Illusions et Tempêtes
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III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI)

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 III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI) Empty III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI)

Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 10:55

Diane


Carigän ne sera pas du tout content de voir que vous allez aussi mal. pas DU Tout!


Veragän


Ai-je l'air d'aller mal ?


Diane
........
Oui!


Veragän


Nullement ! *Lui tend un sourire emprunt du lointain* Certainement mieux que vous


Diane


Ne dites pas de bêtises, je progresse sous la houlette de votre frère. Mon éternité se déploie, radieuse


Veragän


Peuh ! Elle ne sera radieuse qu'un temps.


Diane


Je n'ai que cela du temps et Carigän... m'apprend. Dans toutes sortes de domaines...




Veragän


*L'attrape par la gorge, ses doigts plantés dans sa gorge. Absence de violence, du mépris parfaitement affable, bienvenu ... civile. Lorsqu'il a des choses à dire, il ne parle pas. Jamais. Son regard exprime juste une envie épurée, douce, de la faire hurler jusqu'à entendre ses entrailles remonter sur sa langue de vipère.*


Diane


Diane frissonne et se cabre. Mais ne se débat pas. Devine que le moindre geste violent conduira le Fils de la nuit égaré à une action qui pourrait lui être dangereuse. Peur? Non. Il ne s'agit plus de peur. D'une compréhension, d une tentative de compréhension de son être. La Flamme évite de l'effleurer. Il n'est pas son frère.


-Veragän... Relâchez moi. Nous avons passé l'heur de ces instants.


Veragän


* La fixe. Avec une envie mielleuse de planter sa main dans son ventre. De fouiller, de labourer, de remuer la terre de sa chair pour y soustraire les graines d'arrogance que la Nuit a semé en Diane Mansiac. Il s'approche d'elle. Avec une lenteur qui ne bruisse aucunement, comme s'il n'était qu'une volute en suspend. Et son souffle froid coule dans son oreille.


-Ces instants qui vous sont comptés. Vous les entendez, qui défilent, lentement ? Tic, tac ... encore un pas de plus vers la Bûcher. Et encore un tic tac ... que vous courrez vite, vers votre perte.




Diane


Le bûcher. Est ce qu'il se souvient ou est ce simplement l'espoir de la sentir se recroqueviller à ses paroles de prophète de l'apocalypse? Le Diable. Tenter le Diable et évoquer ces heures sombres. Non. Même si Veragän ne se souvient de rien, Carigän ne le lui pardonnerait pas. Il le lui ferait payer cher cette mesquinerie.


-Pourtant, vous êtes celui qui me retenez. Celui qui m'empêche de tomber dans l'abîme.


Il s'approche. Trop proche. Il oublie que la Cuivre est une néo-nate. Qu'elle a toujours Faim! Et qu'il y a une folie qui persiste en elle. Une folie qui danse au creux de ses prunelles.


-Soif...


Il est à porté. Vipère, la tête de l'enfant se détend. Et la curiosité de commettre un acte profane. Vipère, ses crocs se plantent dans la gorge offerte de Veragän. Quelle saveur à la folie?


Veragän


*Ce n'est pas une douleur. C'en est un spectre dérangeant. Qui lui fait serrer les crocs et qui contorsionne la fibre de ses muscles en décomposition. Il y a comme un petit bain de chaleur, dans son cou, et il n'aime pas la chaleur.


Il se crispe, un peu. Ses doigts, comme animé du réflexe du nouveau né, lui empoigne les côtes, s'y accroche comme de petits hameçons jusqu'à faire perler un peu de son sang. Il la sent, tendue vers sa gorge, tandis que son sang maléfique suinte de sa peau grisâtre. Comme un poison, acide. Comme une lymphe noirâtre qui a le goût du vide. Il crache un soupir, un sifflement, celui de ses lèvres qui se craquèlent comme une terre brûlée. Tu as soif, Flamme de l'oubli ? Et tu oses t'en prendre aux fantômes, tu oses les arracher à leurs perchoirs d'éther, tu oses les ramener sur terre et attenter à leur sanctuaire, à leur corps qu'ils ont jeté dans l'oubli ? Mon corps ... qui revient. Un corps, étranger et familier, qui me parle.


La sève coule, et elle a un goût étrange. A mi-chemin entre un élixir divin et un infect poison. Le sang des Funéras ... il égare, il perd, il rend fou, il s'insinue dans votre corps et baigne vos cellules, les fait macérer, les fait mijoter. Presque immédiatement, l'horizon s'obscurcit ... totalement. Il n'y a plus ciel ni terre, plus aucune tangente. Le monde n'est plus monde.


Il n'y a que le vide, les ténèbres, et la chute libre. On entend des cris, celui de milliers d'âmes qu'on écartèle lentement, dans lequel se mêle celui de l'Illusionniste, du Fantôme ... non, celui d'un homme. Rien qu'un écho, le battement d'aile d'un corbeau. Quelque chose de sourd l'anime, un sentiment proche de la rébellion et de l'injustice. Elle n'a PAS le droit de le toucher.


Ses doigts se plantent entre ses côtes, grâce à ses ongles habitués à gratter la terre des cimetières, déchirant grossièrement la chair comme des rideaux. Geste nullement contrôlé, ce n'est qu'un corps qui agit, un corps qu'il ne connait pas et dénigre depuis des temps immémoriaux.


Diane


Diane ne réfléchit alors que ses crocs s'enfoncent dans la chair pâlit, flétrie du frère de son mentor. Elle mord Veragän parce qu'elle n'ose percer la peau diaphane de son mentor. Et parce qu'une part d'elle est restée trop longtemps impressionnée par le Fils de la Nuit qui l'a mise en face de ses failles. Alors elle mord. Elle aspire son sang. Il s'arrime à elle, dans un mouvement tellement naturel qu'elle n'essaie pas un soupir de se dégager de lui. Les poinçons de souffrances sont si négligeable face à la Vitae interdite qui afflux à ses lèvres. Il y a des sangs qui ne sont pour personne. Ses premières goûtes sont délivrances, saveurs de fête et d'hydromel avant que le carmin ne monte à son âme.


Diane hurle silencieusement, incapable de se rejeter en arrière. A l'agonie, tant ses sens sont disséminés dans des directions encore inconnues d'elle. Ses mains enlacent la taille de Veragän. Non le mouvement d'une amante, mais d'une petite fille qui se raccroche à un roc. Elle boit. Encore. Toujours plus. La flamme vacille et se cabre de souffrance entre les griffes qui l'écartèlent.


Monstrueuse ironie, le sang qu'elle absorbe cicatrise ses plaies à mesure qu'il les ouvre. Au centre du vide. Un soupçon de quelque chose. Éperdue, la conscience de Diane se dirige vers cette flammèche.


Veragän


*Il cris. Avec la voix d'un enfant qui était innocent. Une voix aiguë qui terrorise et qui fait blêmir d'effroi le monde du vide. Un cri qui ne vient jamais seul, mais qui convoie de concert avec l'horreur, la froideur, qui colporte les frimas d'un hiver macabre. Elle a l'a violé, lui, et son sanctuaire de brumes et de volutes, lui et son corps qui ne devait être qu'un brouillard invulnérable.


Il hurle encore. Tout en continuant son oeuvre, sa mélodie sordide, celle de ses doigts lacérant sans interlude sa peau, forant sa chair, craquant ses os qui se recomposent comme si le temps remontait. Mais il ne se lasse pas. A vrai dire, "il" n'existe plus. N'est plus qu'un instinct aux abois, des pulsions sanguinaires et un sentiment d'injustice qui déchire l'air.


Sa violence intérieure finit par rejaillir, par sourdes par tous les pores de sa peau morte. Il la repousse brutalement et les entraîne à la renverse, s'arrachant de l'emprise de ses crocs. Envers et contre tout, au risque d'y laisser un morceau de sa jugulaire dont il n'a pas même conscience. L'énergie qui lui reste se met à rugir, à jaillir, comme un barrage qui cède.


Il lui lacère le visage frénétiquement, non pas par haine, mais parce qu'il ne veut plus la voir. Pour qu'elle parte. Pour qu'elle disparaisse sous des cascatelles de sang. Il l'écorche, la balafre, la déchire, la meurtrit avec une véhémence aliénée. Une frénésie défensive. Une sauvagerie d'animal enragé. Une perte de contrôle bien plus que total.


Et puis ... il se redresse et se recule d'elle, la laissant là, auréolée d'amarante. Il se recroqueville tant et si bien que ses vertèbres affleurent avec une netteté morbide. Il se compresse les temps, comme s'il les voulait explosées. Autour de lui, il y a tous ces sens qui s'éveillent et qui le malmènent, qui lui criaillent dans les oreilles que le Sang coule.


Une main, froide et pressante se ressert sur son épaule. Il ne relève pas la tête, non. Il n'a pas besoin de ses orbites bleuâtres pour voir Vladis.


- TUEZ LAA ! MASSACREZ LA ! Je VEUX qu'elle disparaisse ! Disparaisse ... Dis .. paraisse ...raisse ...


Diane


Le cri de Veragän résonne en elle. Elle ne veut plus. S'il vous plait. Faite que cela s'arrête. Qu'il se taise. Diane n'arrive pas à rétracter ses crocs, n'arrive pas à s'arracher de lui. Le sang du fantôme les lie et refuse qu'ils se séparent. Ses yeux bleus sont noyés de larmes carmines alors que les vêtements élégants qu'elle porte deviennent un cloaque moite de ses chairs qui s'ouvrent et se Referment. Elle lutte pour ne pas être happée par les âmes qu'elle a réveillé au sein du Néant de Veragän. Sa vitae vénéneuse balaie ses capacités vampiriques, bâillonne son loup, l'empêchant d'agir pour sa sauvegarde. Elle est sans défense. Et bois. Bois. Bois jusqu'à l'écoeurement.


Soudain... délivrance. Elle happe une bouffée d un air dont elle n'a plus besoin. Pour se retrouver bloquer par le corps décharné de l'épouvantail. La force de son age est inamovible. Diane hurle. Hurle en sentant les serres de Veragän s'acharner sur elle. Elle tente de le repousser, de ses bras, de ses poings, de ses pieds. La souffrance la lacère et son visage n'est plus qu'une pulpe sanglante.


Soudain c'est James qui la démolit à coups de battes encore et encore et encore. Elle sanglote, comme elle n'a plus pleurer depuis des années, terrassée par une souffrance qui ne cesse. C'est Sebastian qui s'acharne sur elle à nouveau. Ses plaies sont autant de cauchemars qui la poignardent. C'est Viktor dans la salle du trône qui exige sa mort de la main de Sigvald. Elle s'est brisée les cordes vocales quand les coups cessent de pleuvoir. Recroquevillée sur elle même. Son corps hurle encore même si plus aucun son ne peut en jaillir. Diane ne peut plus effectuer le moindre mouvement, ses mains serrées autour d'elle, dans une étreinte qui ne l'apaise pas.




Veragän


*Recroquevillé. On croirait qu'il ne bougera jamais plus. Qu'il lutte quelque part dans le vaste monde qui sépare ses yeux et ses paupières crispées. Une voix d'outre tombe lui parvient, par petits bouts, entre des envolées de cris épouvantables.*


~ Re...lèv...e toi, fantôme.


- Non, non ... non ... NON ! Non ... Non non non ... Tue là, avale là, fais la disparaître ... Viole là comme elle m’a violé … Massacre là … Qu’il n’en reste rien, il faut souffler toute la cendre qu’elle aura formé … il faudra brûler ces derniers lambeaux de chairs, il ne doit rester, rien, rien rien rien, même pas l’écho de ses cris …
Ses cris … me grignotent le cerveau … Ma mort encéphalique qui souffre mille piétinements … J’ai mal à la tête, Vladis … Explose là, et puis recolle là à l’envers…


*Il ne réfléchit plus. Il déraisonne, cherche à fuir une folie pour une autre. Refuse de prêter oreille aux sensations tiraillées qui ont ébouillantées ses viscères, plus vibrantes que jamais.


Tâche de regarder ailleurs, mais se cogne à des murs, ne retrouvant plus le chemin de l’ailleurs. Répondant à ses palpitations mentales, une horde de spectre naît autour de lui, recueillie autour de sa carcasse profanée. Ils jettent de regards noirs à Diane. Des regards terribles de vide et d’impersonnalités. Puis ils s’approchent avec une lenteur ouateuse, interdite.


Leurs silhouettes flottent avec une raideur qui leur donne l’allure de pendu qui oscillent doucement. La légion spectrale se referme sur Diane, telle une main sombre…*


Diane


Diane se met à genoux, son corps n'est plus qu'un bloc d'effroi. Il est impensable qu'elle songe à se lever. Ses paumes recouvrent son visage détruit, défigurée. L'impact des coups ne devrait pas tarder à disparaître, cependant, cela fait des années qu'elle n'a pas été battue de cette manière. La jeune vampire n'a jamais été plus proche de l'humaine, de l'esclave qu'elle a été il y a moins de quatre ans. Ses lèvres éclatées tentent de prononcer des paroles inarticulées à travers ses dents brisées. Ses cordes vocales ne lui permettent à peine un souffle rauque.


-Sigvald....


Elle ne sait plus, plongée dans les torpeurs de son esprit défait, dans les vapeurs du sang maudit qui court dans ses veines. Humaine. Vampire. L'Angleterre. La russie. Il n'est pas là. Personne n'est là. Seule.


Les spectres s'amassent autour d'elle, alors que la litanie meurtrière de Veragän s'infiltre en elle. Ses promesses de morts, de disparitions, de négations. Petite fille en larme. Même aux plus sombres heures, elle a rarement été avec aussi peu de défenses. Aussi peu de capacité de se relever. Ils l'a touchent. L'enlacent. Suaire sombre et glacé. Emportez là. Loin de cette souffrance. NON!


Sursaut de sa vitalité immortelle. Sursaut de celle qui a rompu la nuque de Domino par possessivité, par jalousie, par amour. Il n'a pas le droit. Veragän n'a pas le droit de clamer sa Mort ultime. Elle redresse la nuque, ses pensées embrumées. Cependant, si elle doit succombée ce sera la nuque droite. La souffrance est un édredon d'échardes et d'épines qui la torture. Diane n'a plus la puissance pour le moindre geste. Offerte à la colère de Veragän Funéra pour sa profanation


Veragän


Fébrile. L'Illusionniste n'est plus qu'un amas d'instincts sanguinaires, lesquels courent son esprit et son corps pareils à des insectes dévoreurs de chair. Ses veines sont vipères. Elles se tortillent à la surface de sa peau comme autant d'asticot trouvé dans le ventre d'un cadavre fraîchement découvert. Ses doigts continuent de presser ses tempes, émettent des craquements sordides.


Quelque part au fond de son ventre, un monstre s'étire, ouvre une gueule béante empuantie par la mort. Ses pulsions de sang le tiraillent. Ses syllabes continuent de grincer à la cursive torturée de ses lèvres. Il leur cris de la massacre, il articule ce mot comme s'il ne connaissait que lui. Il le prononce de manière primitive, comme s'il l'avait dégoisé avant même d'appeler sa mère.


La horde méphitique approche, encercle, se rétracte autour de Diane comme un noeud coulant. Des cadavres dégoulinant de lymphe nauséabonde, de ruisseaux fourmillant d'insectes, de plaies suppurantes et de membres difformes. Veragän cris. Les spectres raillent. A l'instar de hyènes. Veragän se recroqueville toujours plus. Les ignobles se rapprochent, osent, effleurent.


Leurs mains sont familières, grossières et libidineuses. Voraces, ils lui arrachent tous ses vêtements. Jettent les haillons à leurs frères et soeurs laissés à l'écart, qui ne parviennent pas à se frayer route jusqu'à Diane, et qui reniflent les étoffes avec des gargouillis rustiques. Ils l'effleurent, la caressent, la profanent, l'insultent sans même prononcer une parole.


Leurs mains se glissent contre son corps, entre ses jambes, au gré de ses seins. On la retient fermement pendant que les autres explorent. A l'instant où Vladis émerge de la masse, flanqué de ses compagnons dociles ... Une mâchoire fantôme se referme sur la gorge du Soldat Fantôme. Une mâchoire, mâchoire carnassière de loup.


Les fantômes s'indignent et le brouhaha redouble. Une silhouette sombre et longiligne paraît alors, comme sortant d'une bouche obscur du néant que personne n'avait remarqué. Carigän se redresse entre les spectres qui s'escrimaient alors à étouffer la flamme. Il ne sourit pas, et cela est étrange. Ses lèvres serpentines n'ont pas l'habitude de la sobriété. Non.


Son regard est noir d'encre, et ses épaules panachées d'une longue cape se veulent un empire d'immobilité. Ses compagnons, lupus de la brume, jaillissent de toute part et se ruent sur les fantômes. Guérilla irréelle, théâtre de brumes et de volutes, canonnade de cris inarticulés et de hurlement à la lune. Carigän n'a pas de temps à perdre.


Il se retourne vers Diane, verrouille sa main acérée sous son menton et l'oblige à se redresser, brusquement. Pan de chair sanguinolent flottant au bout de sa main.
- Qu'est ce que tu as fait ?!


Ni un cri, ni une interrogation. Juste une volée de mots acerbes alors que derrière lui se dessine le théâtre d'une bataille d'ectoplasmes.




Diane


La Bête de Diane est muselée, enchaînée au fond d'elle par le sang de Veragän. Elle ne lui est aucune aide, alors qu'elle lutte et combat contre les chaînes qui la maintiennent efficacement au coeur de la conscience du jeune vampire. Elle a beau griffé, mordre, déchiqueter, à l'instar de la caïnite, ce n'est qu'un chiot. La Vitae du Fantôme charrie poussières et cauchemars bien qu'un peu de conscience soit revenu à la Flamme. Elle entend la voix apocalyptique qui ne cesse de hurler à sa déchéance. Une partie d'elle est terrifiée, déchirée. L'autre? L'autre refuse de baisser les yeux face à son ancienne némésis. Elle n'a plus la force d'un cri.


-Fais le toi même au lieu d'envoyer tes ombres!


Elle n'est pas sure qu'il puisse encore la comprendre. Cependant l'effroi menace de la plonger complètement dans l'oubli et sa vaine fanfaronnade meurt sur ses lèvres déchiquetées. Les spectres sont froids. Si froid. Elle avait oublié cette sensation. Chaque fois qu'elle tente d'en écarter une, cinq autres s'approprient la douceur de sa peau épargnée par les griffes de Veragän. Son pantalon, sa blouse, ses sous vêtements cèdent en craquement sinistre


-NON!


Ce n'est plus une Fille des ombres qui trouve la force d'un nouveau cri, c'est une femme que l'on assaille de la plus vile des manières. Sous le poids des mains lugubres, elle est repoussée sur le dos. Diane s'était toujours protégé de ces assauts, par une langue tellement insolente qu'elle en devenait venimeuse. Dans cette antichambre infernale, rien ne lui sera épargné.


Elle sent d'autres larmes venir souiller ses joues. Des larmes de sang, de rage et d'impuissance. Elle le hait. Les hait tous! Tous. Ils s'infiltrent en elle, disgracieux, puants, moites. Elle tente de se recroqueviller. De les désarçonner. En vain. Vladis. Non. Pas Vladis. Entre ses mains, il ne restera rien d'elle. Les murmures fantomatiques retentissent derrière elle. Ne les entend pas.


Ne voit pas. Immergée dans un nouveau supplice. Ne perçoit pas la présence de son mentor. Ou trop tard. Diane se retrouve sur ses pieds. Libre de ombres, mais prisonnière de la main de Carigän. Un soulagement intense la réduit à une jeune femme tremblante. Si il la lâche, elle tombe. Les traits de la Liane n'existent plus. Seuls ses yeux océans subsistent du carnage. Sa question. Un ordre.


Elle n'essaie pas de se protéger, ni sa nudité écorchée, ni sa faute. La voix de Carigän semble dissiper les volutes mauvaises du sang de son frère. Elle s'accroche aux prunelles de ténèbres. Elle Avoue.


-Je l'ai mordu.


Carigän


Elle l'a mordu ... Le grand Illusionniste manque de blêmir. Ses doigts, qui cadenassent alors la gorge dénudée, se crispent, crépitent comme des branches jetées aux feux. Sur fonds de hurlées et de rugissements monstrueux, il marque un silence. Un silence corrosif qui révèle l'espace d'une seconde comme l'hiver peut-être cruel, derrière ses sourires renards, dans son coeur inutile.
Il ne dit mot. Tout comme son frère, il n'aime pas les discours lorsque ceux ci seraient indispensables. Sa mâchoire se ressert. Comme celles de ses loups qui claquent dans la brume de la bataille. Une seule envie le pourfend : L'accabler d'un coup supplémentaire. Mais elle est jeune, terriblement faillible, tremblante de toutes ces pulsions débridées qui courent sous sa peau.


Sa peau en lambeau. Les courbes de son corps triturés, lacérés et transpercés. Une vermeille ode au massacre, signature de son petit frère. Carigän la relâche et l'observe tomber à ses pieds.


- Idiote. Idiote. IDIOTE...
Un instant, il s'agenouille et l'attrape par la nuque pour lui faire redresser le chef de la poussière. Les mots qu'il lui susurre sont d'impénétrables syllabes, et les émotions qui y dansent sont méconnus du langage des hommes.


- Tu t'es condamnée à mort. Considère chaque nuit qui te sera octroyée par mes grâces comme un sursit.


Puis il se détourne, jette un regard par delà les brumes pour trouver son petit frère. Silhouette cachectique perdu au milieu du brouillard, animée d'une morbide épilepsie. Les loups glapissent de douleur. L'un d'eux se fait dévorer par trois macchabées qui rient et mangent à la même seconde. Vanabelle lui a toujours dit que Veragän était terriblement dangereux.


Carigän interpelle son frère par son prénom, de sa voix grave et austère. Sa voix, son attitude souveraine, ses grands airs de dominateur, sans doute son illusion la plus efficace. Il continue de s'approcher, hésite, puis se hasarde à poser une main sur l'épaule décharnée. Une main que Veragän manque de lui arracher.


Quand le fantôme sort de son coma, c'est pour sauter à la gorge de Carigän à l'instar d'une bête avide, impitoyable. Bien plus imposant, le grand Illusionniste renverse vite les rôles, clouent son petit frère par terre. Agir. Il l'observe une seule seconde, se débattre avec la puissance d'un dément. Il n'y a rien à faire, rien à raisonner, aucune oreille pour l'écouter et aucun oeil pour le distinguer. Il attrape un débris et bois qui traînassaient, l'enfonce en plein coeur. Le craquement sinistre des côtes qui se brisent monte dans l'air froid. Puis le regard grouillant de Veragän se fige, s'égare, se gorge de vide et des brumes bleuâtres ...


Carigän se redresse sur ses genoux et étreint son frère contre sa poitrine. Un sourire étrange peint ses lèvres sombres.


- Calme toi ... C'est terminé. On rentre. Tu vas te reposer ... Tout va s'arranger, petit frère.


Il lance un regard à Diane.


Toi, tu viens avec Nous.


Diane


Diane n'a plus peur. Du moins, ce n'est plus la même peur. Quoique que Carigän décidera, quelques soient ses futures décisions, elle les acceptera. Volontairement. Cependant la fureur blanche de son mentor est promesse d'heures difficiles. Quelque soit la confiance qu'elle était parvenu à recevoir du Fils des Illusions, elle devine qu'elle vient de la bafouer. Il ne l'oubliera pas. La pression deses doigts sur sa gorge meurtrie par ses cris, elle l'accueille avec grâce. Elle a conscience qu'elle mérite son courroux. L'humaine cède à nouveau la place à la Néo-Nate. Diane a failli. Elle n'ose imaginer le reflet qu'elle doit présenter aux regards méthodiques, courroucés de Carigän. Si seulement, elle parvenait à déchiffrer ses pensées! A savoir quels remout agitent sa surface en apparence si calme! Parle moi! Hurle! Dis quelque chose! Non. Il ne lui fera pas cette clémence. Il ouvre sa paume et la Flamme s'effondre à terre sans grâce. Poupée dont on a coupé les fils. Pourtant, sa fierté est à nouveau présente. Sa malédiction et sa sauvegarde. Elle tente de redresser la tête mais ne parvient pas à en trouver la force.


-Je suis désolée.


Elle n'essaierait pas de se justifier. De s'expliquer. Il ne veut sans doute pas entendre. Pas maintenant. Idiote. Elle peut survivre à une telle injonction. La Fille de la Lune gémit à nouveau lorsqu'il agrippe son cou, forçant son regard dans le sien. Diane ne sait pas. Ne sait pas ce qu'il veut dire. Est ce que Veragän cherchera à l'anéantir ultérieurement et Carigän sera son bouclier, ou bien est ce qu'il n'a pas encore décider ce Qu’il allait advenir d'elle? Incertitude déroutante. Elle n'ose lui demander des précisions. Lorsqu'il se tourne vers son cadet, elle ne peut retenir ses regards. Fascinée. Horrifiée. Fascinée. L'échange entre les deux frères est vif, rude. Splendide. Elle se replace à genoux. Non plus par défi, mais par acceptation de la puissance de Carigän. Veragän est au delà de tout raisonnement. De toutes Paroles consciente. Il n'est plus qu'instinct et réaction. Son aîné n'attendra pas longtemps avant de commettre le geste le plus barbare et le plus miséricordieux dont elle a été témoins. Le bruit du bois s'enfonçant au coeur du Vampire la fait odieusement tressaillir. Le fantôme repose. Inconscient. L'ordre de Carigän claque. La rousse ne tente pas un mot de protestation. Elle ignore qui est ce "nous".


Elle a besoin de sang. La vitae de Veragän ne peut suffire à la porter. Elle a besoin de sang mais s'interdit le moindre murmure en ce sens. Elle ne suppliera pas son Mentor pour cela. Jamais. Elle parvient à se remettre debout. S’aidant de ses coudes et de ses genoux. Ses traits sont presqueremis mais elle continue à perdre des rigoles amarante dont elle ne peut se passer. Sa nudité l'indiffère. Elle ne regarde pas une seule fois les dépouilles de ses vêtements. Les serviteurs de la maison Funéra peuvent bien se repaître de son corps, à l'instant, c est la moindre de ses inquiétudes. Elle parvient à suivre la silhouette du Loup. S'appuyant souvent aux murs pour y parvenir. Diane ne demandera pas d'aide.




Carigän


Le silence. Il n'y a plus que lui.
Le vent nocturne fait vaguement bruisser les frondaisons qui chahutent autour de lui, et les ombres noires évoquent des eaux dormantes. Carigän ferme les yeux une seconde. Lorsqu'il les ouvre à nouveau, le champ de bataille n'est plus. On dirait qu'il n'y a jamais eu que ce silence recueilli, religieux, que tous ces cris n'étaient que folie de son imagination.


Le pieu tombe dans l'humus, imprégné d'un sang noir dans la nuit. Contre lui, on dirait que son frère dort, les yeux entrouverts sur un vide au bleu plombé. Il est calme, silencieux, immobile, poignardé. Carigän refuse de verser dans l'introspection. Aussi courte soit-elle, elle le ferait hurler, elle lui ferait scander des mots qui doivent restés scellés au fond de son ventre.


Veragän tremble à peine, du bout des doigts, des griffes, tétanisés par l'arme. Le grand Illusionniste se relève au milieu du silence, soulève son frère sans effort et cale le visage hypnotique de ce dernier contre sa poitrine, par respect, par pudeur, pour que nul ne le contemple ainsi. Des émotions qui l'impriment rarement, et que Diane ne reverra pas de sitôt. Jamais, se promet t-il.


Elle va payer. Chèrement. Il ignore encore par quel moyen. Mais il fait confiance à ses pulsions pour choisir fléau digne de cette incommensurable vésanie. Il ne lui jette par un seul regard. Son sourire de charognard doit d'abord se recomposer lentement. Ses épaules doivent d'abord retrouver leur flexibilité reptilienne. Son ombre doit redevenir cette marre glissante et insidieuse. Pas maintenant


Carigän retrouve d'un pas imposant le sentier qui le mènera à ses quartiers, dissimulés à couvert de la rocaille. La flamme est sur ses talons, bringue balante, à bout de force, fébrile, mais digne. Elle ne parle pas. Sans doute pour cela qu'elle est encore doué d'un semblant d'éternité.


Le sentier est long, quelques heures se dessinent, mais l'Illusionniste ne ralentit aucunement la cadence. Qu'elle le suive ou qu'elle trépasse. Qu'elle souffre. Qu'elle sente sa bête tiraillée en ses confins. Qu'elle sente la soif et l'obligeance qu'elle lui doit mettre à feu et à sang tout son jardin mental. Qu'elle résiste à l'odieuse tentation. Qu'elle macère dans l'antichambre de l'enfer.


Lui, continue de marcher, tépide. Sa solennité, sa cadence régulière, parfaitement prévisible, se veut une innommable tentation. Le grand Illusionniste est parfaitement conscient de ce qu'il lui impose. Qu'elle ose le doubler, et il la tuera. Qu'elle traîne, il l'oubliera, et les ombres les tueront.


Lorsqu'ils arrivent enfin à la porte du domaine, l'aube paraît, grisonnant le ciel. Des serviteurs les attendent à l'entrée, et il n'y a que la discipline pour réfréner leurs inquiétudes. Arrivé à leur niveau, Carigän cherche des yeux son bras droit, lequel s'approche sans qu'un mot n'ait été échangé.


- Dojoodorj, emmène mon frère aux sous-sols. Dans sa chambre. Enferme-le. Attache-le. Bande lui les yeux. Je m'occuperai du reste.


L'acolyte s'approche, homme massif et bardé de muscles fiables, et emporte le cadavre pantelant de Veragän avec grande précaution. Carigän se retourne vers Diane, l'attrape par les cheveux et la précipite en avant dans le couloir.


- Avance. Nous montons à l'étage. *Puis, avec un regard pour ses condisciples* Hors de ma vue.


Les illusionnistes s'appliquent et disparaissent séance tenante, ne laissant qu'une odeur inhospitalière dans les couloirs désertés. Le regard dur, Carigän se rend compte qu'il ne s'est toujours pas calmé. Il lui faudra un peu de temps. Un tout petit peu de temps.


Diane


Le silence. Le silence qui s'empare d'eux et qui est un baume pour les oreilles écorchées vive de l'Enfant. Elle ne se rendait pas compte à quel point les cris de Veragän étaient insupportable. Elle se tient debout, avec la certitude qu'elle va vaciller. Si elle s'échoue, elle ne se relèvera pas. Alors elle tente de ne pas bouger. D'attendre. Un gémissement qui lui échappe et qu'elle mord.
Trop tard. Ses yeux glissent sur Carigän, puis sur la forme allongée de Veragän. Il parait tellement paisible. Tellement fragile. Elle n'avait jamais voulu provoquer un cataclysme pareil. Ses mains se portent à ses lèvres, dissimulant un regret sincère. Si Il s'en appercoit, il aura l'impression qu'elle profane encore son frère. Diane détourne les yeux. Les baisses au sol. Devinant que son Mentor serait capable de lui arracher les yeux pour avoir osé contempler la vulnérabilité de son frère. Plus grave encore. La sienne. Ou quelque chose qui sinue, qui serpente au delà du visage cynique et maîtrisé qu'il lui offre d'ordinaire.


Elle vacille. Se raccroche à un arbre. Trébuche. Reste debout. Enfin, il se détourne. Tout en lui est une menace raidit qui aimante sa pupille. Il émane de lui une pulsation unique qui interdit à Diane de se détacher de lui. Son charisme, sa présence sévère s'impose à elle aussi pleinement que la violence de son cadet. Cette marche nocturne est un chemin de croix. Une souffrance nouvelle qu'elle redécouvre. Elle n'y arrivera pas. Elle va échouer. Sa soif se fait plus intense, plus vorace. Destructrice. Les pensées de la flammèche se réduisent à une lutte sans merci pour interdire à sa Bête toute manifestations et pour poser un pied devant l'autre. Les cailloux déchirent ses pieds nus, les ronces agrippent ses chairs tendres. De nouvelles meurtrissures se dessinent sur ses flancs que son corps ne peut cicatriser. Plus maintenant. Plus d'une fois, elle ne parvient pas à conserver le rythme démentiel que lui impose Carigän. Devant se hâter pour ne pas perdre de vue la silhouette qui s'éloigne et ces pas précipités sont grincements d'os. Une fois de trop, elle prend du retard. Et c'est une griffe qui balafre son dos, manquant de la jeter à terre avant qu'elle ne puise dans ses dernières réserves pour combler les pas du Maître des Loups.


Soulagement lorsque les pierres du manoir apparaissent enfin. Elle ne cherche pas à masquer sa faiblesse, Diane est oubliée pour l'instant. Elle s'appuie lourdement contre le mur. Ses ongles se déchirant quand elle tente de se maintenir droite. Impossible. On prend soin de Veragän, toute la maisonnée est en attente. Silencieuse. Quand il se retourne, elle tente de se redresser, pour échouer. La torsion sauvage sur sa chevelure maculée de boue et de feuille est presque trop, manquant de lui arracher de nouvelles larmes. Elle heurte durement la paroi avant de gravir les marches, une par une. Sentant les prunelles de Carigän qui brûlent son épiderme. Diane offre des empreintes sanglantes à chaque pas. Ils arrivent à l'étage et elle hésite. Ne sachant pas si il veut se diriger vers son étude ou ses appartements. Elle ne peut pas hésiter trop longtemps. Se tourne vers la lourde porte qui marque la séparation avec ses quartiers privés. Non. Elle finit par s'immobiliser. Refusant de commettre une erreur de plus.


Carigän


Un visage sibérien. Des mots qui lardent l'obscurité telles des flèches aguerries. Des pas qui claquent contre le marbre miroitant avec une effroyable régularité, nul ne reconnaît Carigän. Lui, le serpent, le chimérique, le fallacieux, le captieux et ses milles nuances, réduit à ce monument de glace qui assassinera quiconque le toisera une fraction de seconde de trop.


Devant lui, Diane avance, pantelante. Clairsemant dans son sillage des constellations sanguines. Ses estafilades ne cicatrisent presque plus. Les yeux incisifs du grand Illusionniste semblent jeter du sel à ses plaies vives. Il se repaît littéralement de sa vénusté mutilée, tableau aux gradations de blanc neige et de rouge liqueur.


Il l'observe faire l'ascension des marches, vulnérable comme une petite fille qu'on traîne à la mort. Aucune pitié. Aucun mot ne s'évapore de ses lèvres à l'accoutumée si insidieuses. Il est glacial, les yeux baignés de fantôme et d'une ivre colère jugulée au prix d'un terrible effort. Un effort qui l'emmure en lui-même.


Le port altier, le dos droit comme la justice et les épaules carrées, il monte les dernières marches. Ses bottes de cavalier décrochent du marbre de longs échos impériaux. Petite Diane évolue à contre-courant de son corps aux abois, mais cela l'indiffère toujours davantage. Les torchères palpitent aux murs, renvoient des ombres fantasmagoriques dans les méplats tranchants de son visage.
Lorsque la Flamme s'immobilise à hauteur de ses quartiers, il la heurte d'une obscure oeillade. Et crache son venin.


- Non. Tu avances encore.


L'éreintant chemin perdure le temps d'une interminable minute, jusqu'à ce que se profilent les quartiers de Carigän.


La porte est repoussée à la volée, réveillant toutes les pierres de l'édifice. Le soleil étirera bientôt ses bras par delà les collines, et le grand Illusionniste sait que les minutes lui sont désormais comptées. Que la torpeur les emportera tous les trois. Que c'est une bonne chose. Qu'il aura à s'occuper la nuit suivante. Qu'il n'a jamais accueilli l'aube avec tant de faveurs.


Ses vastes appartements se clivent en plusieurs pièces bien distinctes, dont une petite chambrée rudimentaire qu'il destine à ses proies vigoureuses. Il les a toujours préférés vivantes. Couardes. Accrochées à la vie. Alors ils les parquent dans ce petit huis clos afin d'entamer ses crépuscules par des orgueilleux carnages. Il y traîne Diane.


La rejette violemment sur le lit, demeurant sous le chambranle de l'unique porte. Elle restera là. Tout près de lui. A la merci de ses instincts, de ses colères et de ses idées de semonces. Elle restera là. Fragile humaine amenuisée aux prises de sa Bête.


Elle restera là. Subira. Où ne subira pas. Ne subira pas, aucun apport de sang. La frénésie, terrible frénésie, qui peut se prétendre enfant insolent de l'immortalité sans avoir croqué dans la frénésie ? Carigän l'observe sans piper mot, un long instant, raide, le visage peuplé d'ombres profondes.


- Une nouvelle nuit se profile, dit-il d'une voix basse. Ton calvaire s'arrête ici pour cette nuit. Enfin, il te grignotera peut-être un peu plus de ta raison pendant cette longue torpeur qui s'annonce. Demain sera terrible et éprouvant. Et tu te contrôleras ... Petite Flamme.
Provocation éhontée. Non, elle ne se contrôlera pas.


Diane


Ses jambes tremblent, ne la soutiennent plus. Cependant, elle craint la furie de Carigän si jamais elle fait preuve de la moindre faiblesse. Il est loup. Loup. Carnivore. Il ne lui laissera aucune chance de rédemption. Veragän l'a mise en pièce, cependant, ce n'était une volonté propre de sa part. Une réaction sauvage, instinctive. Lui. Lui ne sera pas si clément. Une phrase qui s'échoue sèchement contre sa conscience. Un regard éperdu dont il ne tient nullement compte. Est ce qu'il la Voit seulement ou n'a plus en face de lui qu'une païenne ayant commis le crime de saborder sa famille? Le temps qui passe, les minutes qui s'échelonnent glisse sur son âme lasse sans qu'elle ne le prenne en compte. Ignorant tout de l'avancée de l'aube. Ne le sent plus. Les appartements de Carigän. Elle s'y rend parfois, jamais sans son invitation. Sanctuaire qu'elle n'oserait violer sans sa permission.


Pour la première fois depuis leur traversée du bois, elle parvient à trouver un soupçon de rébellion. La pièce qui s'ouvre devant ses yeux est cauchemardesque pour une Fille de la Nuit aussi sensible qu'elle l'est dans ces instants.
-Non! Je vous en prie! Non!


Les fragrances de sang, de fureurs, de terreurs sont accrochés aux murs comme des tableaux de maître. Le sol est moucheté de sang séché, les fenêtres closent sur les cauchemars. Sa Bête en renifle les effluves et le contrôle de Diane manque de céder. Elle refuse. Elle REFUSE! Cependant, entre les mains de Carigän, elle a autant de force qu'un chaton et il ne parait rien percevoir de sa réaction. Le lit l'accueille et soudain sa nudité lui fait horreur. Vulnérable. Trop. Elle drape sur ses épaules la méchante couverture de laine, irritant d'avantage encore ses plaies à vif. Dissimulant à peine les courbes de ses seins et le vallon de son ventre. Sa chevelure rousse se détache, lumineuse, sur sa peau bien trop pale. Son visage est de nouveau le sien. A peine. Ses prunelles océanes sont hantées par le supplice qu'il va à a nouveau lui infliger. Diane relève la tête vers lui. Cherche son regard d'Abysse. Il est d'une majesté qui fait la tressaillir. Sa présence envahit la pièce ignoble et l'étouffe presque. Elle ne peut pas rester ici. Sa Bête se déchaînera à l'aube. Ou dès la seconde ou elle faillira. La Frénésie l'emplit de crainte et de terreur. Elle a vu été témoin de celle de Sigvald. En porte encore les cicatrices profondes sur ses poignets. Ne supporte pas la perspective de devenir un Animal sans raison ni contrôle. De perdre si totalement les sens.


Elle quitte le lit, ses yeux immenses sur son visage émacié. Se rapprochant de Carigän sans oser le toucher. Sans oser l'effleurer alors que tout en elle hurle pour la sécurité des bras de celui qui est parfois son amant. Pas naïve à ce point. Il n'a rien à lui offrir ce soir. S’immobilisant à un souffle de lui. Les coups, elle peut supporter. Les paroles incendiaires moins facilement. La Frénésie? Impossible. Elle ignore même comment elle pourrait en sortir. Être rationnelle, calme est une autre forme de torture


-Carigän, j'ai conscience de la faute que j'ai commise. De l'étendue de celle ci et de votre fureur. Je ne pourrais rien contrôler, vous le savez. Je... tout. Tout mais pas cela.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 10:57

Carigän


MessagePosté le: 10/10/2011 18:51:08 Sujet du message: III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI) Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Supprimer ce message Voir l’adresse IP du posteur
Vulnérable. Tellement.

Carigän l’observe, roc intangible érigé au milieu des brumes. Autour de lui dansent main dans la main la fragrance du carnage, l’ombre du crime, l’aura des plus nobles meurtriers. De ceux qui assassinent avec brillance. De ceux qui étranglent, éventrent et défigurent en époussetant leur chemise. De ceux qui font couler le sang dans une coupe de cristal.
Une ombre passe sur son visage. Il a parfaitement entendu les suppliques de la Flamme qui ballote devant lui. Loin d’y être sourd, elles ne font que sublimer la brûlure de sa froideur, la couronne de son indifférence. Elles donnent un goût délectable à son inhumanité. Hier, le grand Illusionniste se serait régalé de telles circonstances.
Cette nuit et plus que jamais, il est clivé. Sa fureur est démesure, architecturale, elle le transfigure, gifle son visage d’une main de givre et édifie son corps en une arrogante citadelle drapée d’étoffes précieuses. Il est colère acide, ire corrosive. Quelque part en lui, le loup se repaît du spectacle de ce qu’il inflige.

Elle est flamme, belle, onduleuse, mais si fébrile dans le creux de sa main. Dans le nid de ses griffes carnassières. Le Monstre ne cille pas, ne sourcille pas. Il la larde de ses yeux de nuits assassines. Péniblement, elle s’enveloppe de cette vieille couverture. Cette vieille laine qui a été le dernier réconfort de bien des cadavres. Dont il a oublié jusqu’aux cris. Elle se rapproche, bringuebalante. Il ne fuit pas l’honneur d’un seul mouvement. Il n’y a que les ombres profondes qui se coulent entre les reliefs de son visage.

- Une … faute ?

Sa voix. Elle n’a plus rien à voir avec ses tirades parfaitement calculées de maître stratège. Non. Elle vibre d’une colère psychotique, instable, aveugle et sourde. Carigän n’a toujours été que l’instrument aiguisé et au combien efficace de ses lubies, de ses pulsions, de ses caprices. L’histoire a toujours dit que la Folie emportera un à un tous les Funéras.

- Tout, mais pas cela ?

Qu’elle la ferme.
Une seconde s’écoule. Durant laquelle il n’est plus qu’un monde de brutalité. Il fait brûler les derniers centimètres qui les séparent, l’empoigne par la mâchoire à en faire saillir ses pommettes, la soulève douloureusement. Un souffle les sépare. Diane est sur la pointe des pieds. L’espace d’un instant, elle peut entrevoir les profondeurs de ses yeux, grands miroirs de la déraison.

- Mais pas cela ? Mais pas cela. Qu’ils sont faciles, aisés, évidents, ces mots. Tout mais pas cela. Ecoutez là donc … Te fait-elle si peur, la Frénésie, Ta Frénésie ? As-tu demandé à mon petit frère malade s’il était prêt à l’affronter ? Oh, bien sûr que non. Tu as obéi diligemment à tes pulsions égoïstes et après toi le déluge. C’est moi, le déluge. Est-ce qu’on demande clémence au déluge ? Non. Non. Non. On subit.

Il l’attrape par les poignets et la plaque, poitrine contre le mur. Demeurant juste derrière elle. De sa main mordante, il agrippe sa crinière flamme, la condamne dans un geste brusque à tordre la nuque en arrière et flanque son visage au coté du sien. Serpent rampant dans les fêlures. Elle ne le voit plus. Il est comme son ombre qui serait levée pour se révolter, pour renverser les rôles, pour la briser.

- J’aurais pu te laisser à l’agonie dans ce charnier, j’aurais pu te laisser faire violée, prendre dans tous les sens par des cadavres sorties des entrailles de la terre. Mes faveurs ? Jamais gratuites. Tu vas le comprendre dans ta chair. Tu vas payer, petite Diane, petite braise, petite égoïste, petite insolence, minuscule flamme de provocation. Personne n’a le droit de s’en prendre à mon petit frère. Personne. Alors une jeune flammèche qui croit détenir la nuit alors qu’elle n’en connaît pas la Bête, une jeune ombre qui me parle de conscience … JAMAIS.

Un cri. Ou plutôt un rugissement. Extirpa à sa gorge profonde et rocailleuse. Dans un élan violent, il la propulse à terre. A ses pieds. Pour lui rappeler ce qu’Elle est, ce qu’il est. Et ce qu’elle a osé faire. Non, Carigän n’est pas seulement un aîné bienveillant. En plus d’avoir chamboulé le temps d’une nuit le monde de son frère dégénéré, elle s’en est prise à lui, l’obligeant à commettre l’innommable.

Enfin, un sourire, mais pas celui de l’ordinaire. Fragile et cassant. Aiguisé, si infime que l’on vient à se demander s’il s’agit bien d’un sourire. Carigän s’assouvit lentement de cette vision, puis s’en va. La porte claque comme à jamais, dans un écho sonore, qui n’en finit pas de rebondir entre les cloisons. La blancheur malsaine des huis inonde Diane d’un silence qui par sa terreur n’a rien à envier à la rage du maître de la maisonnée. Et il durera. Durera. Durera. Jusqu’à ce que Diane oublie que le temps puisse s’écouler. Jusqu’à ce qu’il ne reste qu’elle, et sa Soif.

Carigän verrouille la porte, part se réfugier dans les bras de la Torpeur. La nouvelle nuit sera douce.

Diane


Diane ne bouge plus un muscle. Les cils qui recouvrent ses grands yeux bleus n’osent plus un tressaillement. Tétanisée par le son même de sa voix. Elle a osé parler. Elle a osé rompre le silence qu’elle aurait du conserver. Trop faible pour supporter digne sa punition. Un frisson qui la traverse et manque de la rejeter à terre. Est-ce vraiment sa punition ou bien seulement son introduction? Carigän devant elle est inamovible. Prince du jugement. Sa rage est un tonnerre grondant et sa foudre ne va pas tarder à s’abattre sur elle. La Flamme puise le courage de rencontrer ses prunelles dévoreuses et par la simple force de sa présence, lui interdit de les baisser à nouveau. Les crocs de Diane jaillissent et se rétractent, convulsivement, au gré d’un combat qu’elle est en train de perdre. Derrière le miroir de ses yeux, le Fils de la Nuit peut contempler le sourire malsain de sa Bête qui n’attend qu’un instant de relâchement pour bondir au premier plan. Pailletant son azur d’amarante lugubre.

Le timbre de la voix de son Maître lui donne envie de se recroqueviller, mais elle craint que le moindre mouvement ne déchaîne l’hallali. Car tout l’air crépite autour de la silhouette faussement impassible du Fils des Ténèbres. Il reprend ses paroles et dans sa bouche, deviennent moquerie de ses prétentions. Ses doigts autour de son menton. A briser ses os comme il détruirait un oiseau insolent dans sa gueule carnassière. Cette fois elle tremble, feuille d’automne aux prise avec l’ouragan. Si il referme son poing, elle ne pourrait en cicatriser. Sa vitae se consume dans sa lutte avec son double animal. L’abîme de son regard est un plongeon dans le Styx qui l’aspire.

Juge et bourreau, il assène sa sentence. Frénésie. Frénésie. Frénésie. Tout le corps de Diane se convulse contre lui, ses orteils raclant le sol dans un effort désespéré pour réduire la tension qu’il inflige à un corps qui ne contient plus aucune force. Elle est terrifiée par ce qui va la décimer. Car cette fois, elle comprends que rien ne pourra adoucir Carigän Funéra. Et certainement pas celle qui a violé l’intégrité de son Frère.

Elle se tait. Mords ses mots. Mords ses explications. Il n’y avait pas que sa Faim. Ses rapports avec Veragän sont entachés de tant d’affrontement qu’elle a perdu. Il n’écoutera pas. Ne voit que la conséquence. Le craquement infâme du bois dans les cotes de l’illusionniste. Ses mains autour de ses poignets. Sa gorge arquée sous sa volonté. Trop vite. C’est allé trop vite, elle n’a pas eu le temps de saisir les mouvements de nuit de son Mentor. Subissant. Un instant coincée entre le mur et sa poitrine, la gravité a raison la couverture, lui rendant sa nudité blessée.

Sa puissance masculine. Son visage courroucée qu’elle devine. Présence Charnelle. Pulsion de Désir alors qu’il la maltraite. Diane le hait pour ce qu’il fait naître au creux de son ventre. Diane se hait pour ce qu’il fait naître au creux de son ventre. Il la prendrait sur le champ qu’elle n’aurait aucun instinct de recul. Poupée putain.

Les accents de sa voix entrechoquent ses dernières pensées lucides. Ses sens refluent, lui permettant de penser. Juste un peu. Il faudra qu’elle trouve la ressource pour accepter les heures qui l’attendent. Elle paiera. Qu’elle le veuille ou non, elle paiera. Son silence est prudence. De crainte qu’il lui ouvre la gorge au mot de trop. Non. Il trouverait cela trop doux. Trop rapide. Mais il est impulsif. Il pourrait dans la colère du moment.

Il l’écarte du mur et la rejette au sol. Diane pose ses deux mains au sol. Agenouillée devant lui. Cette fois, ses yeux restent à terre. Si elle se relève, Il l’achève. Curieux. Elle n’avait jamais craint sa Mort Ultime avant cette nuit. En connaissait l’hypothèse mais jouait avec l’illusion qu’elle s’en foutait. FAUX. Tellement faux! De toute manière, elle n’a plus le courage de se redresser. Ne pars pas. Ne me laisse pas seule. Sa silhouette qui tourne les talons. Le claquement de l’huis. Le désert de la pièce qui la submerge. Elle hurle, la nuque renversée vers l’arrière.

CARIGAN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Torpeur qui l’étreint à même le sol. Elle s’effondre, poupée sans vie. Avec la terreur au creux du ventre.

Les rayons du soleil qui s’endort éveillent Diane dans la même position. Ses yeux s’ouvrent. Mouchetées de carmin là où ils devraient l’être d’argent. Elle se roule en boule sur elle-même. Entourant ses genoux de ses bras. Se berçant, tentant de s’apaiser. De se calmer. De se convaincre qu’elle n’a pas si soif. Que ce n’est pas si grave. Que son Mentor va bientôt venir la délivrer. Que…

Ses crocs. Ses aiguilles de nacre qui distendent ses jolies lèvres. Verrouillées sur son visage. Qu’elle ne contrôle plus. Non. Non. Non. Ce n’est rien. Ca arrive. Ses balancements s’intensifient. Ses ongles qui crèvent sa peau, jaillissent. Griffes. NON. NON. NON. Ce n’est rien. Ca arrive. Les muscles de ses épaules qui craquent et déforment la ligne de son dos. NON. NON. NON. Ce n’est rien. Ca arrive.

La néo-nate se redresse. Sa silhouette est déformée. Ses membres sont plus long. Plus massifs. C’est douloureux mais d’une douleur qu’elle perçoit à peine. Se relève. Ses pensées sont de plus en plus floues. De plus en plus lointaines. Et les odeurs. Les odeurs sont magiques ici. Le sang. Il y a eu tellement de sang répandue. Bien sur, il n’y en a plus. Pour s’en assurer, elle renifle. Une fois. Deux fois. Non, plus de sang. Pas de souci. Le bétail finit toujours par venir. C’est immanquable. Elle arpente la petite chambre à grands pas, manquant de se cogner dans les murs. Quand une poche vivante arrivera pour lui ouvrir, elle lui déchiquettera la gorge. Droit sur la carotide. Hummm. Ce sera bon! Tout ce liquide chaud et salé qui viendra la baigner. Diane salive. Abondamment. SANG! FAIM! SOIF! Pourquoi est-ce qu’elle doit arrêter d’y penser déjà? Quelle drôle d’idée. Lutter? Hein? Lutter contre quoi? Son double? Mais son double est un murmure de plaisir. Il lui assure qu’il lui offrira à manger! MANGER!

Sa vision s’étiole pour n’offrir que des teintes en cramoisie. Elle manque de fracasser le lit qui se trouve une fois de trop dans son passage. Diane? Non. Diane se repose! Diane n’est plus qu’une ombre au loin. Un petit point muet dans sa conscience. D’une intelligence animale, elle s’approche de la porte. Donnant un coup de patte dedans. Un sourire plein de dents. Plaisir. Ce n’est que du bois. Elle s’y attaque à pleine griffes, arrachant des lambeaux, sans se soucier des échardes. Si elle sort, elle Tue. Miam!

Carigän


Amoral. Impitoyable. Perverti.

L’inconsistance de Diane est un met exquis à son palais. Sa soumission est une symphonie hypnotique, qui confère à son bourreau toujours plus de souveraineté. Son désarroi est un saphir. Qui resplendit de feux ardents dans les deux néants impénétrables du Roi des Brumes. Son emprise ? Un empire. Le royaume du Pire. Chaque seconde qui vient gémir entre eux est un nouveau plongeon dans ces ombres que le monde entier a toujours fuit. A toutes jambes.

Que ta révolte soit grande, Petite Flamme à l’éclat de soufre. Un soufre de souffrance. Que la géhenne t’engloutisse. Que l’air de la pièce te soit toxique, enfumé de tes passions les plus noires. Les plus inavouables. Que ton corps ne soit plus que tempête. Que l’animal torde ton ventre. Casse tes gonfles. Torture la cursive de tes lèvres et révulse tes yeux de biche accouardie. Que ton confinement devienne un long voyage dans les entrailles chaudes du supplice. Que ton immobilité devienne impossible, fébrile, douloureuse, poignard. Que tes membres tremblent à se briser contre les murs. Que chaque seconde encolère ton Animal. Que la Frénésie t’emplisse, séquestre ton corps et ton esprit. Piaffant ta raison de femme. Passant à tabac toutes ces illusions et valeurs que tu pavanais jusqu’alors en lourds colliers de perles. Ce n’était que du toc. Goûte à l’or pur.

Le Loup se détourne sur la révérence d’un regard. Un regard atroce tant il est imperturbable. Pourvu de pupilles, pénétrantes comme deux lames de sabre. En cet instant plus que tout autre, le doute s’effondre. Il n’existe plus aucun être humain mussé dans l’ombre du Monstre. La porte claque dans son dos puissant dont les muscles roulent doucement alors qu’il s’éloigne. Tranquillement, effroyablement. Quelque part, Diane hurle. Et sa voix de femme-furie clairsème la terreur au delà des cloisons, hante longuement les grands corridors qui veinent la résidence.

Enfin. Alors que son visage n’était qu’écueils et glace, l’ombre d’un sourire éclot. Mais rien qu’une ombre, inquiétante. Pas une raillerie, pas une perfidie, non pas un instant frivole. Une obscurité à part entière qui cisèle plus encore de sa monstruosité.

* * *

La deuxième nuit étire ses longs bras griffus dans le ciel.

Les heures s’écoulent, infinies, pendant que Diane gratte la porte. Comme un petit animal qui fait son terrier. Le temps continue de passer, de rire, de chahuter avec un outrage de légèreté les instincts carnaire de la Furie Rousse. Et la Frénésie redouble. La Frénésie hurle. La Frénésie chante son requiem lugubre avec une patience d’ange sadique. La Frénésie prend pour ne plus jamais rendre. La Frénésie métamorphose les silences en un concert de cris intérieurs.

Le panneau de bois se désintègre lentement sous l’œuvre frénétique de Diane. Lorsqu’elle explose enfin le squelette de la porte, il semble que la suite du grand Illusionniste l’attendait. Et s’ouvre à elle. Vaste comme une steppe à coté de ses quatre murs faméliques, de sa claustration. De longues fenêtres, élégantes comme des courtisanes sont ouvertes sur la nuit et ses parfums de forêts vierges Ouraliennes. Le vent froid soulève avec lenteur les rideaux de dentelles. L’immense pièce est baignée d’un bleu maritime et pastel qui donne l’impression de nager dans les pans d’un songe. Mais la nuit peut-être la plus enchanteresse des vénus, elle n’est rien sans l’œil du poète. La nuit peut-être douce et divine, les animaux chasseront de la même manière, les animaux auront toujours aussi faim, les animaux seront toujours aussi égoïstes.

Un regard d’obsidienne fait l’accueil de Diane. Carigän Funéra est assis dans un fauteuil dont la finition de velours lui donne l’air d’être assis sur une vague de sang. Son costume est impeccable, comme toujours. Une chemise noire, délicatement lacée à sa poitrine et dont le col grandit sa gorge impériale. Ses cheveux de corbeau n’oseraient entamer de trop la pâleur redoutable de son visage. Même ses cernes profondes et les ridules de sa quarantaine semblent obéir à son goût pour la majesté.

Il reçoit Diane d’un silence. Bien sûr. Evidemment. Gage de son ascendant sur Elle. Preuve que ses incontrôlables caprices contrôleront toujours tout. Il la fixe une seconde, puis son regard distrait se désintéresse de l’Amazone assoiffée. Pour toiser l’éclat d’une coupe cristalline qu’il darde devant lui, de sa main désinvolte. Il porte à ses lèvres serpentines le nectar vermeil. Aux saveurs pures, délicates, qui montent dans sa gorge avec une savoureuse paresse. Sans doute puisé à la jugulaire tranchée d’un lumineux cadavre. Un soupir fugace écrase ses lèvres, comme si l’attente avait été un peu longue.

- Maître Funéra ?

Une voix flûtée et naïve. Carigän n’est pas seul. Non. Assis sur ses genoux, un enfant. Une bouille d’ange aux cheveux clairs et aux yeux grands comme des boules de cristal. Sans doute un gamin des rues livré à lui-même qu’il a recueilli quand lui a pris la fantaisie très éphémère de jouer les sauveurs. Une expérience comme une autre qui l’a très vite ennuyé.

Le grand Illusionniste incline légèrement la tête sans perdre de son port altier. Le regard qu’il offre à l’enfant est horrifique de paternalisme et de bienveillance. Une bienveillance qui sonne si juste, qu’il enfile comme un costume taillé sur mesure. L’enfant relève la tête pour croiser les prunelles de l’Invisible Monstre, révélant son cou de lait et l’angle ténu de sa mâchoire inoffensive. La main accorte de Carigän caresse un instant ses cheveux blonds.

- Oui, mon garçon ?
- Qui … Qui est t-elle ? Elle … Elle me fait peur … tremblote t-il en se reculant contre le buste du vampire.
- Non, n’aies pas peur. Tu es vaillant et courageux, n’est-ce pas ? D’ailleurs, que t’ai-je dit ? renchérit-il d’une voix tépide.
- Qu’il ne m’arrivera jamais rien tant que vous serez là … Hésite le petit avant de durcir sa voix.
- C’est bien. Tu es un bon garçon.

Le garçon sourit, confiant et étincelant. Puis le Serpent l’attrape par les aisselles avec douceur pour le hisser sur ses petites jambes. Il pose une main sur sa chétive épaule et souffle quelques mots emprunt d’indulgence à son oreille.

- Vas la voir, elle a un cadeau pour toi … court ! Court, court, court.

Et docile, le gamin s’en va trottinant vers la Chasseresse. Dans l’insouciance la plus totale. Avec un sourire plein de candeur qui restera imprimé à jamais dans les tréfonds de celle qui, à défaut de lui ôter la vie, la lui lacérera, la lui arrachera, la sucera jusqu’à la moelle et la déchirera en lambeaux. Oui. Ce serait divertissant. Carigän se renfrogne dans son assise avec nonchalance, décidé à suivre le spectacle.

Bien sûr que non, cette moitié d’homme ne la contentera pas. Il est trop petit, trop frêle. Trop insignifiant. Elle pourra martyriser sa chair autant que faire se peut, il ne lui offrira tout au mieux que la faible conscience de son acte épouvantable. Une perspective qui fait sourire intérieurement le Diable des Brumes. Piéger l’animal entre sa soif inextinguible et un relent vaporeux de son humanité. La faire souffrir. La faire réceptacle d’émotions incohérentes, qui broieront son cœur. Qui la casseront de toute part. Meurtrissures par lesquelles s’immisceront doucement les doigts de la folie. Ses doigts à lui.

Que cela le rend songeur.

Tu pensais que la Nuit avait fait de toi une élégante créature des Ombres ? Tu ne connaissais encore rien du mot Créature.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 10:58

Diane


Une porte de bois. Une simple porte de bois qui exaspère Diane. Elle ne va pas supporter longtemps cet obstacle ridicule. Elle gronde. Grogne et se débat. Retrouve parfois un bref instant de lucidité et s'assied par terre, se balançant sans grâce. La seconde d'après, elle est de nouveau debout, la bouche déformée par ses crocs. Ses prunelles sont deux billes amarantes d'où l'azur a disparu, envolé. Avalé. Elle lacère les murs à grands coups de griffes dans sa frustration. Ses pensées se réduisent à la satisfaction de besoins vitaux. Manger. Tuer.


La conscience de la jeune vampire n'existe quasiment plus, reléguée, diminuée. Sa démarche est celle d'un prédateur affamé, entre la disgrâce et la souplesse. Parfois pataude. L'odeur de sang dans la chambre est un tourment qui ne fait qu'exciter la bête. Son corps ne possède plus la finesse et l'élégance de la Belle de Nuit. Elle est toute en serres, en canines, en muscles. Faim. Ses yeux luisant se tournent à nouveau vers la porte. Un grondement acéré qui franchit ses babines, son timbre rauque écorchant ses propres oreilles. Elle attaque à nouveau le battant. Sans qu'il ne cède. Chaque minute qui s'écoule renforce l'emprise du Monstre sur l'esprit affûtée de la Flamme. Elle n'est même plus spectatrice. Non, elle se fond dans son double lugubre, ignorant les raisons de sa lutte stupide.


Qui a osé l'enfermer? Elle ne sait plus. Ses ongles raclent le bois. Une fente. Rugissement victorieux. Ça sent bon dedans. La Chose colle sa truffe dans le petit interstice et renifle longuement. Ça sent le chaud. Ça sent le vivant. Ça sent la viande! Une heure? Deux heures depuis que la Flamme est revenue à la nuit? Aucune importance! Ses instincts hurlent que la proie est bientôt là! Elle bave d'envie. Ses mains puissantes s'enfoncent dans l'entaille et tirent. Déchirent. Abîmant un peu le cuir de ses paumes mais cela ne l'arrête guère!


Elle bascule et arrive dans la chambre de l'Alpha cul par dessus tête dans une roulade malhabile alors qu'enfin elle est parvenu à faire éclater la porte. Sa nudité n'existe plus. Elle s'en moque. Elle ne se relève pas et secoue la tête dans tous les sens pour éclaircir sa vision. Grondement qui roule dans sa gorge en voyant l'Autre. Il sent la force. Elle découvre ses crocs, défi impétueux.


Elle se redresse et hume l'air. Ses yeux s'accrochent sur la poche de sang qui repose près de l'Alpha. S’approcher... Danger. Il est trop gros et menaçant. La Bête râle. Faim. Toute la chambre résonne du tambour du sang dans les veines du Petit. Diane se démêle du sentiment de puissance de son double. Non. Non. NON! Elle a soif. Si soif. Il vient vers elle. L'enfant pourrait avoir l'age de son fils si il avait vécu. Elle ne peut rien faire. Rien empêcher. Ne rien retenir alors que l'inconscient s'approche d'elles. D’Elle. Carigän est oublié. N'existe plus. Les bras de la Flamme se referment autour du petit corps si confiant.


-Ca-Deau? Pour-moi?


Le son est guttural. Comme si la parole était un lointain souvenir. L’Alpha lui donne de la nourriture en cadeau. Il prend soin d'elle. La Flamme entend tout. Comprend tout. Sans que cela ait la moindre influence. Elle lèche le cou, le visage de l'enfançon. Enfouissant sa gueule contre lui. Ses bras se referment et dans un craquement lugubre, les cotes de son cadeau cèdent lentement. Une à une. Plop. Plop. Il hurle. Gigote. Appelle et supplie Carigän qui avait promis de le protéger.
Ses canines déchirent la gorge offerte, si vivante, si tiède. Sa gueule s'enfouit dans le liquide et son monde se noie dans des nuances de carmin, délicieuses. Ses griffes entaillent le petit ventre et plonge dans les entrailles brûlantes. Diane se repaît, mange, croque, brise. Et ce qui reste de sa conscience est brûlée vive. Avant de disparaître à nouveau dans la félicité. Elle balance à terre ce qui reste de l'angelot et s'abat sur lui. Aspirant bruyamment ce qui reste de sang en lui. Une bouillie de chair et d'os et c'est presque guillerettement qu'elle prend les os, les ouvre en deux pour atteindre la mœlle si riche. Sa langue se balade sur son visage et ramasse les perles de vie. Elle suce ses doigts jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une tache. Diane penche la tête vers Carigän.


-Encore?


Encore! Il lui en faut plus! Snif. Snif. Il y a encore. Un peu. La main du chef de meute tient dans sa main un parfum qui l'enivre à nouveau. Ho oui! Il y en a d'avantage ici! Cette brève orgie n'a fait qu'asseoir la domination de la Soeur de Folie de Diane sur elle. Elle rase les murs jusqu'à se tenir juste en face de la Présence. Elle VEUT ce qui miroite. Et elle est prête à se battre pour! Qu’importe qu'il soit plus fort! Elle a encore soif! La Diane prend appui sur le sol avec ses jambes et bondit vers le bras de Carigän. Droit sur sa coupe et son contenu.


Carigän


Que le spectacle commence.
Installé au fond du fauteuil, le Monstre s'apprête à savourer la plus douce des comédies musicales. Imperturbable, il toise le monde avec ce fat regard que celui des monarques usurpateurs. Sa désinvolture est bien sûr finement ciselée, polie, raffinée, le fruit mûr d'un long travail de perfectionnement. Il ne ratera rien du massacre. De l'abattoir.


Il en verra chaque goutte de sang, observera la torsion puis le déchirement des chairs, dégustera la vision d'un festival de sang, de tripe. Un carnaval de hurlement. Une liesse d'abondance et de sens en extase. L'enfant a placé une entière confiance en lui. Son pas aérien transpire l'inconscience.


Diane paraît, plongée dans une nudité féroce, déformée par une soif hurleuse. Une soif aux abois qui la domine tout entière. Carigän l'observe enfin. Jusqu'à présent, il n'avait vu qu'un paraître, qu'une vieille mue vantarde dont elle croyait les couleurs chatoyantes. Elle prônait la Nuit comme étant sa mère, mais n'en savait rien. Elle fantasmait une immortalité noire et taciturne. Elle voyait le sang comme un breuvage qui ruisselle discrètement au coin des lèvres. Elle croyait que les vampires étaient façonnés dans l'élégance et la noblesse, mais non. Non. Non. Elle n'était qu'un merveilleux portrait phantasmatique, à la fragile peinture.


Lui ? Il a gratté. Il gratte toujours. Il s'est toujours plus à ouvrir les portes interdites, à faire sauter les frontières, À ôter les masques pour voir ... Son vrai visage. La voilà enfin, déparée de ses sombres dentelles, sa Bête révélée au grand jour, sa voracité toute nue, ses instincts hissés sur le trône. Elle est belle, redoutablement belle. Tellement plus imprévisible, impénétrable, fiévreuse de convoitise. Ce n'est plus une flamme qui ballotte, C’est une coulée de lave qui emprunte tous les chemins de la cruauté possible, qui refusent les compromis. Qui ne se limite pas à la seule atrocité nécessaire à sa survie, non. Ce gamin des rues, elle le tue au moins dix fois. Elle le brise, le massacre, le vide, l'estropie, l'éventre, le disloque, de bien grandes festivités pour un seul cadavre. Pour un seul et si malingre cadavre.


Elle ne fait pas que se repaître, elle ne fait pas que répondre à l'appel sourd de ses besoins archaïques. Elle s'amuse, elle apprend, et puis là voilà qui se lasse de son pantin cassé. Carigän a poussé bien des âmes à la frénésie, pour son bon plaisir, comme un souverain invite ses gladiateurs à s'entretuer pour distraire ses après-midi oisives. Celle de Diane est cruelle, féroce.


Celle de Diane ne se contente pas de faucher la vie. Son regard sylvestre cache un monde sanguin, ses mains fines et si graciles sont le réceptacle de pulsions torrentielles. A la hauteur de la Passion qui gîte en son ventre. Le Diable s'entend penser qu'elle ferait une élève digne. Digne par l'indignité qui la remplit et la déborde à ses heures les plus noires.


Mais il se refuse à réfléchir plus loin. Un pigment de haine l'anime encore. A croire qu'il aime haïr. Qu'il prend un incommensurable plaisir à détester. Qu'il se passionne pour les élans ravageurs de la Vendetta. Bien sûr, son petit frère sera vengé. Jamais elle ne recommencera, ou il la tuera comme on abat un cabot revêche.


Diane se retourne enfin vers lui, sa peau lunaire drapée d'une dentelle amarante. Dégoulinante. Oui, il se plaît à penser qu'il maîtrise absolument tout. Que le monde est sous sa gracieuse égide. Et que s'il la veut, il l'aura. Qu'il peut faire de la vengeance le linceul de toutes ses plaisirs. Un sourire déchire ses lèvres sombres. Ses yeux vivent d'un éclat malfaisant alors qu'elle se rue à sa rencontre, dans un bond de savane. Il la laisse croire qu'elle va s'emparer de l'objet de ses convoitises, mais l'Illusionniste se dérobe au dernier moment, dans une noirâtre nébuleuse. La tirailler, un peu. L'excéder. Faire monter encore plus haut les flammes de l'incendie. Il réapparaît derrière elle immédiatement, comme si sa légèreté n'avait toujours été qu'un piège.


Le piège se referme promptement. Il l'attire brusquement contre lui, plantant une main sous sa gorge. Juste sous la mâchoire, de manière à la verrouiller, la forçant à river ses yeux au plafond. Ainsi, elle le voit presque. De sa deuxième main, il la cadenasse coudes contre corps, l'écrouant d'un seul bras.


Si le Diable est connu pour son impétuosité, il n'est pas un inconséquent. Elle est Frénésie. Jeune, inexpérimentée, fragile comme une feuille sèche sous la botte, mais Frénésie. Il déploie toute son énergie pour la contenir. Sans économie. La forçant à une effroyable immobilité, alors que tout en elle est mouvance.


- Tu as Soif ? Soif ? Terriblement Soif ? Intensément Soif ? Eperduement Soif ?" Murmure t-il d'une voix lente, crissante tant elle vibre d'une feinte indulgence. "Qu'est ce qui me pousserait à te nourrir ? Dis-moi. Tu n'as pas assez d'avoir exterminé un ange qui voletait à ta rencontre ? N'es-tu donc qu'une Bête égoïste, qu'un charognard affamé ? Elle est donc là, Ta Nuit ?


Carigän sait les mots qu'il emploie. Il sait qu'elle l'entend, quelque part. Quelque part derrière son masque de primitif. Il choisit ses propos avec exactitude pour balafrer la Femme qu'elle est. Volontairement, il laisse de longues secondes s'égrainer, jaugeant le Fauve à l'aune de son endurance. Le sang du gamin pourrait lui rendre un accès de conscience. Ou pas.


Diane


Diane ne voit plus qu'une seule chose. Ne se concentre plus que sur un seul élément. Carigän irradie ses quartiers de sa présence, et si elle en ressent la puissance et la maîtrise du maître des lieux, elle ne parvient pas à se contrôler. Le peu de sang qu'elle a tiré de l'enfant alimente le brasier de ses besoins. Ce n'est pas assez. C'est trop peu. Il lui faut d'avantage. Plus. L’Alpha la rend craintive, cependant, à peine une seconde. La coupe accapare à nouveau ses sens en déroute. Cette seconde, c'est celle ou Diane hurle devant ce qu'elle a fait subir à un enfant. Elle a tué, parfois, néanmoins jamais de cette manière. Il s'agit d'un massacre, d'un acte inhumain. Inhumain. La lueur bleuté de ses prunelles s'abîment dans le gouffre du regard de Carigän.


Une supplication muette. Met fin à ce sordide épisode. Aide moi. Je n'y arrive pas. Avant qu'elle ne bascule à nouveau dans la folie bestiale qui est la sienne. Alors, plus rien d'autre ne compte que sa soif inextinguible. Il est juste là. Il se tient immobile et n'attend qu'elle. La Diane n'hésite plus.


Sa cible est d'une clarté lugubre. Du bout des griffes, l'illusion de se planter dans son bras pour mieux agripper le cristal contenant l'ultime nectar. Cri de frustration. Il est passé où, ce pantin! Il est passé où ce danseur impitoyable? Il s'est volatilisé devant ses yeux et la Bête retrouve son équilibre de ballerine de justesse. Ses bras enlaçant le vide alors que ses mâchoires claquent virulemment. Menace et fureur qui l'emportent encore plus loin dans les rivages de l'animalité. Lui. Dans son dos. Elle a été jouée cependant, elle ne possède pas la vivacité suffisante pour s'éloigner à temps.


Sa paume qui soulève son menton d'une main d'acier. Son torse contre son dos. Ses yeux amarante n'ont plus d'échappatoire que les arcanes des poutres qui la surplombent. Alors qu'elle allait ruer furieusement, son autre bras devient étau impitoyable. La maintenant dans une immobilité insoutenable. NON! Cela ne sera pas!


Durant de longues secondes, elle se débat, ondule contre lui, sirène abusive combattant le filet. Une faille. Petite mais que son intelligence matoise explore aussitôt. Ses griffes déchirent les cuisses de Carigän, traçant dix longs sillons sanglant dans ses muscles. Si il fait seulement un pas d'écart, elle est libre.


Il ne recule pas. Statut d'acier. Et l'odeur de la fragrance de l'Alpha emplit la gorge, les naseaux de la Folie Sanglante. Sans qu'elle ne puisse y accéder. Après une lutte interminable, elle cesse. Piégée, elle se doit d'attendre le moment idéal pour reprendre la lutte. Pas maintenant. Même une Bête sauvage acculée sait attendre la distraction du chasseur


La voix du Chef de Meute. Profonde. Qui parvient à déchirer les brumes animales pour la conduire à écouter. Les deux écoutent. L'une entend la promesse de la nourriture quand l'autre ne perçoit que l'humiliation, le jeu dont elle est l'objet. Une seule aura voix. Et encore. A peine un soupçon. Est ce qu'il attend vraiment une réponse? Elle baigne dans le nuage de son charisme, de sa force qu'elle ne peut contestée.


-Eper... Eperdument... Soif.


Son menton est crispé, tendu. Mâchant les mots bien plus qu'elle ne prononce. Cependant, elle doit le convaincre. Il doit accepter. Car cette fois, malgré son absence de réflexion, son absence de pensées réellement cohérente, elle est dans une impasse.


-Je tuerais-Pour-Toi. Qui-tu-veux.


Stupidité dont elle n'a pas conscience. Pourquoi est ce que Carigän aurait besoin qu'elle tue pour lui alors même que sa puissance est tant supérieure à la sienne. L'incohérence ne l'arrête pas une seconde. En cette nuit, Fauve n'a pas de limite. Elle décimerait un village avec sa permission.


Une éclaircie. Un combat effréné que la Flamme ne remporte qu'avec une peine infinie. Le corps de la liane se détend contre celui de Carigän. Ses yeux qu'il aperçoit s'entrouvre de Ciel. Elle se repose contre lui. Cherchant son support, son soutien. Chancelante entre les bras qui deviennent ses gardes fous. Son ton, un désespoir


-Carigän... mettez y fin... J'ignore... comment rompre... emprise... Carigän... aide moi.


Un instant à peine. Une éclaircie. Qui s'achève déjà. Emporte la pupille du Prince de la Nuit dans les ténèbres de son inhumanité. Un grondement vengeur qui ne contient ni pitié ni clémence. Une exigence!


-NOU-RIS-MOI!
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 III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI) Empty Re: III - Veragän et Diane, cavaliers de l'apocalypse (PAS FINI)

Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 10:58

~ Carigän ~

*Un sourire. Qui luit dans l'ombre comme l'éclat d'une lame de rasoir. Le Monstre se veut d'une ignoble roideur alors qu'autour de lui, il n'est plus que le sang et la charpie. Il la voit, cette lueur de tétanie qui brise les iris de Jade l'espace d'un battement de coeur. Il la voit, il l'intercepte et il s'en délecte comme d'un met d'excellence.

L'Infanticide. Douleur qui repeint de lavis hérétiques les yeux de la Mère. Cela ne dure qu'une seconde, mais cela équivaut à un banquet royal à ses papilles de Chasseur. Chasseur ? Non. Impitoyable tortionnaire. Vengeur Passionné. Virtuose de la Vendetta.

Carigän se plairait à savourer les fragrances de crime qui encensent l'air ambiant, fermant les yeux et inspirant l'horreur fleurante, mais il n'en est rien. Aucune distraction ne vient le tirer de sa position supérieure. Il l'aime aussi fébrile entre ses mains. Il aime sentir ses sens aux abois. Il se délecte de cette peau devenue écorce glacée qui trépigne.

Il la maintient fermement, se voulant prison inviolable. Même saillante de frénésie, elle reste un chaton pris dans un piège plusieurs fois centenaire. Et plus elle s'agite, plus son étreinte se resserre, plante carnivore. Ils sont deux Monstres dressés au milieu de vestiges organiques. Une image qui le ravit. Qu'il fera peindre, peut-être. Qui illustre avec une perfection machiavélienne ce lien qui les confond. Diane parle. Ou plutôt, elle se risque à articuler quelques syllabes transies de soif. Il ne bouge pas. Oh, bien sûr, des rivières de sang poissent l'étoffe de son pantalon. Car le petit félin à fait ses griffes dans le vif de ses cuisses. Le son du sang qui goutte lui parvient, mais la douleur est plus lente à cheminer jusqu'à sa conscience.

Il lui fera payer. Peut-être. Si cela en vaut vraiment la peine. Si cela peut excuser l'un de ses accès barbare, si cela peut le rendre encore plus exécrable. Et puis, une étincelle s'allume dans ses orbes de ténèbres. Qu'est ce qu'elle a dit ? Oui. Un soupir de gorge, approbateur.*

- Pour moi ? Oh, tu tuerais pour moi ? Belle Incendiaire ... *distille t-il comme un poison à son oreille.

Son étreinte n'offre aucune embrasure. Aucune fenêtre qui puisse permettre à Fauve de délasser la fibre hurleuse de ses muscles. Des muscles qui se voient parcouru de soubresauts infernaux. Fauve s'impatiente. Fauve est aux prises avec aux prises avec un morceau de femme qui lui réclame de l'aide.

Sa joue râpeuse se colle à la sienne, lisse comme un pétale. Leurs quatres yeux fixent le même point imaginaire. Ses doigts s'accrochent toujours à elle comme dix petits hameçons prêts à déchirer le rideau la satine fine de sa peau.*

- T'aider ? Mais je t'aide déjà, dit-il, criminel de quiétude. Je n'ai jamais fait que t'aider, petite Braise. Regarde, comme je m'occupe bien de toi ... Et de ta Bête. Regarde, comme je la comble, et comme elle en réclame toujours plus. Capricieuse. Impatiente. Avide. Insatiable. Béante ... Tu n'es pas seule. Je te regarde. Je veille à ce que tu fasses bombance, à ce que tu jouisses du sang innocent qui se déverse dans ta gorge. Petite gorge rouge. Pleine de miel acide.

*Sa voix meurt comme une gerbe de sang diluée dans une eau tiède. Puis, il l'entraîne dans la pièce attenante, à pas lent et pondéré, comme un ravisseur détient sa victime. Une nouvelle salle s'ouvre à eux, baignée d'ombres bleuâtres et de peaux suintant la peur. Blotties les unes contre les autres, trois jeunes filles aux regards de biches effarouchées. Jeunes. Très jeunes. Des enfantines qui n'ont sans doute jamais vu le loup. Avec des lèvres dont la pulpe confite chevrote délicieusement.

Elles ne parlent pas non plus. A vrai dire, les trois ingénues se sont épuisées à proférer suppliques éperdues et prières bouleversées. Mais l'espoir est mort au gibet du silence. Elles se sont réfugiées dans des instincts archaïques et ne tentent même pas de fuir. Nues, leurs peaux rosées perlent des étincelles d'iode.

Carigän ne relâche pas pour autant Diane. Bien au contraire. Il la retient comme on réprime une Bête enragée, il l'empêche de plonger tête la première dans l'arène, la confine à attendre, quelques secondes de plus. Avec cruauté. Tandis que l'air devient irréspirable. Tandis que l'atmopshère devient inoxydable.*

- C'est un cadeau, *dit-il, délictueusement, achevant d'user son sang froid.* Un cadeau de mon Monstre à ton Hydre. Un meurtre que je ne commettrais pas, que je partage, dont je te fais offrande. Elles m'étaient destinées. Toutes les trois. Mais tu me ressembles tellement, les dieux ne verront pas la différence.

*Il joue avec sa patience, effrontément. Usant d'une voix qui ruisselle comme du miel dans l'antre enténébrée. Ses lèvres effleurent l'arrière de son crâne, débandade d'automne. Les dernières secondes sont brûlante, soeurs tortionnaires qui s'enfilent sans lassitude. Sa voix continue de broyer le silence au mortier.*

- Massacre.

*Il la relâche. La lâche. La libère. L'aliène.*


~ Diane ~

Diane n'en peut plus. Prisonnière entre ses deux extrèmes, captive entre ses pulsions et sa raison. Raison qui s'effilochent devant la brutalité de ses instincts. Carigän ne la relache pas. L'étau de ses bras la confine à une prison semblable à celle de son esprit. Elle ondule, se débat pour sentir son étreinte se faire Boa Constricteur. S'abandonner serait si simple, si facile.

Mais elle ne parvient pas à sombrer pleinement sous les griffes de Fauve. Sans pouvoir l'empecher d'agir. Impuissance qui alimente sa frustration, sa colère et qui offre encore d'avantage de pouvoir à sa Bête. L'odeur du sang du chef de meute titille ses narines, l'agace et achève de l'apeller à lui. Elle ne peut meme pas lècher ses doigts encroutés de sa vitae!

Sacrilège que de laisser les rigoles amarante se cristaliser dans l'air ambiant. Gachis! Parfum de folie qui la fait ronronner entre les bras de son mentor. elle ne peut pas d'avantage hocher la tête pour un acquiescement hatif. Oui. Oui. Oui. Oui. Je tuerais pour toi! J'ouvrirais ventre et coeur si tel est ton plaisir. Mais libère moi! Ma Soif est si violente qu'elle me fait saliver!

Diane gémit et comprend. Comprend le rôle infame que joue Carigän sur la scène qui se joue. Il alimente les pulsions sauvages de Fauve. Il brasse du charbon pour son feu intérieur. Il se réjouit de cet état. N'en est il pas le créateur? Le maitre d'oeuvre? La Flamme n'a pas le pouvoir de contrecarer ses desseins.

Sa joue contre la sienne. Elle s'immobilise. Son visage est si frais alors qu'elle a l'impression d'être fiévreuse. Dian est écoeurée de ses propres faiblesses. Ne tente pas de se soustraire à sa voix de Démon tentateur. Il ne l'aide pas, il la damne. Est ce l'éternité qu'il exige pour qu'elle trône à ses cotés?

Dans ce cas, le prix est trop élévé. Bien trop. Elle refuse. Mais n'a pas la force d'articuler une protestation. Pas un mot ne peut franchir la barrière close de ses lèvres. l'Infante n'a plus le don de parole. Fauve la musèle avec plaisir. Et si jamais elle provoquait la colère de l'Alpha et qu'il refusait de la nourrir? Non, non, non. Le risque est trop grand!

Fauve devient pretresse, unique maitresse du corps et des pensées de Diane. Une flambée écarlate et neigeuse. Rien d'autre que ses besoins primitifs. Ses yeux sont deux billes rougeoyantes alors que ses crocs sont des promesses de meurtres et supplices pour l'imbécile qui passerait à porté.[
Mais le Chef de Meute a promis. Bombance. Sang innocent. Il a promis pour elle. Elle ne peut pas attendre. La faim lui déchire les entrailles, ses griffes se rétractent pour mieux rejaillir. Enfin il se meut avec la Rousse. Des pas lents et mesurés. Un ballet dont il controle le rythme. Fauve est sage. Fauve sait que le moment est bientot là.

C'est l'odeur qui l'atteind en premier. Elle se frotte contre Carigän à mesure que les effluves vivantes lui parviennent. Les senteurs aphrodisiaques de leur peur, les fragrances d'oceans sur leurs peaux. Il doit savoir. Il sait. Car son étau devient presque blessant tant il est impitoyable. De rage, elle tape du pied. Une fois. deux fois. Trois fois.

Elle ne regarde pas les figures charmantes des fillettes. Ne voit pas leur terreurs, leur grace fragiles. Non. Ce qu'elle percoit, c'est les veines qui pulsent, qui battent sur les gorges terrifiées. C'est le son des respirations qui infuse la pièce de leur murmure. Elles ne plus que des promesses de festins.

Elles sont ravissantes pourtant et Diane frémit. Avant de choisir. Elle peut combattre et offrir à Carigän le plaisir de sa lutte, la satisaction de ses tourments.... ou s'élancer avec le flot et cesser de combattre sa nature bestiale. Elle a accepter qu'elle n'aura pas le dessus. Ni sur son menteur ni sur son Double. Au moins retirer ce délice de la bouche du cainite.

Fauve soupire de bonheur animal en sentant la reddition de sa petite soeur si faible. Il était temps. Surtout qu'elle ne sait pas combien de temp cela va durer. Elle est hypnotisée par les trois jeune femmes. Dansant contre son geolier sans en avoir conscience. Un présent qu'il lui fait. Comme ca. Sans contrepartie. Juste pour qu'elle soit enfin rassasiée.

C'est vrai que les filles sont digne d'un Roi. D'un Empereur. Elle se débat encore plus furieusement en sentant le Betail si proche. Si il ne la relache, elle va finir par se faire mal toute seule à vouloir s'échaper d'un ecrou qu'elle ne peut faire céder. Un baiser arérien. Elle acquièsce.

-Massacre.

Dès que ses bras ouvre leur cage, elle s'élance sur les adolescentes.

Ignorant les regards de supplication. Elle attrape la première par le poignet et lui mord la gorge presque avec délicatesse. Bois une longue, très longue gorgée de sang. Un sourire carmin. Elle la relache. Fauve avait besoin de cet apport pour agir à son caprice. La seconde est une poupée à la blondeur innocente.

Elle lie ses doigts aux siens et la tire de force vers Carigän souverain. L'enfant resiste plus fort mais Fauve n'en a cure. L'articulation du poignet fait un drole de bruit sans que cela l'inquiète. Elle s'immobilise devant son Alpha et agrippe la chevelure doré jusqu'à ce que le coup de la jeune fille soit exposé. Avant de la pousser entre les bras de son Prince.

-Partage.

Elle imite sans en avoir pleine conscience les gestes d'un chat qui présente sa proie. Sans en avoir le mérite puisqu'elle n'a pas réellement chassée. Elle revient sur la première et cette fois, il n'y a plus de fioriture, plus de délicatesse. Fauve s'était retenu aux couts de mille souffrance juste pour son hommage. Maintenant il n'y a plus de raison!

Ses crocs dévastent la gorge de sa proie tandis que ses griffes déchiquettent ses flancs. Elle veut sa mort mais aussi ses cris, prenant un plaisir certain à la saveur unique d'un sang terrorisé. Elle attrape d'un mouvement la troisieme, spéctatrice. la ramenant contre elle. Un baiser à sa bouche. Un baiser de furie, lui arrachant presque les lèvres.

Pourtant elle est conscienceuse. Pas une goute de vitae n'est perdue. Elle ne le permettra pas. Fauve s'assied par terre et joue à la dinette, mais les poupées sont le repas. Son corps nu resplandit dans la toile écarlate. Pour éviter qu'une ne s'échappe, elle l'emprisonne entre ses jambes alors qu'elle procède à la mise à mort.

plongeant ses mains dans la cage thoracique pour saisir à pleine paume le coeur battant. Avant de l'écraser avec un gemissement de volutpé lorsque le muscle se rompt et que les veines crachent leur précieux sésame. Diane était d'accord pour se nourrir. Pas pour "Ca". Mais qu'importe. Le resultat est là, non? Elle repousse le cadavre et fauve joue avec la nouriture, la tête tournée vers Carigän [
alors qu'elle sucotte le cou de la troisieme.
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