. Je ne peux plus continuer à avancer seule. Je commence à fatiguer.


Elle laisse le silence s'imposer entre eux quelques secondes, sans se sentir diminué ou affaiblie par sa constatation. Diane a besoin d'un sentiment d'appartenance. Pas de continuer à errer. Et ne peut s'imaginer être loin de Carigän.


-Je me suis reveillée en cellule et j'ai cru, logique, que j'avais été kidnappée par les responsables du trafic de sang. Ce qui était bien le cas. J'ai une réaction... bah... Je les ai menacée de toutes les foudres de Scotland Yard. Sans beaucoup de réponse. Jusqu'à ce qu'un mec se pointe. J'ai cru être tombée dans un asil de fou.


Ses paumes sur sa ceinture ventrale. Caressant ses mucles. Sans cesse. Trouvant un plaisir toujours aussi intense au contact soyeux de son épiderme conter ses doigts.


-En gros... cela a donné "Bonsoir, je m'apelle Arkaine von Drekkenov, je suis un vampire, je viens de t'acheter, je suis ton maitre et toi mon esclave, et ce sera comme ca jusqu'à la fin de ta vie." En gros.  J'ai jouer le jeu, je voulais sortir de ces geoles puantes et degueulasses.
-Ca c'est un peu plus compliqué par la suite. Je crois qu'il ma mordu pour me convaincre que le coté Créature de la Nuit ne venait pas que de l'imagination de Bram Stocker. Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur a décidé que je paraissais moyennement digne de confiance. Il m'a obligé à boire je ne sais pas trop quoi. Selon lui cela devait lier mon âme à la sienne. -Histoire de lui assurer la paix. j'ai été un peu incréduble. Dès le lendemain matin, j'ai testé. Je lui ai entaillé le bras pendant son repos.


Elle ne peut retenir un léger rire à sa folie passé.


-Comment te dire... J'ai vite compris qu'il ne plaisantait pas, finalement, quand la coupure s'est repercutée sur mon propre bras puissance 10. Il était étrange. Il ne m'a jamais remordu, jamais touché. -Il a du être dans mes pattes les quatres premiers mois. Il a disparu de mon paysage comme si il n'était jamais venu. En me laissant avec cette épée de Damocles sur la tête. Ce qui n'est plus le cas, d'ailleurs. Puis comme je ne fais jamais les choses à moitié, c'est peu après sa disparition que j'ai appris que j'étais enceinte.


Là le pincement est nettement plus aigü. Elle se moque d'Arkaine.
Il n'a jamais rien représenté pour elle. L'enfant qu'elle portait... c'est différent. Tellement différent. Elle se tait.


-Raconte moi un souvenir, Carigän. Un souvenir qui te fais sourire.


Carigän  


L'Amazone se fait lutine, dans ses mots et dans ses gestes. L'Illusionniste, puisqu'il n'est plus ni maître ni roi, cette nuit, que ses épaules sont delestées de ces fontes de plomb, se fend d'une moue faussement irréprochable. Un dégagement parfaitement feint.- Jamais de la Mort, loin de moi ces railleries de bas-étages ... Vous oubliez donc mes grandes valeurs morales.


Non. Vraiment, non. Un éclat de rire, petite fronde qu'il jette à ce mirage bariollé à l'excès. Nul doute qu'il aurait fait un épouvantable chevalier, que ces qualités d'âmes sont des bracelets de fer pour son âme de fumée blanche. Ses doigts tracent sur le dos onduleux de sa Sirène les volutes en hélices, les arabesques en serpentins qui le composent si intimiment.


S'il couve ses Illusionnistes ? Bien entendu, plus que de raison, dans l'excès le plus total. Il va jusqu'à surveiller leur vie psychique. Il les couve parfois tellement qu'il les asphyxie et se voit contraint de les tuer pour les sauvegarder d'eux-même. Il épure continuellement son Clan de sa lie de parjure et d'impertinent. S'il ne répond, c'est parce qu'elle a totalement raison.


Un sourire, confirmateur. Un sourire qui s'affûte d'étincelles de lame alors qu'elle ... évoque son caractère ? Carigän s'anime d'un éclat à son rire grave, qui part rejoindre les symphoniques basses de la nocturne.


- Mon caractère ? J'ignorais bien en posséder un ! Tout se dillue et s'éparpille sans ordre ni logique.


Au bout de sa brimade, une note plus posée. Comme s'il était terriblement conscient de ses troubles alors que ce n'est que partiellement le cas. C'est une poussée de brume qui anime ses aveux, comme elles animent chacun de ses mots, comme elle l'anime tout entier sans être toujours nocive. Clarté et concision ne sont pas de son monde profond. Sous ses baisers, il s'alanguit, s'appesantit sur elle, contre elle.


Il sent sa peau plus sereine au contact de sa soeur de vie. Oui, bien sûr qu'elle est insolente et d'abruptes manières, il hoche de la tête et crispe ses lèvres comme aquiescant un bilan corsé. La dardant sans aucune formalité, pour le plaisir de voir couler leur complicité nouveau née.


- C'est bien ce que je dis, corrige t-il. Ta langue insolente et tes manières font parties de tes charmes. - Ton corps l'est aussi ... Insolent. Abrupt ... quand il en a envie.


Un clin d'oeil à leurs ébats passés, à leurs échanges dans le sang et la violence. Rien qu'un clin d'oeil, juste une image qui apparaît et disparaît aussitôt dans les flammes de leurs confidences, âtre serein et tiède. La Sylphide réagit si spontanément à sa description de Veragän qu'il partagerait presque la surprise.


- Oui, fanfaron. Un insupportable gosse qui voulait se jouer de la vie, de la mort, de tout ce qui respire. Il était sincère mais ... *Il se rembrunit un instant.* ... tellement idiot. Tellement naïf. Tellement crédule.


Un soupir qui écrase ses lèvres assombries, et Carigän qui se fait avaler quelques secondes par des épisodes d'antan. Il le revoit, à sa table de voleur, trinquant comme un épicurien et reluquant la première jupe à froufrouter non loin. Il revoit leurs éclats, leurs différents. Et balaye ces images d'un hochement de tête, d'est en ouest. Elle a raison. Ces souvenirs sont aujourd'hui tellement insensés. Un peu plus et Carigän se croirait délirant au souvenir du voleur impétueux. Bien mort. Une chimère.Du folklore
Il hoche de la tête tranquillement lorsqu'elle lui parle d'infant et de sire.


- Elle est morte juste après l'avoir infanté. Nous n'avons pas longtemps cohabité à trois. Une dizaine d'années, même pas. Rien.


Un peu plus austère, lorsqu'il parle de Vanabelle. Comme si son rôle n'avait été que du vent, comme si son prénom seul ne méritait pas de voir le jour à ses lèvres. S'il l'a aimée ? Il ferme les yeux, prend une lampée d'embruns nocturnes. Il y a son visage qui se rit, sous ses paupières. S'il l'a aimée, alors ? L'Illusionniste s'arrache à ces fantômes, plonge son regard dans celui de Diane. Une neutralité équivoque qui peut vouloir dire oui, à en mourir, ou non, à en pourrir. Il se rattrape dans un sourire, indulgent, avec l'Amazone comme avec lui même.


- Je ... ne sais pas.
- Cela fait ... longtemps. C'était compliqué. Cela t'ennuyerait, je crois. Elle avait perdu la raison, à la fin de sa vie, il n'y avait plus que ses gouffres et ses lubies. Elle était violente, implacable et ne supportait plus rien.


La description reste en suspend au bout de ses lèvres. Sa voix monocorde, parfaitement détachée, voit ses échos s'évanouir dans la nuit qui ronronne.


Du dos de ses doigts, il caresse sa joue virginale. Inutile de s'embourber avec des souvenirs caducs alors que le présent s'est fait sanctuaire tamisé, tiède, agréable, alors que le présent a pris le visage d'une vénusté, alors que le présent est allongé contre lui. Oui, elle explosera, cette conviction l'habite. Il accueille la suite de son récit avec un intérêt qui flotte dans ses yeux noirs.


Difficile de réprimander l'éclat de rire qui lui tord les boyaux alors qu'elle brosse un portait on ne peut plus pittoresque de ce congénère. Et son vocabulaire qui vacille l'achève dans le peu de réserve qu'il possède.


- Je suis persuadé qu'il était plein de ressources, lance t-il du bout de sa raillerie naturelle.
Puis il ajoute, comme s'il pensait à voix haute.
- Je crois comprendre pourquoi il a disparu.


L'Illusionniste abandonne ses lèvres sur son front en gage de sa bonne foi. Pour dédommager son ironie. Enceinte ? Il penche de la tête pour discerner les méplats argentins de son visage. Confondu à l'idée de s'exprimer en terrain accidenté.


- Oh ... un enfant. Vivant ?


Demande t-il, et sa question a le ton d'une innocence terrible. Non, il est incapable d'imaginer que cette question pourrait déclencher une douleur. Incapable de concevoir seulement qu'elle en éprouve souffrance. Des émotions qui humaines qui lui échappent, dans sa folie, qui ne le touchent pas, qui constituent un paysage.


- Un ... souvenir ? Et qui fait sourire ? C'est beaucoup demandé !


L'Illusionniste se fend d'un silence et part faire la traversée de ses mémoires ? Un sourire ... La mort de Vanabelle ? Peut-être pas ce genre de sourire là. La jeune fille du puits ? Trop vieux, presque une poussière de souvenir. Son accès au pouvoir ? C'était un sourire de diable. Sa première traversée de la Steppe ? Ca y est, un sourire s'épanouit lentement à la commissure de ses lèvres.


- Oh, je sais, mais c'est d'un ridicule ... *Il hausse des épaules, jetant aux fenêtres ces impressions.* J'étais jeune. Très très jeune. C'était l'époque où mon coeur faisait un boucan de tous les diables et où mes veines me chantaient des chansons d'eaux. - J'étais haut comme trois pommes. *Du coté pièce, il ajuste sa main à la hauteur d'un mètre cinquante, bien incapable de donner un âge exact.* Comme ça. Même peut-être encore plus petit. Enfin, rien qu'un débris de garçon qui tenait à peine sur ses jambes de sauterelles. Je m'éloignais de ma peuplée pour toujours, sans savoir quel sort m'attendait le lendemain.




- Il faisait nuit, mais je ne trouvais pas le sommeil, encore secoué des derniers évènements. Je m'étais assis à l'arrière de la roulotte qui s'enfonçait dans la steppe, et j'observais la nuit ... rouge. Tellement rouge. Tellement étrange. On aurait dit l'oeil d'un chat qui me promettait vengeance. Il est venu s'asseoir à coté de moi, sans rien dire.


- Et tu sais, son silence et ses airs de statue mémoriale m'insupportait au plus au point. Et puis j'avais décidé que je le détesterais, pour pleins de raisons. Il m'a demandé mon prénom. Je lui ai répondu, plus pour ne pas me prendre une râclée que par pure politesse. Döjöödörj est indulgent, mais il sait quand la parole n'est plus efficace.


- Je m'appelais Elemès. La signification n'est pas jolie, et Döjöödörj le savait. Il connaissait les rudiments de ma langue d'origine. Il m'a demandé si cela m'était douloureux de porter un prénom pareil. J'ai répondu non, que non cela ne me dérangeait pas, et plus globalement que non, je n'avais pas envie de lui parler.


- Il a attendu un petit peu. Et puis il a commencé à me parler de la Grèce et de leurs dieux. Je crois que je devais écouler les cailloux qui se cassaient sous les roues tant il ... m'excédait. Puis ... j'ai relevé l'oreille, entendant des syllabes familières. Il m'a dit que Elemès, cela lui faisait penser à Hermès. Le Messager des dieux, celui qui parle aux voleurs et qui distribue la chance.
- Il a ajouté que comme Elemès ne lui plaisait pas, il m'appelerait Hermès. Et que je n'avais pas mon mot à dire. C'est d'ailleurs comme ça qu'il m'a nommé devant tout le clan. Il disait que j'étais aussi vif d'esprit que lui, et que je me déplaçais comme si j'avais des ailes sous les pieds. Parce que j'avais la tête ailleurs, aussi. - Et puis quand bien-même je ne l'aimais pas, il m'a aidé à trouver le sommeil. Je me suis même endormi contre lui. Et j'ai rêvé qu'un jour, je serais un Dieu.


Son sourire est clair, épuré, sans fioriture.


- Aujourd'hui je suis Roi. Mais comme les dieux n'existent pas, on peut considérer que j'ai fait de mes rêves la réalité ?

Diane

Son caractère? Elle sourit. Une mouvance. Un éternel recommencement dont elle ne prétend en connaître tous les aspects. Diane ne désire pas troubler le grand Illusioniste par des souvenirs de Véragän. Mais elle regrette. Regrette tellement de ne pas avoir connu le Jeune prince ainsi.


-cela a du être tellement difficile pour toi de devoir prendre en charge les devoirs de ton Clan. D’assumer les responsabilités des Illusionniste et d’un petit Prince Néo-Nate. Mais de ce que j’en constate… tu as agis avec brio!


Fière de lui? Bien sur. Diane l’admire. Profondement. Sa stature est majestueuse alors qu’il a du faire front à des difficultés sans doute pesante, malgré la présence du Guerrier Mongol.


-M’ennuyer? Non. Pas un instant. Pas une seconde. J’aime les temps que tu dessines pour moi.


Maintenant que la Fille de la Nuit n’est plus Mortelle, elle doit admettre qu’Arkaine lui apparaît pathétique. Sans grandeur.


-Ho Carigän… Non. Il n’a jamais vécu. Il est mort avant. Il n’a pas eu le temps. On ne lui a pas laissé le temps.


Elle écoute, suspendu à ses talents de conteur. Visualisant l’enfant qu’il était.



Dojoodorj était déjà présent? Alors que tu etais mortel? Il devait etre déjà âgé. Tu as toujours vécu en Russi? Ce qui était la russie’

Des questions. Tellement de questions.


-Désolée Carigan. Je crois que je suis avide de te connaître que je t’agonise de questions…



Elèmes... Le nom chante pour elle et se jure d'en garder les sonorités délicate. Pour elle. Juste pour elle. Pour personne d'autres. Jamais elle ne trahira la confiance qu'il lui offre.
-J'ignore la signification d'Elèmes... mais j'en aime les saveurs de vigues et de vent. Comment est ce que tu es passé Hermes à Carigän?

-Ensuite, ca c'est accéléré. Je ne vivais le jour, je ne croisais pas les vampires, j'avais un rythme diurne. Pour moi, c’est maintenant que tout commence. J’ignorais tout des vampires à cette période. Je dormais. J’étais inconsciente. Lorsque j’ai appris par Cortes, un immonde connard pervers, que j’étais enceinte, je me suis réveillée.


-Il y avait un bal masqué et c'est là que j'ai croisé la route de Sigvald et que j'ai compris que je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais.
-Il m'a extorqué une valse, m'a mordu. Il m'a arraché qu'Arkaine n'était plus dans le manoir. Ensuite, il m'a conduit à ses appartements. Il a usé de ses prérogatives et a décidé de me prendre sous sa protection. Dès le début, il y a eu une alchimie entre nous. Il attendait de moi que je lui obeisse.


Le fait d'avoir envie de lui, qu'il le sache me rendait folle. Il en avait conscience et en jouait. Je le voulais, je le detestais pour cela et me detestais aussi. Dès les premiers moments, on a été dans la confrontation. Cette insupportable ambivalence me rendait dingue.
Je ne pouvais pas céder si facilement. Il a matérialisé un portable, je ne sais pas trop comment. et il a quitté ses appartements. Peut être étais ce un test. Je ne sais pas. Je me suis ruée sur le téléphone et j'ai contacté mon supérieur direct, le lieutenant McStart. Sigvald a fait irruption. Ivre de rage.


Il a ordonné l'exécution du lieutenant devant mes yeux et m'a mis une gifle à me décoller la tête des épaules. C'était la première fois que je voyais un cainite en rage. Il a remis les points sur les I. Je n'étais une qu'une esclave à sa disposition. Il me gardait par caprice, mais il pouvait tout aussi bien me remettre à n'importe quel vampire si cela lui chantait.
Si il ne m'a pas violé, c'est simplement parce que ca l'amusait de voir combien de temps j'allais encore resister contre moi même. Parce qu'il méprisait l'usage de la force. Par jeu de l'esprit. pas parce que ca m'aurait blessé.
Pas par morale.

-Tu es sur que je ne t'ennuis pas?

-J'aimerais m'impliquer d'avantage à tes cotés. Ne pas seulement partager ton lit mais aussi découvrir les rouages de ton Clan.
Je ne suis pas une Illusionniste. Je ne le serais jamais.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:28

- Non, ce n'était pas très laborieux. J'ai été habitué à la seconder dès mes premiers siècles,
lorsque lui prenaient ses accès de démence. Le Clan savait quelles augures l'attendaient, et je crois que les choses devaient être ainsi.


- Comment fais-tu pour ne pas être lasse d'écouter les souvenirs d'un Illusionniste croulant ? Combien de magies possèdes-tu donc ?


- Ta curiosité est un pégaze qui survole les canyons.


- Oui je suis né dans la Steppe. Ma naissance, ma vie, ma non-mort lui appartiennent, et ma Mort ultime sera mon dernier cadeau.
Elle ne m'a jamais trahi et ne m'a jamais pris pour ce que je n'étais pas, elle m'a toujours regardé droit dans les yeux
Je ne sais pas comment la remercier, alors je me contente de l'aimer. C'est bien ainsi que disent tes poètes de l'Occident?


Il se détourne de ses terres rouges pour les mèches en queues de renard et sourit.


- Dojoodorj est là depuis toujours, tu sais. Lui et ma Sire m'ont sauvé d'une mort certaine,
pas aussi délectable et vertigineuse que le baiser vampirique. Plus expéditive, plus sanguinolente, plus brève.


Mon Clan voulait alors ma Mort, Dojo et ma Sire m'ont sauvé et l'ont décimé. Je ne me souviens pas pourquoi.
Il n'a jamais voulu me le dire et aujourd'hui, nous n'en parlons plus. Je crois que ma Sire aimait voir les enfants grandir.
Ainsi, elle connaissait par coeur les hommes qu'ils devenaient, et cela lui permettait de mieux les ...

La formule est impersonnelle. Vanabelle n'a jamais eu que deux infants à ses cotés, mais ainsi il a l'impression de s'épargner,
son frère et lui, de ses souvenirs néfastes. De les protéger.


- Et je ne suis pas Russe, petite Flamme ! Je suis Kazakh, du jüz nord de Khanat Kazakh, car je suis certain que la justicière qui sommeille en toi
raffole d'informations précises ?


A propos de Sig : Tu n'as pas eu envie de le tuer ?



- Non, tu ne m'ennuies pas. Je veux te connaître, te rencontre, te Voir par tes propres yeux. Je ne fais pas confiance aux miens.


Il est surpris par sa demande.

- c'est un monde d'illusion et je ne te considère pas ainsi. Il ne respecteront jamais une Néonate.

Il serait ridicule d'imposer à mes disciples Illusionnistes le respect pour une jeune fleur de la nuit à la langue parfois un peu trop pendue.

- Non. Plus tard. Quand ils commenceront à poser des questions. et que je m'en poserais moins

- J'ai toujours eu besoin de temps pour faire la part des choses tant c'est embrouillé, indistinct, flou...

Ses doigts qui pointent sa tempe comme des petites armes à feux.

- Attendons, tu veux bien?
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:29

Diane

-Tu ne sais pas... Pourquoi ton Clan voulait ta mort ou pourquoi Dojoodorj et ta sire ont décimé tes gens? Tu as grandis avec des Créatures de la Nuit? Comme cela a du être étrange pour toi.


En ce qui concerne Sig :


J'ai voulu le tuer. Bien des fois, mais je ne serais jamais passé à l'acte. Je l'ai aimé très vite et très intensement. Malgré nos oppositions, sa présence m'était devenue Vitale. Une fois.. une fois lors d'une nuit de tempete, après que je lui ai dit que j'étais enceinte, il a placé une lame sur sa gorge, ma main tenant la garde. J'ai ouvert les doigts.


Diane l'écoute. Diane comprend. Oui... la place des néonate est incertaine et elle ne peut s'attendre à ce que des Illusionnistes respectent une vampire aussi jeune qu'elle.


-Je ne supporterais pas te rendre ridicule ou te causer du tord! Jamais volontairement


Car elle a conscience des faux pas qu'elle peut commettre. Néamoins, miner la stature de Carigän par des actes conscients? Impossible.[
-Je comprends. Mais tu sais aussi que tu peux me poser toutes les questions qui te hante.
La jeune vampire s'empart des doigts du Prince des Brumes. les portant à sa bouche et les embrasse. Les un après les autres. Avec lenteur et passion.
-Carigän... je te laisse seule juge. J'ai entièrement confiance en toi.
Elle grimace. et Soupire.


-J'ai oublié de te parler de Trysha. Trysha Ikomé. elle était la première humaine sous les ordres de Sigvald. Je n'avais que peu de contact avec elle tant que nous étions colataire. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé et je m'en foutais. Carigän.... je ne pouvais supporter la présence d'une autre femme dans les parages. -C'était.. impossible. Mortelle ou Vampire. L'idée d'une amante de Sigvald était une torture. Une blessure.
Elle baisse les yeux. Un peu penaude.
-Je n'ai pas changé sur ce point. J'ai un caractère possessif qui arrache mes nerfs.
Elle le sait. elle ne peut pas. Ne veut pas. Ne supporte pas l'idée d'un Illusionniste se prelassant dans les bras de Carigän. Cette simple perspective est brisante. Pourtant, elle n'est pas naive. Le Fils des Brume est charnel et compte sans doutes plusieurs amantes parmi son clan.


Je n'ai jamais être mordu, je n'ai jamais aimé l'idée d être un Calice. J'ai changé sur ce point. Après une nuit cauchemardesque. Je me suis trouvée au coeur d'un reglement de compte Cainite dans lequel je n'avais aucun rôle. Sigvald avait blessé une peintre, Maluenda Caliente. Je crois qu'il avait exposé ses mains à la flamme du soleil. Ou quelque chose dans le genre. Il m'en avait parlé la première nuit, mais je n'y avais guère accordé d'importance. Lorsqu'un cainite de Tenèbre a surgit devant moi et m'a trainé jusqu'à l'arene, j'étais pétrifié. Jusqu'à ce qu'il me demande d'appeller Sigvald ou mon enfant mourrait. J'ai paniqué alors j'ai fuit. Enfin, j'ai essayé. Je crois qu'il a respecté ma reaction, le fait que je lui tienne tete. Altair Cosmas n m'a pas blessé. Il s'est contenté de me ramener au centre et de m'imposer sa décision. Alors j'ai appelé Sigvald. Je ne sais pas comment il m'a entendu ou percu ma voix. Ce que je sais, c'est qu'il n'a pas tardé à se présenter sur le sable. Et là... Carigän! Bordel!


Il n'y avait pas d'honneur dans les paroles du Judéen. Il s'est servi de moi contre Sigvald. Le marché était barbare. Soit ils s'engageaient dans un combat, si Sigvald le remportait, l'affront fait à Maluenda Caliente était oublié, dans le cas contraire, Altair ferait en sorte qu'il ne repose jamais les yeux sur moi, Soit mon Sire se pliait au "jugement" de l'Aigle.


-Il... Putain... Sigvald s'est agenouillé dans le sable. Ignorant tout des intentions d'Altair. A cause de moi! Parce que j'avais été suffisament conne pour être sur le chemin de l'Assamite au lieu de m'en méfier! Il... Il a étendu les bras de Sigvald dans le sable puis lui a fait croiser les bras... Il les a planté d'une lame courbe de telle manière qu'il ne puisse s'en défaire sans trancher tendons et articulations. Puis il est passé derrière lui et a découpé ses talons d'achille. Et moi j'étais là. Stupidement là en train de voir Sigvald se vider lentement de son sang. Ensuite il s'est passé quelque chose que je n'ai pas compris. Altair a retiré le gant de sa main gauche. l'a posé sur la nuque de mon Sire. Il... il a hurlé de souffrance, ses muscles saillant soudainement.


Le judéen a disparu et moi je me suis avancée vers Sigvald dans l'idée de retirer les lames.... Ce n'était pas Lui. Plus lui. Sigvald avait dans les sept siecles. Ce n'etait pas un enfant. mais là... il n'y avait plus rien de lui. Qu'une Bête à la cage ouverte. Altair a provoqué la Frénésie et m'a laissé devant lui, source de sang frais. Putain... J'ai vu le danger trop tard. Bien trop tard. Il avait déja planté ses crocs dans ma chair. Ravageants.


malgré elle, les mains de Diane se porte à son poignet gauche. la cicatrice profonde est indéniablement une trace de morsure déchiquetée. Elle se réfugie contre Carigän. Fermant les yeux. Cherchant l'étreinte de ses bras. La fermeté de son torse.


-Il.. tu sais ce qu'est une Frénésie... je le sais aussi. Il m'aurait tué, il m'aurait déchiqueté vive, sans l'intervention d'un autre cainite qui a réussi à le stopper avant qu'il ne m'égorge...

~Carigän~


Le ciel est noir de nuit. Dans sa tête, il est chaud, topaze, baigné de nuances d'orange sanguine et de vieux bronze. Ses questions l'emmènent loin au coeur des terres rouges et des montagnes déchiquetées. Dans le creux de son oreille, le pas fourbu des chevaux de bât et les premières notes de chants rauques. Dans ses yeux sombres, il y a le couchant d'un soleil d'antan et des tempêtes de sables.

Son esprit va et vient, fantôme sans fardeau, âme sans doléance, passant d'un monde à l'autre comme on pousse une tenture légère. Les rais lunaires glissent sur la peau de l'Amazone, révélant le sable blanc et lisse de son grain de peau. Sa main s'y promène en cheval sauvage et solitaire, y abandonnant des caresses pleines d'ailleurs et d'ici.
Sur son visage, l'onde de l'observateur qui raconte la vie d'un autre, d'un vieil ami perdu, d'un être cher parti trop tôt. Avec un étrange pincement qui n'a cependant rien du regret, qui dégage une fragrance insaisissable.

- J'ignore pourquoi Elle m'a sauvé la vie, sinon pour m'offrir une mort de son bon goût. Döjö n'était alors que son bras armé et si le sang a goutté de sa lame, il ne s'agissait que d'honorer ses directives à elle. *Un léger silence, un léger sourire à l'évocation du Mongol.* Oh ... Döjö ne fait jamais couler le sang gratuitement. Non. Il a noblesse des grands hommes comme il n'en existe que dans les livres d'histoires.
*Il s'égare un instant dans ses méandres.*
- Je me souviens distinctement des gens de mon clan nomade, mais c'est étrange ... *De la sincérité qui perce de sa voix, comme s'il énonçait là un mystère.* Je n'arrive pas à oublier leurs visages. A croire que le temps n'emporte vraiment que ce qu'il désire.

Carigän hausse des sourcils, se débarassant de ses bagages là. Le visage du Guerrier Mongol a effacé les traits de mirage de Vanabelle, et l'instant de leur rencontre part s'engloutir de nouveau dans les atlantides perdues de sa mémoire. Si son enfance parmi les vampires était étrange ? Carigän n'offre aucune moue révélatrice, remarquable dans son détachement, sincère dans son indifférence.

Carigän hausse des sourcils, se débarassant de ses bagages là. Le visage du Guerrier Mongol a effacé les traits de mirage de Vanabelle, et l'instant de leur rencontre part s'engloutir de nouveau dans les atlantides perdues de sa mémoire. Si son enfance parmi les vampires était étrange ? Carigän n'offre aucune moue révélatrice, remarquable dans son détachement, sincère dans son indifférence.

- Non, cela n'avait rien d'étrange. Les jeunes enfants ont ce pouvoir admirable qu'ils s'adaptent à n'importe quelle univers, en avalant rondemment la réalité qu'on leur tend à la petite cuillère. Sans jamais se poser de question. Et je m'en suis pas posé. Je savais juste que les hommes ne voulaient pas de moi, alors quand ces créatures à figure humaine m'ont accueilli, j'ai cru que ma famille était la leur, et j'ai cru beaucoup d'autres choses.

* Une pointe de venin vert qui acidule la signature de sa phrase. C'est presque l'ombre d'un sourire qui vient tordre le baratine de ses lèvres.*

- Oh, j'imagine que les plus belles Illusions naissent des plus sordides désillusions. Comme les printemps les plus beaux succèdent aux hivers rigoureux. - Comme les premiers rais de lune blanche sont les plus nitescents, ceux-là même qui viennent de mettre à terre le jour, plein de leur fierté, de leur triomphe. Oui. Je crois cela.

*Les extrêmes. Le monde dans sa dualité la plus primitive, le monde dans ses sempiternelles batailles et ces cycles de guerre.
Les traits sculptés du Loup s'adoucissent, comme si les mots lui avaient offert une parfaite seconde d'équilibre. Il a l'impression souveraine que ses souvenirs obéissent à ses nuances, se plient, le genou à terre et l'échine douloureuse, et ses interprétations reines. Il les effiloche du bout d'une griffe distraite, enraye leur trame pour le plaisir de bafouer.*


Carigän s'en détache pour écouter ses trésors de vie à Elle. Des trésors de joyaux, de rubis rouge à l'éclat sanguin et d'obsidiennes noires aux promesses de ténèbres. Elle lui dépeint une passion intense, écrouleuse de digue, et il ne peut s'empêcher d'accueillir un sourire à la dérobée, suivant d'une main les rivières de cuivre qui éclaboussent ses épaules ténues.


C'est son caractère, entier, plein de savanes broussailleuses. L'Illusionniste opine lentement du chef alors qu'elle fait le rangement de ses fougues derrière ses réserves à lui. Oh, les questions n'ont guère le pouvoir de le hanter, cependant il retient ses précieuses dispositions et le remercie d'une caresse plus profonde que ses soeurs papillons éphémères.

- Ta confiance. Garde en un fragment pour toi ... Sait-on jamais, ma Louve.

Ce disant, ses prunelles roulent loin d'elle et embrassent la voûte aux couleurs d'océan sombre. Lorsqu'elle reprend le fil de ses pérégrinations, il lui rend toute son attention, s'imprégnant un peu plus des eaux rouges de son histoire.


Beaucoup de sang et d'éclat abîment les pages qu'elle effeuille pour lui. Un sourire affûte ses lèvres joueuse lorsqu'elle fait l'amende des foudres de sa jalousie. Etrangement, l'Illusionniste silencieux ne semble pas concerné par ces aveux coûteux, installé au plus profond de son rôle d'oreille. Sans doute est-il immergé dans son récit, dans son passé où il n'existait pas encore. Sans doute.

Sans doute a t-il décidé d'écouter. De ne faire qu'écouter. D'être attention et vigilance pour saisir chaque oiseaux à s'échapper de sa cage thoracique. Sans doute s'est-il défait de son monde intérieur pour n'être qu'un oeil sur le sien. Oui. Chaque mot qu'elle lui offre est un peu d'or, et il ne laissera rien de ces richesses inestimables emportées par la bise du crépuscule à venir.


Elle lui dresse le tableau d'un affrontement sinistre, tourbeux. Des prénoms, encore, auxquelles sa voix vive fait offrande d'une seconde vie. Oui, en cette heure de confidences, on dirait que des fantômes viennent grincouiller dans sa tête leurs vieilles rancoeurs, réanimant des plaies. Il doit les connaître. Pour l'aider à les tuer complètement si elle n'y arrive pas seule.

Dans des circonstances communes, Carigän louerait amusément, une coupe sanguine au bout d'une main légère, les prouesses d'imagination du Judéen, comme elle le nomme. Pas cette nuit. Pas cette nuit où son esprit fait corps avec le sien, ou leurs corps éprouvés se reposent l'un au contact de l'autre.

Frénésie. Le seul mot semble déclancher un petit séisme, une petite avalanche de pierre quelque part dans ses abysses. Bien sûr, que la Frénésie mue ses enfants en des prédateurs innés, transforment les misérables en rois et les rois en misérables. La Frénésie mélange tout, elle est aveugle, sourde, démente ... Belle, aussi.

Son bras vient s'enrouler autour de ses épaules, et le deuxième fait la traversée de son dos, étreinte enveloppante et protectrice. Il la sent qui tremble d'avoir ressuscité ces scènes de rage. A ses mots écorchés vif, il ajoute les siens, à la musicalité plus basse, plus sereine. La nuit respire à travers lui.
- Tu étais humaine.
Du monde d'où tu viens, des cités lumineuses, on ne regarde pas le danger dans les yeux. Le danger y est invisible, fardé, si bien qu'il peut égorger sans même effrayer. La Bête n'aime pas ces faux-semblants. *Dit-il, davantage pour combler le silence qui pourrait être trop froid, pour que leurs voix s'emmêlent, parce ce soir, ses pensées flottent à ses lèvres sans censure.
- Je t'apprendrais. * Murmure t-il.* Je t'apprendrais la Frénésie, à la connaître, à l'apprivoiser, à la mettre de ton coté, à t'en faire une alliée.

*Une pensée s'envole en direction des folies meurtrières que furent celles de l'Amazone alors qu'elle déchiquetait corps à la volée. Sa Bête s'était exprimée avec une vigueur enflammée, jurant avec tout son être. Cela ressemblait à de la vengeance.
Une cruelle Vendetta née en son propre sein, grandie dans ses propres entrailles, éclatant sa propre peau et feulant à ses lèvres.*

- La Frénésie. En as-tu ... peur ?

DIANE


Un fin sourire chevauche les lèvres de Diane alors qu'il lui offre une bribe de réponse. Au son de ses paroles dansantes et à la lumière de ses silences, la jeune princesse de la Nuit croit deviner. Il sait pourquoi son Clan exigeait sa mort mais choisis de ne rien en dire. Tout comme il a préféré taire la naissance de Carigän.


Elle ne saurait lui en faire le reproche et ne posera pas deux fois la même question. Respectant ses pudeurs ou ses retenus. La rousse préfère recevoir ce qu'il lui offre librement plutot que de tenter de prendre barbarement ce qui ne lui appartient pas. Carigän se conte à son rythme fleuve et elle nage dans ses eaux violines. Le poids de son corps se déplace pour mieux s'oublier dans ses prunelle


-Est ce que tu me trouves égoistes d'être heureuse qu'elle ait fait ce choix? Que tu n'ai pas connu les prémisses d'une mort enfantine pour me permettre de gravir le chemin jusqu'à toi, un monde plus tard?


Si il s'égare parfois dans ses songes, c'est pour mieux revisiter ses souvenirs et nulle inquiétude tarnit ses traits d'agathe. Le dos de sa main s'éprennant de son visage, le laissant se raconter. Un ton badin lorsque Dojoordorj est à ses lèvres, son plus ancien compagnon, l'un de ses guides, sans aucun doute.


-Ta Sire devait être exceptionnelle pour avoir donné naissance à deux Princes tel que toi et Véragän... Quel était son nom?


Car celui ci n'a pas encore éclot de ses lèvres.


Le Grand Guerrier Mongol dans un carnage, pour son propre plaisir? C'est là une vision qu'elle ne reconnait pas et qu'il lui confirme. Diane ne trouble plus le souffle de son recit. Ne l'interrompt plus de questions intempestives. Chérissant ses paroles et la voie qu'elles empreintent. L'enfant qu'il était est si loin de l'homme, du Vampire qu'elle use des mots de Carigän pour le faire revivre


C’est vrai que les enfants ont le pouvoir de façonner leur univers selon les formes qui leur sont données à construire. A cet age, la notion du normal, de l'anormal, du banal et de l'étrange ne dépend que du regard de l'Autre. Plongé dans une bulle vampirique, Diane acquièsce silencieusement, oui, il a pu s'épanouir dans ces forêts enchantées.


Ne découvrant qu'ensuite les ronces qu'elles dissimulaient. Une pointe d'amertume, peut être, qui se glisse dans le timbre de sa voix et à laquelle elle est sensible, venant sinuer ses lèvres dans les rivières de son cou, embrassant l'épiderme de soiries. Une illusion née d'une désillusion. Une dichotomie semblable aux plus belles oppositions. Quelques instants, le silence regne entre eux, impuissant à rompre l'unité de leurs esprits.


En d'autres moments, elle craindrait le poids des paroles qui se murmurent. Pas cette nuit. Aussi c'est sans crainte que Diane reprend la toile de son histoire. Avouant certains de ses travers, une pointe d'égoisme qui est la sienne et la passion qui serpente, fil d'argent, dans les veines de son caractère.


Il est attentif et ne souffre d'aucun agacement. Pourtant, la Sylphide a conscience de la langueur de ses paroles, du lent déroulement de ses flammes dans la nuit obscure du Castel anglais. Retracer pour lui ses pas sur le sable souillé de l'Arène est une épreuve. Elle se souvient de la confusion ressentie. De sa peur pour Sigvald. De sa terreur abjecte pour l'Etre qu'il était dévenu.


De la culpabilité qui l'a conduit dans les plaines spéctrales de Véragan. Il ressent son trouble et son étreinte devient un berceau de compréhension. Il l'enlace et l'ancre dans le moment présent. Dans leur moment présent. C'est imperceptiblement qu'elle hoche la tête.


-Oui... Humaine... Je n'avais pas compris.... Ho, j'avais déjà été quelque peu en danger par mes choix professionnels.


-Mais... ce n'était pas comparable. Ce serait mettre au meme niveau la griffure d'un chaton et le foudroiement d'une patte de Lion. C'etait une sauvagerie à l'état pure. Sans laisser de placer à quoique ce soit d'autres...


Lui apprendre à maitriser la Frénésie. A ne pas la subir, mettre un mors à cette violence vive et cette force de la Nature... Vertige. Sa question tombe et resonne entre eux.


Durant de longues minutes, l'Amazone ne répond pas. Pesant le poids de ses mots. Paraissant avoir oublier le sens même de sa question. Délicatement, elle change de position. Là ou elle reposait dans le creux de ses bras, Diane se relève, à peine un instant pour venir s'appuyer sur lui. Ses jambes ensserant son bassin, une main sur l'apui de fenètre, l'autre sur son épaule.


La pointe de sa gorge frole son torse qu'elle a dénudé alors que les mèches rousses se délassent sur ses épaules. Elle le surplombe et brise la distance entre eux, posant son front contre le sien.


-Toujours. Moins qu'avant. Carigän... la Frénésie que j'ai connu à calciner une partie de l'effroi instinctif que j'éprouvais à cette seule pensée. La Bête est en moi. Elle est toujours en moi. Dormante, presque imperceptible la plupart du temps. Présente malgré tout. Elle fait partie de moi. Si je la refuse, si je la repousse, c'est une partie de moi que je refuse.


Elle murmure contre lui. Non, Diane n'a rien oublié des immondices qu'elle a commis. De la fureur avec laquelle elle s'est plongée dans les carnages.


-J'étais libre.... Je n'avais aucune limite que celle que tu maintenais autour de moi. Et... bien que je ne sois pas très fière de le reconnaitre... J'ai... j'ai aimé sentir ces chairs céder sous mes crocs. Ce sang bouillant et interdit. Ces odeurs férales et cette sauvagerie intense.... Je crois que j'ai moins peur de la Frénésie que de savoir que cette violence est à Moi. Qu'elle est Moi.



-En me soumettant à la Frénésie, tu as ouvert une porte dont j'ignorais tout. Tu as dévoilé une facette cinglante, sanglante, qui ne cadrait pas avec le visage que j'avais de moi meme. Oui... oui, mon Loup. Oui, oui mon amour, Apprend moi à lui parler. Apprend moi comment la faire Mienne.


Diane relève la tête et plonge son regard dans le sien. Ses paumes remontent et encadre son visage.
Ses prunelles ont la saveur de la nuit qui se lève, ses bleutés encore impénétrable dont en devine l'intensité et la clarté qu'ils peuvent prendre.


-Soit mon Mentor, Carigän. Guide moi. Apprend moi. Enseigne moi... Je serais éléve exigeante et assidue.... Tu as déjà Infanté?
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:32

Carigän


Depuis combien d'éternités n'a t-il pas évoqué cet âge perdu ? Du bout des doigts, la nuit cueille à ses lèvres de givre un soupir d'été. L'Illusionniste oublie souvent qu'il existait une vive vie avant l'amorale mort. Il redécouvre ses souvenirs avec elle. A l'impression de souffler une épaisse couche de poussière.

De découvrir un vieux coffre de grenier dans lequel étaient enfermées, scellées, à l'abri des yeux et des oreilles du monde, des images que l'esprit et le temps auraient terni, déformé, floué. Non, les siennes étaient cachées dans des coffres forts inconscients. Sorties de l'obscurité, elles ont gardé tout le vif de leurs premières éclats, toutes leurs couleurs de nuit chaude et d'âme glaciale.

L'Amazone semble intriguée par sa Sire, sirène des eaux noires. Ses questions empruntent des chemins qui convergent vers elle, Vanabelle, guère plus qu'une ombre dans sa tête, mais une ombre à l'éclat de pierre fine, une ombre étrange qui ne rampe pas sur les murs et les sols, mais une ombre d'air. Une présence invisible, immobile et omnisciente.

S'il la trouve égoïste d'approuver les actes de la feue Reine Illusionniste ? Son sourire se drape d'étrangeté, s'échappe, se blottit entre parenthèse.
- Oui.
Répond t-il. Sa voix est si fluide, si fugitive qu'elle se faufile aisément entre le ton de la brimade et celui de la gravité. Impossible d'attacher ses accents à un monde ou l'autre.

Ses doigts se fourvoient dans les sentiers de soleil couchant de sa crinière, distraitement. Au fond de son crâne, dans son monde aux nuances de noir charbon, de gris cendre et de blanc cireux, Vanabelle est là, installée, dans ses robes bigarrées en corolle qui jurent avec le décor. Elle le regarde, silencieuse comme un reflet de miroir, et ...


- Elle sourit, avec son regard d'ange coupable. - Avec ses lèvres à la pulpe de raisin. Et elle attend, quelqu'un, quelque chose ... un moment opportun.

Carigän fixe un point imaginaire de ses grands orbes sans couleur. Lentement, ses iris roulent, se lèvent, viennent tenir la lune en joue. La lune qui hésite à partir se cacher avec le soleil dans le revers du ciel.

- Oui, exceptionnelle Vanabelle, dit-il, d'un timbre sans voix.

Le prénom de sa Sire sonne à sa bouche comme la formule d'un mystère. Comme la clef d'innombrables portes fermées à double tour. Comme des syllabes capables de conquérir le ciel après avoir brûlée vive la terre. Et Carigän se tait un instant.

Ses yeux de flèche empoisonnée abandonnent la voûte, embrassent le visage lisse de l'Amazone et partent livrer la seule attention dont ils sont capables aux chemins qui tortillent en contrebas, aux promenades silencieuses qui accueillent sporadiquement la silhouette d'un garde. Quelque part dans le lointain du labyrinthe qui se dessine au delà des cours et des jardins, un cri qui broie la nuit.

Ses doigts crissent un instant sur la peau de ses hanches, las comme ceux d'un condamné, arrivé à bout de forces, qui se laisse glisser le long d'un mur. Mais son visage ne souffre pas, ses rides ne connaissent pas cette configuration. Un sourire renaît lentement, fataliste, frondeur, opiniâtre, avec un quelque chose d'indocile. Et puis un souffle de gorge qui agit comme un vent démentelant.

Les mémoires de Diane se sont dilluées dans la rumeur de la nuit blanche. Dans l'air, un goût de crépuscule à venir les invite sur le chemin d'une renaissance commune. Une fragrance légère de phoenix qui renaît de ses cendres. Carigän esquisse un sourire carnassier alors qu'elle l'entretient du danger, et se demande quelle est sa définition à elle du Danger.

Sans nul doute n'ont-ils pas la même, mais le constat de leurs nuances n'a de cesse de l'adoucir, réveillant ses instincts aveugles de monstre protecteur. Il respecte son silence alors que flottent dans les airs les échos de ses tourments intérieurs. Son silence, par ailleurs, est déjà une réponse à sa question. Une réponse compliquée, comme tous les silences.

Son corps qui se meut dans la lumière tamisée est peut-être un moyen de se dépêtrer d'interrogations qui pourraient durer éternellement. Carigän ne sait pas. Il se contente de l'observer et d'attraper les instants fragiles de son cou qui s'étire, de son ventre qui se soulève, de ses mèches qui dégringolent comme de gerbe de sang tiède.


La main du Loup s'échoue dans ses reins, puis plus bas encore, ancrant l'union de leurs bassins. Elle le surplombe, et des océans d'ombres argentées viennent ainsi noyer son cou et les angles délicats de sa figure ivoirienne. Lorsque leurs fronts s'accolent, ses paupières à lui se ferment. Afin que tous ses autres sens puissent la respirer.

- Pourquoi n'es-tu pas fière ? Pourquoi n'es-tu pas fière d'avoir été transcendé ? La Bête ... n'est-elle pas ta partie la plus pure, la plus sauvage, la seule qui agisse en toute impunité, sans bride, sans muselière ? La seule qui écrase l'argile des masques, la seule qui brûle les inutiles politesses, et la seule qui s'exprime sans faux détours ? La frénésie. Et le reste ? De la comédie.

Les mots de Diane ressuscitent l'épreuve qu'il lui a fait vivre, bien conscient de toucher la corde raide. Mais Carigän n'est d'aucun remords. Jamais. Et si sur le coup, il le lui a infligé à titre de sentence, peut-être qu'elle pourra apprendre à aimer, ces accès de violence, cette sincérité d'animale, ce refuge sanglant pour les sens en émoi ? Peut-être.

Tu apprendras, et tu verras combien elle est magnifique. Je suis sûr qu'elle deviendra ta meilleure confidente. En tout cas la seule digne de confiance.

Son sourire se lève davantage, mutin, et ses mots en tisonnent les accents de défi. Il noue ses doigts dans ses reins et l'attire contre lui avec une force dormante, une force qui ne recule jamais, aimant son visage au dessus du sien.

- Mais je le suis déjà, ton Menteur, n'aurais-tu pas oublié ? murmure t-il avec une légèreté qui folâtre dans la nuit.

Un silence se délie à ses lèvres alors que sa dernière question retentit dans le monde d'obscurité et de souffle qui sépare leurs corps. Un Infant ? Lui ? Carigän penche la tête de coté, et son front effleure son épaule. Et ses yeux n'ont plus que les étendues blanches de sa peau à perte de vue.

- Oui, bien sûr. Des Infants. Plusieurs fois. Plusieurs années. Tantôt un acte de haine, tantôt un acte d'amour. Tantôt une relation fusionnelle, tantôt une relation destructrice. Mais comme l'amour mène à la haine, les fins en deviennent répétitives. C'est ennuyant.




Oh, qu'il se lasse vite de ces choses là. Quolifichets qui ne l'amusent qu'un temps. Certains visages remontent à la surface, celui d'un homme à la blondeur argentée, celui d'une femme aux longs cheveux noirs. Des infants, bien sûr qu'il en a eu, peut-être même beaucoup. L'étreinte n'est pas une promesse de mentorat, d'apprentissage et de protection. Pas pour lui. Juste l'intensité d'un instant parfait qui ne pouvait souffrir autre dénouement. Juste la passion de la haine et de l'amour recueilli dans un acte extrême. Et le lendemain le dédouanait de toute responsabilité.

- Beaucoup ... *Un murmure qui sourit, qui glisse sur ses lèvres de poète maudit.* ... ne sont plus parmi nous, pauvres hères. Quelqu'uns ... s'amusent à me distraire de là où ils sont.


Distraitement, il observe sa main dont les phalanges roulent, dont les articulations s'emmêlent, ses mains habituées au fracas des os, coutumières de la chair qui explose, si familière de la peau qui cesse de se mouvoir, de la peau qui s'endort, contre terre.
- Je ne suis pas bon Mentor, chuchotte t-il, étrange confidence dénuée d'ironie.
- J'ai horreur de donner sans recevoir. Et je manque de patience. Et mon Sang ... Mon sang. Mon sang est ce qu'est mon sang. *Un instant il la fixe, cherchant une réponse dans ses yeux, cherchant des mots précis.* Döjö me rappelle d'ailleurs souvent l'heure de prendre un héritier ... Pour la ... Lignée. Que cela est ... compliquée.


Quelques unes de ses pensées s'envolent, comme des mauvais génies qui partiraient trouver les Infants survivants. A compter sur les doigts d'une main. A peine. Un léger sursaut de paupières.


- Non, je ne serais pas ton Mentor. Rien que ce mot ... acide à mes oreilles, lancinant dans mes tempes. Je ne veux pas. Je ne peux pas.
Il relève la tête, son cou se délie et ses lèvres viennent chercher le silence des siennes. Un baiser avec une fragrance d'innocence, de pureté, couvant une passion plus profonde que celle qui s'estompent en une nuit.


- Je t'apprendrais et tu m'apprendras. Je te révélerai ton noir, et je veux que tu m'inventes du blanc. Je te guiderais sur des chemins de perdition, je marcherais en avant, mais rammène nous si ... nous partons trop loin.

Diane

La tête perchée sur son épaule, son corps au plus étroitement soudée, Diane s'aventure dans sables mouvants de la Sire de Carigän. L'abordant avec délicatesse et légerté. Il y a chez le Maitre des Loups, un soupire imperceptible lorsqu'il trace les contours de sa Sire. Si elle n'était pas si attentive à ses moindres souffles, peut être ne l'aurait elle pas perçue. Egoiste? Tant pis.

Elle a appris à etre égoiste. Et elle ne peut renier le sentiment de complémentarité lorsqu'elle trouve place entre ses bras. Alors oui. Diane est égoïste. Reconnaissante à la Défunte d'avoir ouvert les ailes funèbres de son amant. N'en éprouve pas la moindre honte.

Carigän la décrit, être immatérielle et pourtant si présente cette nuit. Un ange coupable... Coupable de quoi? C'est une question que la Pirate ne posera pas. Pudeur devant les souvenirs qu'il ouvre à la nuit, leur nuit. Les prunelles ténèbreuses dévient et elle ne tente pas de les retenir, les laissant vagabonder à leurs guises. Ne troublant leur pérégrinations. Vanabelle.

Son prénom ne franchit pas ses lèvres cerises. Ne livrera pas ce nom. Vanabelle. Parce qu'il n'en parle qu'avec parcimonie et qu'une cape semble voiler les songes de Carigän. Parce que pour la première fois depuis qu'ils sont postés à l'angle de cette fenêtre ouverte sur leur immensité, le Prince des Ombres parait s'éloigner. Et cela Diane le refuse.

Alors elle ne le plongera pas plus dans ses méandres noueux. Il y a là des non dits, des chausses trappes qui n'attendent qu'un faux pas. Elle ne le permettra pas. Ses doigts de velours enlacent sa nuque, déposant leurs caresses sur sa peau. Se font mutin dans les langues noires de ses mèches folles. L'Enfantine reprend la parole. Levant le coin d'un passé mystère qui ne l'est pas pour elle.

Tant elle ne voit rien de si étrange ou si particulier au chemin que ses pas ont gravis. Sa question ne saurait être repondu si aisement. Alors elle s'offre le luxe de la réfléxion. Moins pour dissimuler ses pensées que pour choisir les mots les plus justes pour leur rendre justice. Son corps louvoie sur le sien. Se noyant dans l'océan tiede dont il lui fait présent.

Il n'y a pas de rancoeur lorsque la naïade ravive la Frénésie qu'il a provoqué. Elle a dépassé ce stade. Et surtout, elle a appris beaucoup sur elle même lors de cette nuit de souffre et de diable libéré. Et puis... n'avait elle pas mérité cette ordalie pour la profanation dont elle s'est rendue coupable? Ses mains l'attachent à lui. L'assure de son ancrage et son corps s'amenuise contre lui.

-C'est compliqué. Je n'ai pas été élévé dans cette liberté totale de l'être et les actes que j'ai pu commêtre dans cet état sont répréhensibles par tous les standarts qui m'ont été inculqués. Je dois désaprendre. Faire tableau vierge de ce que je croyais savoir des lignes morales. C'est compliqué. Pourtant.. il y a du vrai dans tes mots, Carigän.

-Il ne pouvait y avoir de jugement à porter puisque l'Ordre n'était qu'un faible horizon. Cette violence... Ce massacre, mon Loup, je l'ai encore sur le bout de la langue, je le sens parfois encore battre aux creux de mes lèvres. C'est troublant. Terriblement. Une partie de moi brûle de retrouver ces pages à déchirer quand l'autre n'est que retenue et conscience.

Apprendre... Elle a soif d'apprendre. Soif de découvrir. Soif d'explorer. Ses prunelles longent les angles de son visage. Explorent ces traits qui murmurent l'éternité à son Âme.

-Il me faudra des gardes fous, il me faudra tes mains pour me sauvegarder de mes propres inconsciences. Au risque de me perdre.... Si tu n'es pas là.

Diane connait les aspérités de ses engouements. A conscience qu'elle ne retient rien ou si peu lorsque la déraison sinue dans son coeur. Oui. Elle aura besoin de sa protection pour... pour ne plus risquer de partir en flammes. Pour ne pas devenir un Phoenix trop tot consummé.

-Mon Menteur... pas cette nuit, mon Loup...

Non, ce soir, ils vibrent de sincérité et de partage.

-Carigän... j'ai detesté de toute ma conscience de citadine, de petite flic bien élévé les vies que j'ai décimé, les corps que j'ai arrachés. Pour adorer les sentir plier, casser et se rompre sous mes crocs. Je n'arrive pas à reconcilier les deux.

Se demande si il a offert la nuit éternelle à des mortels durant ces siècles vampiriques. A nouveau... son regard se dérobe. Et cette fois, Diane doit retenir ses mains. Doit les empecher de s'apposer sur ses joues pour le ramener vers elle. Elle ne craint pas ce qui peut se dépeindre dans le miroir de ses yeux. Ne craint pas les révélations qui peuvent y dormir.

Oui... Il lui faut un mentor. Un guide. Il faut que ce soit Lui. Et naturellement, elle s'interroge. Se demande si il a offert la nuit éternelle à des mortels durant ces siècles vampiriques. A nouveau... son regard se dérobe. Et cette fois, Diane doit retenir ses mains. Doit les empecher de s'apposer sur ses joues pour le ramener vers elle. Elle ne craint pas ce qui peut se dépeindre dans le miroir de ses yeux. Ne craint pas les révélations qui peuvent y dormir.

Plusieurs fois... Plusieurs âmes dont il a changé le destin. Il n'a besoin que de quelques sons lapidaires pour tisser le vetement de ses relations. Un murmure.

-Je ne nous menerais pas à la haine.

Créer pour Detruire. Non, elle n'envie pas les Infants qui n'ont pas su se montrer à la hauteur de leur Sire. Exigeant. Impitoyable. Provoquant. Imprévisible Sire. Mais certains ont survécu et cela sont digne d'estime. Car ils doivent être réellement Unique pour avoir été protéger du sort macabre des mains de Carigän. Pas un bon mentor? Peut être. Son absence de patience est une pierre rouge sang. Elle n'en doute pas.

-Je pense que tu peux l'être...

Leurs regards se croisent à nouveau sans qu'elle ne souffle sur la flamme de ses pensées.

-Ton sang est tumultueux. Sans entraves.... Mais je pense que Dojoodorj a raison... tu dois former un successeur... Pas maintenant, pas encore, mais garde le au fond de tes brumes. Il faut un Funéra à la tête des Illusionnistes.

Elle ignore d'où lui vient cette certitude, elle qui n'entend rien à la complexité de son Clan. Mais l'inverse serait impensable. Pourtant, imaginer un autre que Carigän à sa tête est une Hérésie. Au creux de ses mains, Diane se crispe. Lorsqu'il achève son tutorat. Ce n'est pas un rôle qu'elle lui fera endosser de force. Si cette perspective lui est detestable, la sylphide ne le pressera pas. Son baiser. Un baiser de promesse et de fusion. Un baiser de Renaissance et d'avenir.

Les lèvres de la jeune vampire s'ouvrent pour se fondre dans cette communion parfaite. Renouant avec son front d'albatre. Ses prunelles dans les siennes. Avant de sentir s'éveiller en elle une émotion fulgurante qui manque de la foudroyer à ce qu'il désire. Tellement plus intense. Tellement plus profond qu'un rapport de maitre à eleve. Diane soupire au creux de son oreille.

-Je serais ta Flamme et tu sera mon Ombre. Je n'aurais rien à inventer, Carigän. Tu es un puit de lumière qui couve et qui dors. Je le réveillerais...

Diane frissonne à ses dernieres paroles et son étreinte se fait farouche. Protectrice et sauvage. Impériale et tendre.
-Toujours. Je ne nous laisserais pas nous égarer. Je ne te laisserais pas t'égarer. Je te ramenerais à nous. A moi.

- Je veille. Je veillerais. Je t'abriterais de ces mondes engloutis, engloutisseurs. C'est une promesse, mon Loup. Une certitude, mon Roi. A chaque fois qu'il y aura besoin, je serais à tes cotés.

Non.. .elle n'a pas oublié le désert du Gobi. Non. Elle n'a pas oublié l'étrangeté de ses prunelles et l'absence de son esprit. Non. Sans même le connaitre, malgré la violence dont il a fait preuve à son égard quelques heures plutot dans la Forêt, elle avait hais ces Choses qui le retenaient. Elle ne les autoriseront pas à l'emporter. A le perdre. Diane ignore par quel sortilège elle est parvenu à rejoindre le fil tenu de son esprit, à le reconduire jusqu'à eux, mais c'est une magie dont elle n'hésitera pas à se servir.

La tête de l'Amazone dodeline contre l'épaule de Carigän et son corps s'alourdit contre celui de son amant. Le poids de la nuit la réclame. L'astre lunaire qui décline l'emporte avec elle. Du fait de ses quelques jeunes année, Diane ressent avec plus d'acuité sa mort quotidienne. Là où le Prince des Nuages ne ressent qu'un bref appel, elle est presque écrasée.

-Cari... je fatigue...

Carigan

Il l'apprend. Ne peut réfréner un trait d'amusement à son visage alors qu'elle lui dépeint des faiblesses tellement humaines. Alors qu'elle s'écorche encore sur des récifs de moralité et de justice. Oh, beaucoup de ses congénères séculiers paonnent encore dans ces hautes valeurs brandies en étendard. Et si Carigän donne l'illusion de les comprendre, cela est une énième comédie.


Non, il les méprise, tout un chacun, malgré le sourire avenant et les manières de gentilhommes qui empoissent sa nature terriblement sauvage. Non. A ses heures perdues, il est Bestial, n'aspire qu'à ces étendues sauvages et aux massacres qui remplissent ses yeux d'aurores boréales sanguines, qui ressuscite son cadavre en le maculant à la sève des vies fraîchements prises.


Il l'écoute, alors qu'elle lui révèle combien ces secondes d'abandon lui collent encore la peau, combien ces instants de liberté carnassière la taraudent. La petite Louve qui sommeille dans les entrailles profondes de la citadine fait lentement surface, laisse ses empreintes dans la neige de sa peau, glissant des frissons dans son échine.


Elle se fait les griffes, égratigne dans son plaisir innocent les contours de son ancienne vie. Son ancienne vie sans instinct, son ancienne vie pleine de pensées sans racines, pleines de raisonnements sans échos profond. Le Loup ne rétorque pas, laissant sa lente métamorphose s'opérer, laissant la louve découvrir son nouveau territoire sans la guider sur un chemin alors qu'il en existe mille.


Des gardes-fous ? Peut-être. Beaucoup moins qu'elle ne le pense, songe t-il en lui tendant son sourire de prédateur olympien. La nature la plus inhospitalière trempe ses prunelles dans l'acier froid du danger assoupi, anime ses gestes d'une évanescence semblable à la nature qui vit lentement, et qui frappe sans crier gare. Qui frappe et hurle brutalement, cataclysmique.

- C'est une métamorphose lente, très lente, une reptation de tes sens qui apprennent à marcher.
Dit-il à mi-voix, fantôme noir, esprit maléfique. Un sourire presque incrédule, alors qu'elle éloigne la haine d'eux d'un souffle distrait, la haine si inéluctable dans sa vie affûtée d'écueils. Il ne répond pas.

Parce qu'il n'aime pas se projeter dans des demains, ces inconnus dont il ne connait pas même le visage. Ces demains encore si loin qui marchent lentement vers eux, ces demains dangereux armés jusqu'aux dents. Un successeur ? Certes, mais Demain. Son sourire se fâne un instant, pétale asséché par un cycle de soleil accéléré.


Qu'est ce que cela veut dire, un successeur ? Un Successeur pour le jour où il ne trouvera plus le chemin retour de ses labyrinthes embrumées ? Un successeur pour mener l'empire qu'il a relevé à la force de ses bras ? Un successeur pour tout lui prendre ? Un successeur qui le détestera du plus profond de ses entrailles ? Oui. Tout ça.

- Veragän sera mon successeur. J'irais le chercher.


Pas de conviction dans sa voix grave, presque une absurdité qu'il prononce en parfaite connaissance de cause. Non. Il sait bien que Veragän n'est plus à même d'endôsser la moindre responsabilité, mais il se décharge ainsi de ses funestes questionnements en empruntant une insouciance qu'il ne possède pas.

Peut-être sa façon à lui de repousser le sujet à Demain. Fournissant une réponse absurde, une réponse qui distrait, qui surprend quelques secondes, lui laissant le temps de s'échapper. Et il s'échappe. Dans les promesses d'ancrage qu'elle lui dessine de sa voix tranquille. Cela est absurde, l'issue est courrue, mais il a envie d'y croire. Juste cette nuit. Parce que c'est elle, et qu'elle ne peut pas mentir. Qu'elle n'a pas le droit de lui mentir. Pas Elle. Pas à lui. Que les mensonges sont proscrits cette nuit, que seule la vérité à voix au chapitre.

- Je te fais ... confiance.


Sa main vient envelopper sa nuque alors que l'Amazone s'abandonne contre lui. Oui, s'il fait encore noir par delà les monts, il devine les nuances de gris et de bleu pâle en route pour éponger les ténébres gluants de la nocturne. Avec un sourire attendri pour la Flamme qui chancèle, qui faiblit, son emprise redouble et le Loup se relève, le petit corps contre lui.

- Bientôt ... la belle aurore dans son manteau de sang, souffle t-il, amoureux de ses couleurs rubicondes.

Avec la voix sereine de l'Immortel qui attend la brûlure du soleil. De la part de n'importe quel autre vampire, ce serait là promesse de suicide. A ses lèvres, cela sonne bien, cela sonne teinté d'irréalité. Assurant son étreinte sur elle, Carigän se détourne du ciel abîmé, traverse les quartiers de Shazën et emprunte les coursives dédalléennes des quartiers privés.

Un instant, passant d'un bâtiment à l'autre, il enfile une promenade qui serpente entre d'épais bosquets aux verts ombrageux. Assis sur un banc, ses genoux rammené contre lui, le plus jeune des Funéra fixe le ciel de son oeil de rêveur foudroyé en plein songe. Carigän s'arrête juste devant lui, empreint de sa voix la plus douce.

- Petit frère, ne reste pas là. Viens.


Veragän ne bouge. Il y a juste ses orbes pâles qui roulent vers Carigän et Diane, dans une lenteur de vieille machinerie obsolète. Son regard s'attarde sur eux, les transperce, les embroche, les pend au ciel, pourtant le grand Illusionniste demeure face à lui, conserve silence, patiente.


Et Veragän se lève. Sort de son état de prostration ratatinée en dépliant ses pattes d'insectes mal articulées. Il le suit, alors que le Loup retrouve l'englobe de leurs hauts murs. Arrivé à la bifurcation d'un couloir, l'oeil de Veragän effleure la silhouette de Diane, affable comme le couteau qui épluche la pomme, et puis il empreinte tout naturellement l'autre direction.

Le fantôme disparaît dans les obscurités de ses quartiers, sans aucun mot pour eux, sinon le son de son pas atone. Personne ne vit dans cette aile, hormis eux-deux, alors le silence flotte en compagnie des flammes coiffant les flambeaux. Après avoir enfilé quelques escaliers entortillés, Carigän rejoint sa chambre, vaste et éthérenne.


Peuplées de tentures légères et de teintes occitanes, gré et crèmes. Précautionnement, il allonge le corps appesantie de la flamme sur les draps clairs et part fermer les volets des cents fenêtres et baie qui aére sa chambre. L'atmosphère est chargé d'odeurs de libertés, de vent libertaires et de fragrance d'arbres centenaires.

Lorsque l'obscurité recouvre ses droits, une lampe à huile partage amoureusement les mouvances de sa petite flamme ocre. Dans la pénombre, Carigän ôte sa chemise et son pantalon en silence, ne supportant aucune entrave sur son corps à l'heure ou la mort l'enveloppe. L'étoffe des vêtements bruisse contre le dossier d'une chaise. Et puis il vient la rejoindre, glissant sous les draps.

L'attirant étroitement contre son torse, repoussant les couvertures au-dessus de leurs tailles qui s'allient l'une à l'autre. Ses yeux de chat grand ouvert, il l'observe. Il observe ses traits que l'aurore imminente épure, la lavant de toutes ses émotions. Il la regarde mourir, mort douce et bleue.
- A demain... Ma Reine.
Ses lèvres viennent faire leurs adieux d'une journée aux siennes, y distillant des notes tièdes. Quelque part aux cîmes de montagnes, un minuscule rayon d'or perce le monde des ombres.
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